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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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rien n’empêchera leurs propres vassaux d’en faire autant. C’est la cohésion même de leur empire qui risquerait d’être menacée. Louis VII a remarquablement joué la partie. La seule erreur qu’ils ont commise est d’avoir sous-estimé la détermination du roi de France. Les hésitations d’Henri à la suite des deux entrevues avec Louis étaient bonnes conseillères ; si le Plantagenêt avait compris que son rival irait au bout de ses intentions, il aurait très probablement renoncé. Car ni Henri ni Aliénor n’étaient prêts à se mettre hors la loi féodale.
    Furieux d’avoir dû céder, Henri se réfugie dans l’action. Pour faire diversion, Robert de Dreux, le frère du roi de France, et l’évêque de Beauvais ont lancé pendant l’été une opération militaire sur la frontière normande. De Toulouse, Henri avait rapidement envoyé son nouvel allié, Thibaud de Blois, défendre la frontière de son duché. Depuis, faisant preuve de loyauté envers le Plantagenêt, le comte de Blois « tenait » mais commençait à connaître des difficultés ; il était temps de lui porter secours.
    Une partie de l’armée des souverains anglais est dissoute, d’abord parce que les hommes astreints à un service de quarante jours ont terminé leur temps, et ensuite parce qu’Henri rompt le contrat qu’il avait passé avec des compagnies de mercenaires. Malcolm d’Écosse et tous les grands vassaux retournent chez eux, ne restent autour d’Henri que le connétable Henri d’Essex et Thomas Becket. Le chancelier est chargé de sécuriser les terres dont les Plantagenêt se sont emparées dans le Quercy et de fortifier la ville de Cahors. C’est enfin l’occasion pour Thomas de s’éprouver à l’art militaire. Il conserve les troupes qu’il avait amenées d’Angleterre auxquelles il ajoute mille deux cents chevaliers et quatre mille hommes à pied qu’il rémunère sur ses propres deniers. Nous savons, par Guillaume Fils Etienne, que « chevaliers et troupe d’élite reçurent chaque jour trois sous pour la remonte et l’entretien des hommes d’armes ». Le chroniqueur nous dépeint un chancelier qui « revêtu de son heaume et sa cotte de mailles, combattant avec bravoure, à la tête des siens, enleva trois places fortes réputées inexpugnables. Puis il traversa la Garonne, poursuivit les ennemis et affermit dans toute la région l’autorité de son maître qui lui témoigna ses bonnes grâces et le combla des plus grands honneurs », et qui n’hésitait pas à se battre lui-même : « Tout clerc qu’il était, il se mesura en combat singulier, lance baissée et éperons aux flancs de son cheval, avec Enguerrand de Trie, un vaillant chevalier français. Il le désarçonna et ramena en triomphe son destrier. »
    Malgré le zèle déployé par le chancelier, tout cela n’est que combat d’arrière-garde, et ce que fait Thomas ressemble plus à une opération de police qu’à la belle campagne militaire dont il avait rêvé. Après la reculade du roi d’Angleterre, on peut craindre des rébellions de vassaux du Sud-Ouest, toujours prêts à en découdre et à profiter d’un moment de faiblesse, réel ou supposé, de leur suzerain. La présence de Thomas s’explique surtout par cela. De même on peut imaginer – nous n’avons aucune trace de sa présence aux côtés de son mari au début de l’automne 1159 – qu’Aliénor est restée dans ses terres d’Aquitaine et de Poitou afin de prévenir tout risque de soulèvement.
    Henri, lui, remonte vers le nord. Après une courte halte à Limoges, il fonce vers la Normandie. Il n’a qu’une seule envie : en découdre avec le frère de Louis VII. Car si l’on pouvait considérer que l’Angevin était dans son tort en assiégeant une ville où se trouvait son roi, rien ne justifie l’attaque vers la Normandie ; c’est Louis qui a délibérément rompu les trêves signées l’année précédente. Fin septembre, Henri est à Étrepagny où il fait reconstruire la forteresse détruite quelques années plus tôt par le roi de France, et qui fait face au château de Gisors. Il dévaste le Beauvaisis, et détruit la forteresse de Gerberoy. Un vassal du roi de France, Simon de Montfort, est aussi vassal d’Henri en tant que comte d’Évreux ; le Plantagenêt l’oblige – ou était-ce une trahison ? – à lui livrer trois places fortes au cœur même du domaine capétien : Rochefort, Montfort-l’Amaury et Épemon

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