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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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à l’ermite que, pour lui, rien n’est plus beau, plus noble, plus désirable, que Guenièvre. Quel aveu   !… Cela sous-tend que le but de sa longue et pénible quête n’est pas le Saint Graal, mais la femme-solaire représentée par Guenièvre.
    Au reste, au cours de ses innombrables aventures, Lancelot affirme sans cesse que toute sa valeur, il la doit à Guenièvre. C’est elle qui lui donne la puissance d’agir   ; privé du regard de celle qu’il aime, il n’est plus rien, il n’est plus capable d’accomplir les exploits qui font de lui le meilleur chevalier du monde. C’est là que se justifie la référence au symbolisme luni-solaire. Dans la tradition celtique, le soleil est l’image de la femme qui dispense l’énergie à l’homme, confiant ainsi à celui-ci le soin d’agir. L’homme est un « agent d’exécution », c’est la femme qui détient tous les pouvoirs.
    Dans le récit cistercien de La Quête du Saint-Graal , on voit pourtant Lancelot se repentir et promettre que, dorénavant, il ne commettra plus le péché d’adultère avec la reine. Mais dans la dernière partie de l’épopée, La Mort du roi Arthur , une fois de retour à la cour du roi il ne peut s’empêcher de retomber dans sa « faute »   ; sa liaison avec Guenièvre reprend de plus belle et, surtout, avec une intensité jamais encore atteinte. Ce sera d’ailleurs la cause des malheurs qui s’abattront sur les chevaliers de la Table ronde et de la rupture entre Lancelot et Arthur, rupture catastrophique comme on le sait, puisqu’elle conduit à la dislocation totale du monde arthurien. Mais Lancelot, envoûté par Guenièvre, pouvait-il faire autrement   ?
    Un curieux conte anglo-normand du XII e  siècle, manifestement d’origine armoricaine et intitulé Le Lai du Lécheur , est assez précis sur ce point, même si le récit est aux limites du scabreux. Il s’agit d’une réunion de dames de la bonne société qui se livrent à un jeu d’ailleurs très intellectuel   : la gagnante sera celle qui donnera la meilleure explication sur la valeur et la bravoure des hommes. Les réponses sont fort diverses, mais l’une d’elles fait l’unanimité de ces dames   : ce qui fait la valeur de l’homme, c’est le con (en toutes lettres dans le texte) parce que sans le désir qu’il a du sexe féminin, il n’accomplirait pas de prouesses.
    Ce sont certainement les poètes de tous les temps qui ont su le mieux exprimer cette notion « d’amour l’ardente flamme », à tel point que cette image est devenue l’un des lieux communs les plus fréquents de la littérature universelle, particulièrement à l’époque de la poésie dite « pétrarquisante », au XVI e  siècle. À cet égard, c’est peut-être le calviniste impénitent Agrippa d’Aubigné (le grand-père de la prude Madame de Maintenon   !), austère pourfendeur des jésuites et non moins impétueux amant de la très catholique Diane de Talcy, qui semble avoir été le plus loin dans la compréhension du rôle de la femme-soleil dans son union amoureuse – et charnelle – avec son amant-prêtre, union qui est assurément le hiérogame parfait dans toute sa splendeur   :
     
    À l’éclair violent de ta face divine,
    N’étant qu’homme mortel, ta céleste beauté
    Me fit goûter la mort, la mort et la ruine
    Pour de nouveau venir à l’immortalité.
    Ton feu divin brûla mon essence mortelle,
    Ton céleste m’éprit et me ravit aux cieux   ;
    Ton âme était divine, et la mienne fut telle   :
    Déesse, tu me mis au rang des autres dieux (73) …
     
    Ces paroles enflammées peuvent se passer de tout commentaire. À travers elle, c’est toute la destinée d’un Diarmaid, d’un Tristan et d’un Lancelot qui est suggérée, ces « hommes-lunes » atteints par la brûlure inextinguible envoyée par la femme-soleil.

La sorcière et le roi
    L’amour et la sexualité sont liés à la magie et à la guerre, mais on ne peut pas oublier qu’ils le sont également à la prospérité de la terre. Les rites agraires ont toujours des connotations érotiques. On en a un exemple frappant dans un récit irlandais intitulé Les Aventures d’Art, fils de Conn , contenu dans un manuscrit du XV e  siècle, le Livre de Fermoy . Le héros en est le roi mi-légendaire mi-historique du deuxième siècle de notre ère, Conn aux Cent Batailles, célèbre parce que, sous son règne, « on moissonnait trois fois par an ». Car, dans la

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