Amy, ma fille
se concentrer sur sa musique sans se préoccuper de ses revenus. Il s’agissait d’un contrat standard qui attribuait vingt pour cent de ses gains à la société de management. Je me suis dit : « Eh bien, on dirait qu’Amy va faire un album », ce qui était génial. Mais je me demandais qui allait bien pouvoir l’acheter. Je ne savais toujours pas de quoi elle était capable. J’avais eu beau insister, elle ne m’avait toujours pas joué ses chansons. Je commençais à comprendre qu’elle préférait attendre que tout soit prêt, alors je l’ai laissée tranquille. Elle semblait très heureuse de ce qui lui arrivait, et ça me suffisait.
En plus de ce contrat, Amy est devenue l’une des chanteuses régulières du Cobden Club, dans l’ouest londonien, où elle interprétait des standards de jazz. Le bouche à oreille a attiré des professionnels de l’industrie musicale. Il faisait toujours une chaleur à mourir dans ce club et un soir d’août 2002, alors que je m’apprêtais à sortir prendre l’air, j’ai remarqué qu’Annie Lennox venait d’entrer pour écouter Amy. Nous avons engagé la conversation et elle m’a dit :
— Votre fille va devenir une grande, une très grande star.
C’était fabuleux d’entendre ça de la bouche d’une artiste aussi talentueuse. Quand Amy est descendue de scène, je les ai présentées. Elles se sont tout de suite bien entendues et c’est là que j’ai remarqué le naturel qu’avait Amy aux côtés des grandes stars. Elle s’intégrait parfaitement bien.
Mais le public du Cobden Club n’était pas le seul à tomber sous le charme d’Amy. Après sa signature avec 19, Nick Goldwyn nous a appris qu’elle avait éveillé l’attention de plusieurs maisons d’édition musicale intéressées par ses compositions et de plusieurs maisons de disques, intéressées par sa carrière. C’était comme ça que ça fonctionnait dans ce milieu et Nick nous a conseillé de traiter avec plusieurs maisons afin qu’aucune n’ait le monopole sur Amy.
Elle a signé le contrat d’édition musicale avec EMI et c’est Guy Moot, le découvreur de talents chevronné de la maison, qui l’a prise sous son aile. Il l’a ensuite mise en contact avec les producteurs Commissioner Gordon et Salaam Remi.
Le jour de la signature, une réunion était prévue avec Guy Moot et tout le personnel d’EMI. Comme Amy avait déjà raté un premier rendez-vous (sans doute à cause d’une panne de réveil), ils étaient convenus d’une deuxième date. Nick lui a téléphoné pour lui rappeler la réunion, mais elle était de mauvaise humeur. Il est allé la chercher et s’est fâché parce qu’elle n’était pas prête et qu’ils allaient avoir du retard.
— J’en ai marre ! lui a-t-il dit et ils ont commencé à se disputer.
Finalement, ils se sont mis en route, direction le West End. Nick s’est garé et ils sont sortis de voiture. Ils descendaient Charing Cross Road vers les bureaux d’EMI, quand elle s’est arrêtée :
— Putain, j’irai pas à cette réunion !
— Tu en as déjà manqué une, l’enjeu est trop important, lui a répondu Nick.
— J’ai pas envie de me retrouver dans une pièce remplie de types en costard !
Le business, ce n’était pas son truc.
— Je te préviens, je te jette dans cette benne à ordures et je te laisse là-dedans jusqu’à ce que tu acceptes d’y aller.
Elle s’est mise à rire, persuadée qu’il ne parlait pas sérieusement. Mais il l’a attrapée et l’a déposée dans la benne avant de refermer le couvercle.
— Je te laisserai sortir quand tu promettras d’y aller.
Elle s’est mise à taper contre la paroi de la benne en hurlant à pleins poumons. Nick ne l’a pas laissée sortir avant qu’elle finisse par accepter.
Une fois sortie, elle a hurlé au « kidnapping » et au « viol ».
Ils étaient toujours en train de se disputer quand ils sont entrés dans la salle de réunion.
— Pardon pour le retard, s’est excusé Nick.
Et Amy a ajouté :
— Ouais, c’est parce que Nick a essayé de me violer.
4
Frank
À l’automne 2002, sa maison de disques l’a envoyée à Miami Beach pour travailler avec le producteur Salaam Remi. Coïncidence ou non, il se trouve que Tyler James était lui aussi là-bas pour un autre projet. Et Nick Shymansky aussi, pour compléter le trio. Ils étaient logés dans le somptueux hôtel Raleigh à Miami Beach, très Art déco, où ils se sont
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