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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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d’expansion du comte de Toulouse. La venue du roi d’Aragon de l’autre côté des Pyrénées avait dynamisé les grands féodaux locaux qui tous avaient à se plaindre de l’hégémonie de la maison de Saint-Gilles. Il ne manquait pas grand-chose pour qu’une coalition se constitue comprenant le puissant vicomte Trencavel de Béziers, également seigneur de Carcassonne et Albi, son frère Bernard-Atton, seigneur de Nîmes, le comte Guillaume de Montpellier et la très belle vicomtesse Ermengarde de Narbonne dont la beauté a inspiré de nombreux troubadours. Contre tous, Raimond de Saint-Gilles ne pouvait rien. Le seul allié qui éventuellement lui restait était son suzerain le roi de France dont il avait épousé la sœur ; or il se trouvait que Raimond était un homme violent qui battait fréquemment sa femme. Cela se savait à la cour de France, et ne plaidait pas en sa faveur. Si l’on ajoute dans la balance la récente entente entre Louis et Henri plus la réconciliation avec les Blois-Champagne, et les moyens en hommes et en argent dont disposaient les souverains anglais, on cherche vainement ce qui pouvait les empêcher de faire tomber le comté de Toulouse dans leur escarcelle. Henri et Aliénor sont tout à fait confiants.
    L’entrevue avec Raymond-Bérenger se passe au mieux ; il accepte de participer à l’entreprise. Pour sceller cette alliance, on se promet de fiancer le jeune prince Richard, âgé d’un an et demi, avec une des filles du prince catalan. Pendant ce temps, Henri et Aliénor ont sans doute envoyé des émissaires à tous les ennemis de Raimond de Saint-Gilles pour sonder leurs intentions. De ce côté-là également, rien à craindre, au contraire même, les Trencavel, Bernard-Atton, Guillaume et autre Ermengarde sont ravis d’entrer dans l’affaire.
    Il suffit un instant de regarder une carte pour s’apercevoir de l’importance stratégique et commerciale du comté de Toulouse qui offre aux Plantagenêt un véritable boulevard vers la Méditerranée en prolongement du nord de l’Aquitaine et du Poitou. D’un point de vue politique, cela étoufferait un peu plus le roi de France en lui faisant perdre une suzeraineté pour laquelle les Capétiens avaient dépensé beaucoup de temps et d’énergie.
    Sur le continent, le roi d’Angleterre est vassal du roi de France. Les usages féodaux veulent qu’il obtienne au mieux l’aval, sinon la neutralité, de son suzerain pour entreprendre la conquête du fief toulousain. Henri et Aliénor sont persuadés qu’il s’agit d’une simple formalité. Louis peut-il leur refuser quelque chose ? Il n’a pas d’armée, peu de moyens… ces derniers mois ont montré combien il était prêt à lâcher du lest pour éviter d’entrer en conflit avec les Plantagenêt. Les souverains anglais pensent peut-être qu’on trouvera une astuce, comme cela avait été le cas avec la nomination d’Henri au titre de sénéchal pour la Bretagne qui lui avait permis d’étendre son pouvoir sur une partie de la péninsule armoricaine. Et puis Louis, en son temps, a également cherché à faire valoir militairement les droits d’Aliénor sur le comté de Toulouse, il aurait mauvaise grâce à s’y opposer !
    Une rencontre a lieu en mars 1159, à Tours, entre le roi de France et le roi d’Angleterre. Simple formalité pense Henri. C’est mal pensé. Louis VII refuse de donner son aval à l’opération. Le roi de France n’a pas d’armée mais il a des principes, en l’occurrence des principes féodaux. Il se montre même d’une grande fermeté. Le comte de Toulouse est son vassal, il lui doit protection. Si les Angevins tentent quoi que ce soit, ils trouveront le roi de France en travers de leur chemin. Henri argumente, développe, tente de convaincre, évite de trop menacer… rien n’y fait ! Louis fait preuve d’une inattendue force de caractère. Henri est sans doute étonné, peut-être y voit-il une obstination de faible qui ne pourra pas durer… Les deux hommes se séparent sans que Louis ait infléchi sa position.
    Henri et Aliénor décident de passer outre la mise en garde du Capétien. Le 22 mars, le roi d’Angleterre décrète la convocation générale de l’ensemble de l’ost de tous ses États. Les souverains anglais ont décidé de mettre sur pied une opération impressionnante. Ils veulent montrer leur force. Il faut agir militairement comme ils avaient agi diplomatiquement lors de l’ambassade conduite par

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