Amy, ma fille

j’ai répondu en montrant le sac du KFC :
    — Aussi grave que ça.
    On était tous les deux fans de KFC, alors j’avais pris des grosses portions. On s’est régalés. Elle allait mieux et commençait à retrouver la mémoire. Quelqu’un lui avait donné du témazépam, un sédatif utilisé dans le traitement de l’anxiété. Nous avons découvert par la suite que sa crise avait été provoquée par une réaction allergique. Après avoir mangé, elle m’a dit qu’elle se sentait mieux et voulait rentrer. J’ai transmis sa requête, mais l’hôpital a tenu à la garder en observation.

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    Les drogues dures,
 c’est toujours pour les nuls
    Le lendemain, la nouvelle de l’hospitalisation d’Amy s’était répandue et j’ai reçu de nombreux appels de soutien. Amy était de bonne humeur et Andrew l’a conduite chez elle vers midi, puis Jevan s’est occupé d’elle jusqu’à ce que je vienne la récupérer à dix-sept heures pour son rendez-vous avec le docteur Tovey. Elle a fait un peu la comédie, a rechigné à se préparer et ça m’a énervé. Je ne voulais pas lui crier dessus après ce qu’elle venait de vivre, mais j’avais déjà des problèmes avec l’équipe médicale et ne voulait pas qu’elle rate son rendez-vous. Les médecins n’étaient pas tous du même avis : certains pensaient qu’il fallait hospitaliser Amy, d’autres jugeaient qu’on devait la soigner chez elle. Je ne savais pas qui croire. Pour couronner le tout, Amy ne les aimait pas, du coup j’envisageais de faire appel à d’autres spécialistes. J’avais confiance en eux, mais il fallait qu’Amy partage mon avis, c’était impératif. Comme le docteur Tovey lui prescrivait du Subutex, j’ai décidé de lui demander conseil. Il a accepté de venir directement chez Amy, où il a renouvelé sa prescription.
    Quelques jours plus tard, Amy avait un nouveau rendez-vous avec son médecin pour renouveler sa prescription, mais elle a refusé de quitter la maison. Bien entendu, j’aurais pu appeler le docteur pour lui demander de se déplacer, mais je n’ai pas voulu céder à la facilité. Il était capital qu’elle se prenne en main. Je savais que sortir signifiait pour elle s’exposer aux paparazzis et à de multiples tentations, mais ce n’était pas une raison pour se cloîtrer chez elle.
    Durant la première semaine du mois d’août, suite à un léger accident de voiture, Janis a été admise au Barnet General Hospital, dans le nord de Londres. Heureusement, ce n’était pas grave, mais Amy, Alex et moi lui avons rendu visite ; Amy a fait l’effort de venir et ça m’a touché. Ma famille subissait des attaques de toutes parts et je commençais à accuser le coup. J’étais anxieux, sujet à des changements d’humeur et la pauvre Jane en a fait les frais. J’avais besoin de changer d’air mais j’avais peur que quelque chose arrive en mon absence.
    Au cours de cette semaine, Amy a manqué son rendez-vous à la prison, parce qu’elle n’avait pas pu se lever. Elle a piqué une crise à cause de ça, mais après avoir pris son Subutex, elle s’est calmée. Nous avons passé une après-midi agréable à regarder sur les sites d’agences immobilières une maison à louer à la campagne. Quitter l’appartement était un réel problème. Elle voulait participer au V Festival, à Chelmsford, la semaine suivante, or la moindre promenade lui paraissait insurmontable. J’ai dit à Raye de mettre ces deux concerts en stand-by pour le moment. Je me demandais quand même si ce refus de sortir ne cachait pas quelque chose de plus profond.
    Quelques jours plus tard, Amy était censée rendre une nouvelle visite à Blake qui avait été transféré à la prison d’Edmunds Hill, dans le Suffolk, à une heure et demie de Londres. Comme elle s’était couchée à deux heures du matin la veille, elle n’a pas pu se lever. Elle est partie en retard avec Andrew et à mi-trajet, quand ils se sont aperçus qu’ils n’arriveraient jamais à temps, ils ont rebroussé chemin.
    Ce même jour, Jevan m’a appelé : un dealer traînait aux abords de la maison. J’ai averti le garde du corps d’Amy. Quand je suis arrivé, il n’y avait aucun dealer en vue ; Jevan, lui, était rentré chez lui. Amy était seule, délaissée par ses « amis » maintenant qu’elle ne prenait plus de drogue. Elle avait envie de voir du monde mais n’arrivait pas à sortir de chez elle. La savoir dans cette situation me