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Aliénor d'Aquitaine

Aliénor d'Aquitaine

Titel: Aliénor d'Aquitaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ralph V. Turner
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monarques. Aucun contemporain d’Aliénor n’a laissé ce qui pourrait s’approcher d’une biographie à son sujet, car les seules femmes susceptibles d’intéresser les biographes au Moyen Âge étaient des saintes ou des aspirantes à la sainteté. À l’exception de la vie des saints, la biographie n’était pas un genre littéraire commun à cette époque. Lorsqu’ils décrivaient la vie de personnages séculiers, les auteurs médiévaux se souciaient peu de l’expression de la personnalité ; ils étaient peu enclins à sonder la vie intérieure de leur sujet, à la recherche de leurs motivations ou d’un sentiment d’individualité. La perception que l’on a aujourd’hui des individus qui s’efforcent d’exprimer leur moi unique leur était étrangère. Liés par les règles de conduite de l’Église qu’ils acceptaient, les auteurs médiévaux cherchaient à définir la place de l’individu au sein de la communauté chrétienne III . Ils se préoccupaient davantage de la conformité de leur sujet aux canons en vigueur et de leur utilité en tant que modèle de conduite pour les chrétiens, ou au contraire comme personnification des dangers qu’il y avait à ne pas se conformer aux préceptes de l’Église. Les quelques biographies de reines écrites avant l’époque d’Aliénor qui subsistent associaient leur sujet aux vertus féminines conventionnelles, à leurs devoirs en tant qu’épouse et mère, et « passaient rapidement sur les manœuvres politiques menaçantes et peu élégantes de leurs héroïnes IV  ». Lorsque les auteurs du xii e  siècle se tournèrent vers Aliénor, ils ne surent que faire de sa réticence à suivre la ligne de conduite qui seyait aux grandes dames.
    En l’absence d’écrits sur Aliénor d’Aquitaine datant de son propre temps, ses biographes actuels doivent recourir à d’autres travaux historiques réalisés par ses contemporains, notamment les chroniques latines, afin de reconstruire sa vie. Ces textes dérivaient d’annales antérieures conservées par les monastères, limitées pour ainsi dire à une liste des événements clés de chaque année, et perpétuaient ainsi cette structure chronologique rigide. Même si les auteurs médiévaux des chroniques s’efforçaient de relater un récit, leurs narrations décousues donnent l’impression que pour eux l’histoire était « juste un fait après l’autre », souvent littéralement une année après l’autre V . Essayerde glaner des témoignages dans ces documents du xii e  siècle n’est pas chose aisée, car leurs auteurs étaient des ecclésiastiques, principalement des moines, avec tous les partis pris propres aux hommes d’Église. Seul le sort des papes et des prélats, des rois et des princes, les préoccupait, et ils remarquaient la présence d’Aliénor « à peine du coin de l’œil tandis qu’ils traquaient les plus gros gibiers VI  ». De fait, les chroniqueurs français écrivant sous le patronage royal après le divorce d’Aliénor rapportent étonnamment peu de choses sur ses années en tant que reine de France. Sa réputation était si flétrie qu’ils tentèrent de la supprimer de leurs récits VII . Les chroniques qui subsistent du propre duché d’Aliénor, quant à elles, sont très rares et sont pour la plupart de simples annales. Celles qui sont contemporaines de sa vie s’intéressaient essentiellement aux événements relatifs aux grands monastères tels que l’abbaye Saint-Martial à Limoges, où se maintenait une forte tradition de chroniques. Saint-Martial abritait deux auteurs dont les écrits constituent les sources narratives les plus complètes pour l’Aquitaine du xii e  siècle : les moinesGeoffroy de Vigeois († 1185) et Bernard Itier († 1225). Un troisième auteur important pour la région se nommaitRichard le Poitevin ; sa chronique survit sous différentes versions, qui ne sont sans doute pas toutes du même auteur.
    Les chroniques les plus consultées par les spécialistes d’Aliénor sont l’œuvre d’un groupe d’auteurs anglais qui étaient bien informés sur la cour Plantagenêt et qui écrivirent durant les dernières années où elle était reine, épouse d’Henri, puis reine mère. Ces documents, qui couvrent une période allant du dernier quart du xii e  siècle à la première décennie du xiii e  siècle, représentent une sorte d’âge d’or médiéval de l’écriture historique VIII . Les auteurs qui

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