Amy, ma fille
même demandée en mariage, mais elle a refusé. Ils sont tout de même restés proches jusqu’à la mort de Ronnie en 1996. Il a évoqué ma mère dans son autobiographie.
Quand elle était petite, Amy adorait entendre ma mère parler de Ronnie, de la scène jazz et de tout ce qu’ils avaient partagé. En grandissant, le jazz est devenu pour elle une véritable passion. Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan ont été ses premiers coups de cœur.
Elle était particulièrement attachée à une histoire que je lui ai racontée au sujet de Sarah Vaughan et Ronnie Scott. Chaque fois que Ronnie invitait une tête d’affiche dans son club, il conviait ma mère, ma tante Lorna, ma sœur et moi-même ainsi que tous ceux qui avaient envie de se joindre à nous. Nous avons vu des concerts fantastiques là-bas : Ella Fitzgerald, Tony Bennett et bien d’autres. Mais celui qui reste gravé dans ma mémoire, c’est le concert de Sarah Vaughan. Elle était tout simplement merveilleuse. Après le concert, on est allés en coulisses où six personnes attendaient déjà pour la rencontrer. Quand le tour de ma mère est arrivé, Ronnie a dit :
— Sarah, je te présente Cynthia, nous étions amoureux quand nous étions jeunes et on est encore très proches.
Et puis mon tour est arrivé. Ronnie m’a présenté :
— Voici Mitch, le fils de Cynthia.
— Et que faites-vous dans la vie ? m’a-t-elle demandé.
Je lui ai parlé de mon travail au casino et nous avons bavardé quelques instants. Et puis Ronnie a dit :
— Sarah, voici Matt Monro.
— Vous faites quoi dans la vie, Matt ?
Elle ignorait qui était Matt Monro, ce qui est assez typique des chanteurs américains. Beaucoup d’entre eux ne savent pas ce qui se passe en dehors de New York ou Los Angeles, alors en Angleterre… Ça m’a fait un peu de peine pour Matt, parce qu’à mes yeux c’était le plus grand chanteur britannique de tous les temps. Et il n’était pas très content non plus. Il a quitté le club et n’a plus jamais adressé la parole à Ronnie Scott.
Amy a également commencé à regarder des comédies musicales à la télé, notamment les films de Fred Astaire et Gene Kelly. Elle préférait Fred Astaire qu’elle jugeait plus artiste que l’athlétique Gene Kelly. Elle adorait Broadway qui danse, quand Astaire danse avec Eleanor Powell.
— Regarde, ça, papa, disait-elle. Comment ils font ?
C’est cette scène qui lui a donné le goût des claquettes.
Amy chantait régulièrement pour ma mère, que cela enchantait. La plus grande fan d’Amy, celle qui a toujours su qu’elle deviendrait une star, c’était ma mère. C’est elle qui a eu l’idée d’envoyer Amy, alors âgée de neuf ans, à la Susi Earnshaw Theatre School, située dans le nord de Londres, à Barnet, non loin de chez nous. Cette école proposait des cours d’arts du spectacle pour des jeunes de cinq à seize ans. Amy a commencé à y aller le samedi, et c’est là qu’elle a appris à chanter et à faire des claquettes.
Amy se plaisait dans cette école qui, contrairement à Osidge, ne s’est jamais plainte de son comportement. Susi nous disait qu’Amy travaillait dur pendant les cours. Elle y a appris à développer sa voix, chose qu’elle désirait faire car elle adorait écouter des chansons, à la maison ou chez sa mère. Elle était fascinée par la façon dont Sarah Vaughan utilisait sa voix, comme un instrument, et elle voulait apprendre à faire pareil.
Dès ses débuts chez Susi Earnshaw, Amy a passé des auditions. À dix ans, elle a été auditionnée pour la comédie musicale Annie , en compagnie de quelques autres filles. Susi m’a prévenu qu’Amy n’avait aucune chance mais que c’était bon pour elle de s’habituer aux auditions. Et aux refus.
J’ai expliqué tout ça à Amy, que cela n’a pas rebutée. Ma grosse erreur a été de parler de cette audition à ma mère. Il se trouve que ni Janis ni moi n’étions disponibles pour emmener Amy ce jour-là, si bien que c’est ma mère qui s’en est chargée. Convaincue du talent d’Amy, elle pensait que l’audition ne serait qu’une formalité et que sa petite-fille allait devenir la nouvelle Annie. Je crois qu’elle avait même acheté une robe neuve pour la première, tant elle était sûre d’elle.
Quand Amy est rentrée ce soir-là, elle m’a dit :
— Papa, ne demande plus jamais à mamie de m’emmener à une audition.
Tout avait commencé dans le train : ma
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