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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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à la normande, Henri décide de « fixer » légalement les titres de propriété, en particulier sur la terre. C’est une manière de sortir du chaos de la guerre civile, de mesurer l’étendue des pertes de la couronne dues aux largesses d’Étienne, et d’éviter que des querelles durent des dizaines d’années à propos de la possession de telle ou telle terre par telle ou telle famille. Une procédure, basée sur le témoignage direct, permettant à chacun de faire valider de manière équitable et définitive sa propriété sur un bien, est mise sur pied. Pour établir cette propriété, quatre chevaliers du comté en désignent, sous le contrôle du sheriff, douze qui garantissent par serment qu’une terre appartenait bien à la personne « demanderesse ». Si les douze chevaliers sont unanimes, l’affaire est close et enregistrée. Sinon, une nouvelle commission nommée de la même manière prend l’affaire en main jusqu’à ce qu’un accord se fasse qui reconnaisse officiellement la propriété du bien en question. La méthode est simple et efficace ; un compromis habile entre tradition et droit. Orchestrée par Thomas Becket, cette campagne de légalisation de la propriété terrienne permet de faire redémarrer l’administration de la terre anglaise sur des bases nouvelles, saines et claires. Cela permet aussi – et peut-être est-ce là l’essentiel pour le roi – de définir exactement qui doit quoi en matière d’impôt, et de faire rentrer l’argent sans contestation. L’argent sera pour Henri, peut-être plus que pour tout autre souverain de son temps, l’élément fondamental de son pouvoir, alors que Louis VII, pour ne citer que lui, appuiera le sien sur la force du symbole moral que lui confère l’onction royale. L’argent est au centre du pouvoir Plantagenêt et les territoires anglo-normands – duché de Normandie et Angleterre – seront les principales sources d’approvisionnement financier grâce au système hérité de l’organisation mise en place par le Conquérant et ses fils et qu’Henri rétablit et affine. Les premiers mois de règne des Plantagenêt sont, sur ce point, déterminants et auront une influence certaine sur le développement ultérieur de leur politique.
    Malgré la cérémonie de Wallongford où une grande partie de l’aristocratie anglaise avait prêté serment aux deux jeunes héritiers du trône, personne n’est dupe : le feu couve sous la braise. Les rumeurs de fronde sont tout à fait fondées. Les barons, du moins les plus puissants, ne vont pas laisser rogner leur indépendance. La menace de soulèvement est réelle. Au premier rang des « rebelles » on trouve même des familles qui ont toujours été des soutiens solides et fidèles des Plantagenêt dans leur lutte contre Étienne de Blois, comme les Gloucester. Les terres et les places fortes de Milon de Gloucester et de son fils Roger, comte de Hereford, se situaient entre les Midlands et le pays de Galles depuis toujours hostile à la monarchie anglo-normande. Il s’agit donc de positions stratégiques cruciales pour Henri. Roger de Hereford entre en rébellion ouverte quand le roi décide de réduire les contingents de soldats entretenus par les barons. Le ton monte encore quand le roi menace, dans la mesure où il serait obligé de faire respecter ses décisions par la force, de confisquer les places fortes de Gloucester et Hereford. À ce moment, un autre grand féodal entre dans la danse : Hugues de Mortemer, voisin de Hereford, qui commence à fortifier ses châteaux. Troisième, et non le moindre, des barons à entrer en rébellion, Guillaume d’Aumale, comte de Yorkshire. Ses terres sont proches de l’Écosse dont le roi, Malcolm IV – monté sur le trône en 1153, un an avant Henri –, pourtant apparenté au Plantagenêt par la grand-mère d’Henri, peut à tout moment s’avérer une menace.
    Henri doit agir, et vite, sur trois fronts différents. Il choisit de s’occuper d’abord de Guillaume d’Aumale au nord. C’est très subtilement vu car le comte de Yorkshire est, en quelque sorte, le maillon faible du trio de tête des rebelles. Si, à l’ouest, l’opposition des Gallois est avérée, au nord, celle des Écossais n’est pas certaine. Le père de Malcolm, David, avait soutenu Mathilde lors de la succession d’Henri 1er Beauclerc et les deux cousins, Henri et Malcolm, pourraient parfaitement s’entendre ; dans ce cas, les terres de Guillaume

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