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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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succès en Angleterre et en Normandie. Le deuxième sujet, de loin le plus important, est la reprise des revendications d’Aliénor sur le comté de Toulouse ; ce sera la grosse affaire de cette année 1159 qui débute. Le troisième sujet est d’une importance non négligeable en ce sens qu’il va marquer toute la politique internationale de l’Europe occidentale pendant vingt-cinq ans : il s’agit de l’élection d’un nouveau pape, Alexandre III, dans des conditions assez mouvementées.
    Le 1er septembre 1159, le pape Adrien IV meurt brusquement des suites d’une piqûre d’insecte à Anagni, au sud de Rome, où il séjournait en raison des troubles qui agitaient à nouveau la Ville éternelle. Son pontificat avait duré à peine cinq ans, marqués par une opposition croissante entre le Saint-Siège et l’empire de Frédéric Barberousse ; cela bien évidemment pour des histoires de pouvoir : qui avait la primauté du pape ou de l’empereur – l’un considérant qu’il sacrait l’empereur et que c’était donc de lui qu’il tenait son pouvoir, l’autre estimant qu’il tenait son pouvoir de Dieu et que le pape ne faisait qu’« entériner » ce pouvoir au moment du sacre ; le problème était de fond et existait depuis la création du Saint-Empire – qui détenait le pouvoir temporel sur la ville de Rome… le tout sur fond de politique italienne très troublée : le sud de la péninsule appartenait aux rois normands de Sicile, le nord était revendiqué comme « terre d’Empire » par Frédéric avec de grandes villes commerçantes qui, de leur côté, revendiquaient leur autonomie, et au milieu Rome et sa région, patrimoine de Saint-Pierre. Dernier point décisif du pontificat d’Adrien IV : le pape avait initié un reversement d’alliance important, se rapprochant des Normands du Sud – qui jusque-là étaient plutôt considérés comme des ennemis de la papauté – au détriment de l’Empire, ce qui eut entre autres pour conséquence la cohabitation au sein des cardinaux d’un parti « sicilien » et d’un parti des « Impériaux ». Ces deux partis vont en toute logique s’affronter pendant l’élection du nouveau pape.
    Chacun des partis a son chef. Pour les Siciliens, il s’agit de Rolando Bandinelli, un des principaux conseillers – sinon le principal – du pape défunt, cardinal-prêtre au titre de Saint-Marc. Pour les Impériaux, c’est Ottaviano de Monticello, cardinal-prêtre de Sainte-Cécile. Le premier point de friction, dès la mort d’Adrien, est le lieu de sépulture du pape. Théoriquement il doit être enterré à Rome mais d’un côté la ville n’est pas sûre et, de l’autre, les Impériaux y ont des partisans efficaces ; surtout la tradition veut que le conclave qui se réunit pour élire un nouveau pape se déroule là où le précédent est enterré. Les Siciliens veulent que tout ait lieu à Anagni, les Impériaux à Rome. On négocie. Chacun des camps se méfie de l’autre, persuadé qu’il va tenter une manœuvre pour passer en force et pour faire élire son candidat. Finalement, Bandinelli obtient les garanties qu’il souhaite et accepte le retour de la dépouille papale dans la Ville éternelle. Au cours des tractations, à l’instigation des Impériaux, les deux camps conviennent de revenir à une tradition remontant au VIe siècle, décidant que le pape sera choisi parmi les cardinaux et que l’élection se fera à l’unanimité.
    Adrien IV à peine enterré, le conclave se réunit le 7 septembre, dans la basilique Saint-Pierre. L’ambiance est tendue. En ville, les partisans et les espions de Frédéric Barberousse, bien décidé à peser de tout son poids sur l’élection, s’agitent. À l’intérieur de la basilique, les choses se passent dans une certaine confusion. Les cardinaux ne se réunissent pas seuls ; sénateurs romains, prêtres, membres du clergé s’entassent dans l’édifice.
    Les débats vont durer trois jours. Les cardinaux votent plusieurs fois sans jamais obtenir l’unanimité : vingt voix se portent sur Bandinelli, neuf sur Monticello. Au troisième jour, il faut bien reconnaître que l’on est dans une impasse. Les Impériaux laissent traîner les choses et jouent la montre, persuadés que le conclave se lassera des votes à répétition et qu’une unanimité finira par se faire sur leur candidat. Les Siciliens ont compris la manœuvre. Considérant qu’ils disposent d’une large

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