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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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Thomas Becket : étaler sa puissance… peut-être pour ne pas avoir à s’en servir. Comme toujours, le nerf de la guerre, c’est l’argent. En l’occurrence, cet argent doit servir à engager une armée de mercenaires, que l’on appelait Brabançons, ou Navarrais, ou Basques, non à cause de leur origine mais parce qu’ils parlaient une langue étrangère. Ils ont l’avantage d’être des hommes entraînés, redoutables, et qui ne sont pas susceptibles de quitter l’ost une fois leur quarante jours de service armé accompli.
    En Angleterre, c’est Thomas Becket qui se charge de collecter l’argent. Depuis Henri 1er, un système a été mis au point qui résultait de l’accroissement du nombre de terres détenues par des institutions ecclésiastiques. Les religieux étaient assujettis à des tenures militaires liées à ces possessions mais ils ne pouvaient à l’évidence pas satisfaire à ce servitium debitum du fait de leur vocation. À la place il avait été décrété que le roi pourrait lever sur ces fiefs ecclésiastiques une taxe – un écuage – dont le montant variait selon les circonstances. Pour la campagne de Toulouse, Henri et Aliénor lèvent une taxe de deux marcs par fief de chevalier, somme très importante pour l’époque. Le chancelier d’Angleterre s’acquitte de sa tâche avec compétence et récolte les fonds avec une rigueur dont l’Église d’Angleterre fait les frais, ce qui provoque un grand mécontentement parmi les prélats. La situation est assez paradoxale quand on sait que, quelques années plus tard, Thomas, devenu archevêque, servira la cause de l’Église, opposée au roi, avec la même discipline et la même rigueur. Il est le meilleur et le plus zélé serviteur de la cause qu’il défend, et il le fait sans états d’âme.
    Au début de l’année 1159, la levée de fonds pour la conquête du comté de Toulouse démontre à la fois l’efficacité du chancelier et aussi la richesse d’un pays maintenant pacifié et parfaitement administré. S’ils en avaient besoin, Henri et Aliénor pourraient une fois de plus se réjouir devant cette démonstration éclatante de leur réussite. L’Angleterre n’est pas seule à payer, tous les États du couple participent aux préparatifs. Les comptes nous sont parvenus pour la Normandie où l’on sait qu’Henri a fait lever soixante sous angevins par fief de haubert et plus lourdement encore lorsqu’il s’agit de ses propres domaines. Le chroniqueur Gervais de Canterbury estime à 180 000 livres la somme des fonds récoltés en à peine quelques semaines. Le chiffre est énorme et étonne encore les historiens, mais il est impossible à vérifier.
    Les souverains anglais ont convoqué l’ost pour le 24 juin à Poitiers, à l’occasion de la Saint-Jean. Auparavant, on trouve la trace d’Henri au Bec-Hellouin en Normandie où il tient sa cour au mois de mai ; aucune mention de la présence d’Aliénor, peut-être est-elle restée en Aquitaine ou à Poitiers, organisant de son côté la participation de ses vassaux à l’opération.
    Henri et Louis VII se rencontrent à nouveau au début du mois de juin en territoire normand, à Heudicourt. Les nouvelles des préparatifs des Plantagenêt sont bien évidemment parvenues à Paris. Le roi de France sait que la fermeté dont il avait fait preuve à Tours, en mars, n’a pas impressionné son rival, ou du moins ne l’a pas dissuadé de préparer son offensive. Henri, de son côté, espère que sa détermination aura fait réfléchir le Capétien et qu’il s’inclinera devant la manifestation de puissance annoncée. À nouveau, Henri se trompe. La détermination du roi de France n’a pas fléchi, au contraire même, il est encore plus déterminé à garantir la sécurité du comte de Toulouse. Sa position est toujours la même : Raimond de Saint-Gilles est son vassal, et lui-même, Louis, est garant de la paix du royaume, cette pax regis dont il a fait la colonne vertébrale de sa politique. Même s’il n’aime pas ce comte de Toulouse qui violente sa sœur et maltraite ses vassaux, il ne se déjugera pas. À cet instant, le Plantagenêt n’est pas le roi d’Angleterre, il est duc de Normandie et d’Aquitaine, comte d’Anjou, du Maine et de Poitou, et à ce titre vassal du roi de France à qui il a fait hommage de ses terres sur le continent. Louis parle en tant que son suzerain et lui interdit toute action contre Toulouse. Si Henri lance son

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