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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues
Autoren: Alphonse Allais
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qu’elle ferait sa salade elle-même.
    … À cette époque, Clémence avait pour amant un petit jeune homme fort doux, préparateur de chimie au Collège de France.
    Informé des tortures de sa bonne amie, le petit jeune homme fort doux proposa :
    – Veux-tu rigoler ?
    – Je ne demande pas mieux.
    – Bon… Je t’apporterai de l’huile et du vinaigre dont tu rempliras les fioles ad hoc, un jour où il y aura grand dîner chez tes singes.
    Le petit jeune homme fort doux livra à son amie un vinaigre composé d’un mélange d’acides sulfurique et nitrique.
    L’huile se trouva remplacée par de la bonne glycérine, légèrement teintée de jaune.
     
    … Tous ceux de nos lecteurs qui ont seulement passé deux ou trois ans dans une sérieuse fabrique de dynamite, savent que le mélange des corps ci-dessus forme ce qu’on est convenu d’appeler de la nitro-glycérine.
    Quand le mélange est opéré brusquement et sans précaution, il se produit une élévation de température bientôt suivie d’une de ces explosions après lesquelles on n’a qu’à tirer l’échelle (s’il en reste).
     
    Les choses se passèrent comme il était prévu.
    Malgré le grand tralala du dîner de ce soir, la dame tint à accommoder sa salade elle-même. Alors le saladier fut réduit en miettes et la chicorée violemment projetée sur tous les assistants.
    Malheureusement, l’accident ne se borna pas à ces quelques dégâts.
    La vaisselle et la cristallerie crurent devoir se brusquement fragmenter, et aussi, la table, ainsi que la figure et les membres de ces messieurs et dames.
    Pendant ce temps, il y avait dans la cuisine deux personnes qui n’avaient jamais tant ri.
     
    HISTOIRE D’UNE MODE – BEAUCOUP PLUS VIEILLE QU’ON NE CROIT GÉNÉRALEMENT
    Je parie que sur cent de mes lecteurs il s’en trouve quatre-vingt-dix (au bas mot) persuadés que la coutume, chez les gens chic , d’envoyer blanchir à Londres leur linge est d’innovation récente.
    Ces quatre-vingt-dix (au bas mot) lecteurs barbotent dans le marécage de l’erreur : la coutume, chez les gens chic , d’envoyer blanchir à Londres leur linge est de généralisation récente mais de fondation huit fois séculaire.
    Huit fois séculaire ! Vous avez bien lu.
    C’est une assez curieuse histoire, connue seulement de quelques érudits et qui mérite une publicité plus large.
    Il nous faut, mesdames et messieurs, remonter à la première moitié du onzième siècle.
    À cette époque, vivait le regretté Robert II, sixième duc de Normandie, plus connu de MM. Ritt et Gailhard sous le nom de Robert le Diable.
    Un jour que ce seigneur se promenait dans les environs de Falaise, il aperçut, lavant du linge dans l’Ante, une jeune fille d’une éclatante beauté, qui s’appelait Arlette et dont le père était corroyeur.
    Neuf mois après cette rencontre, naissait un gros garçon, fort et roux, qu’on appela Guillaume et qui manifesta, dès sa plus tendre enfance, un vif penchant pour la conquête de l’Angleterre.
    Ses parents ne voulurent point contrarier une vocation si nettement indiquée.
    Le 27 septembre 1066, le jeune Guillaume le Bâtard débarquait à Vevensey avec plusieurs barons normands et quelques milliers de joyeux lascars dont les yeux ignoraient la honte des basses températures.
    Prévenu de l’arrivée de Guillaume, le jeune Harold, qui détenait, pour le moment, la couronne d’Angleterre, arriva en toute hâte à la rencontre de son cousin (car ils étaient cousins).
    L’entrevue eut lieu dans les environs de Hastings et fut dénuée de cordialité.
    Il en résulta que notre ami Guillaume monta, sans plus de façons, sur le trône d’Angleterre.
    Bien installé dans son nouveau poste, il eut l’idée touchante de faire venir auprès de lui sa digne maman, madame Arlette, encore fort jolie, ma foi, et âgée seulement d’une quarantaine d’années.
    La brave femme, que les succès de son garçon n’avaient su griser, consentit à s’installer à Londres, mais à condition, exigea-t-elle, d’y continuer sa florissante industrie de blanchissage qu’elle n’avait jamais d’ailleurs interrompue à Falaise.
    Guillaume, quoique fort bon garçon, ne badinait pas avec le service et, pour un oui pour un non, il vous faisait crever les yeux d’un bonhomme, sans sourciller.
    Aussi était-il fort craint.
    Ses vassaux, ceux d’Angleterre et ceux de Normandie, ne trouvèrent rien de mieux, pour se faire bien voir, que
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