Amy, ma fille
immédiatement pris rendez-vous. Au sortir de cette conversation, je me suis senti plus optimiste. La guérison d’Amy dépendait de l’évolution de sa relation avec Blake ; heureusement, celui-ci n’était pas près de sortir de prison.
J’ai rencontré Chip Somers à Focus 12, le centre de désintoxication de Bury St Edmunds, dans le Suffolk, et son travail m’a impressionné. Ce lieu me paraissait idéal pour Amy.
Malheureusement, elle continuait de rater ses rendez-vous médicaux et se laissait toujours influencer par Blake. J’en avais vraiment marre et nous nous sommes violemment disputés à ce sujet. Je ne me souviens plus exactement de nos propos, mais elle a fini par me faire une promesse :
— J’irai au prochain rendez-vous, papa, mais c’est vraiment dur sans Blake. Tu pourrais arrêter de t’en prendre à lui tout le temps ?
— J’aimerais bien, ma chérie, mais il a une mauvaise influence sur toi.
J’ai repensé à la discussion que j’avais eue avec Chip Somers et l’attitude qu’il m’avait conseillé d’adopter vis-à-vis des toxicomanes.
— Il faut que tu apprennes à dire : « Non, je suis responsable, c’est moi qui décides de ma vie. »
— Je sais papa, a reconnu Amy. Je sais qu’il me manipule, mais j’aime bien ça, d’une certaine façon. Mais il faut que ça s’arrête, c’est sûr.
Elle a répété qu’ils avaient été heureux ensemble et qu’ils s’aimaient. Je lui ai fait remarquer que ce soi-disant bonheur était toujours lié à la drogue. Elle a d’abord nié avant d’admettre que j’avais raison. Je lui ai demandé ce qu’elle comptait faire avec Blake. Elle m’a répété qu’elle l’aimait et qu’elle ne s’imaginait pas vivre sans lui. Ça m’a fait de la peine.
Contrairement à ce qu’elle avait promis, elle ne s’est pas rendue au rendez-vous suivant avec le docteur Tovey. Les réserves de Subutex s’amenuisaient et les effets du manque ne tarderaient pas à se manifester. J’ai tenté de l’appeler, mais elle n’a pas répondu, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Je me suis dit qu’elle avait peut-être rapporté notre conversation à Blake, lequel lui avait interdit de me parler. Je suis allé chez elle. Elle avait terminé le Subutex et était dans un état lamentable. J’ai enfin réussi à la convaincre de consulter le docteur Tovey, qui a renouvelé l’ordonnance.
*
Par ailleurs, la presse continuait d’exercer sur nous une pression constante.
Pendant notre séjour à Tenerife, j’avais reçu un appel de Phil Taylor de News of the World . Ils publiaient deux papiers sur Amy et le journaliste souhaitait que je les commente. Dans le premier article, Georgette reprochait à Amy de ne pas rendre visite à Blake assez souvent ; le second prétendait qu’Amy était assignée à résidence, qu’elle allait très mal, qu’elle parlait toute seule et souffrait d’incontinence. C’était incroyable. J’avais nié en bloc, évidemment.
Voilà que Phil Taylor revenait à la charge : son journal publiait un nouveau papier condamnant Blake et sa famille et il m’a demandé mon avis. J’ai accepté de m’exprimer publiquement, pensant que c’était le meilleur moyen de défendre Amy. Je voulais que tout le monde sache qu’elle était bien entourée. Rétrospectivement, je m’aperçois que c’était une erreur, et je le regrette.
Par ailleurs, je recevais depuis un moment de nombreux coups de fil anonymes provenant d’un numéro caché. L’interlocutrice, dont la voix me disait vaguement quelque chose, jurait et m’insultait au bout du fil. J’ai alerté Brian Spiro, mon avocat, qui a transmis ma plainte à la police.
À la suite de cela, j’ai été convoqué par les autorités du Kent afin de discuter de la lettre anonyme, des coups de fil et des textos d’insultes que j’avais reçus. La police, pour qui il ne s’agissait pas simplement de harcèlement, a pris l’affaire très au sérieux et a transmis la lettre anonyme à la police scientifique.
Le 18 octobre, Amy m’a appelé pour me dire « Je t’aime, papa ». Ça m’a fait chaud au cœur. Elle s’était attelée à un nouveau projet : Fred Perry lui avait proposé de créer sa propre ligne de vêtements. Elle aimait le dessin et la mode ; Perry, de son côté, appréciait beaucoup son style. La collection « Amy Winehouse » a été lancée en octobre 2010 et a connu un grand succès. Amy a continué à collaborer
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