Amy, ma fille
avec lui par la suite. Quant à moi, j’ai gardé tous ses dessins originaux.
Je ne sais pas où elle piochait ses idées. Elle passait des heures à feuilleter les magazines, mais je crois que sa réelle source d’inspiration, c’était la rue. Elle aimait les gens qui avaient un look bien à eux et était toujours à l’affût de l’originalité. Il lui arrivait souvent d’arrêter un passant pour lui demander où il avait trouvé tel ou tel vêtement.
Le projet Fred Perry constituait une bonne distraction, toutefois, elle a recommencé à souffrir du sevrage. Cette fois, elle s’est spontanément présentée à la London Clinic où on l’a immédiatement prise en charge. En dehors des symptômes du sevrage et d’une infection pulmonaire, tout allait bien ; ils ont confirmé qu’elle n’avait pas consommé de drogue récemment. Les gardes du corps postés devant sa porte ont reçu la consigne suivante : aucun visiteur n’était admis sans ma permission sauf si le visiteur en question connaissait le mot de passe (à savoir Cynthia, le prénom de ma mère).
Les jours qui ont suivi, Blake m’a téléphoné sans arrêt pour que je lui communique le mot de passe. Comme il était évident que je n’allais pas céder, il a appelé l’hôpital et insulté les infirmières qui ont refusé de le mettre en contact avec ma fille. J’avais honte d’infliger ça au personnel soignant, mais je ne voulais surtout pas qu’il parle à Amy et la persuade de quitter l’hôpital.
Au bout de quelques jours, elle allait mieux et ses analyses étaient très encourageantes. Elle recevait beaucoup de visites et le moral était à la hausse.
Un jour, je lui ai apporté à déjeuner et j’ai été ravi qu’elle termine son assiette.
— Papa, je me rends compte que j’ai perdu l’appétit depuis un certain temps. C’est à cause de la drogue, tu crois ?
J’étais content qu’elle aborde le sujet parce que je pensais en effet que la perte d’appétit et la consommation de drogue étaient liées. Je lui ai conseillé d’en parler à un médecin.
À sa sortie de l’hôpital, elle avait repris du poids. Le docteur Tovey était satisfait de ses progrès et je l’ai ramenée chez elle. Dans la journée, elle m’a rappelé : un eczéma était apparu sur tout son corps et elle voulait retourner immédiatement à l’hôpital. D’après Jevan, ce n’était pas pour ça qu’elle souhaitait y retourner, mais parce qu’elle se sentait plus en sécurité là-bas, loin de la tentation.
Deux jours plus tard, j’ai reçu un appel de l’équipe médicale : Amy avait quitté l’hôpital la veille à vingt et une heures trente et elle n’était pas revenue. Elle était rentrée chez elle où elle s’était droguée. Vingt-quatre heures plus tard, elle était de retour à la London Clinic. Elle semblait prendre l’établissement pour un hôtel. Mais j’étais averti : j’avais discuté avec un certain nombre de médecins et d’ex-toxicos qui m’avaient confirmé qu’il était courant pour des malades, même proches de la guérison, de replonger brièvement. Je commençais à me familiariser avec le processus si bien que je ne me suis pas trop inquiété. Le plus important, c’était qu’Amy ait enfin accepté de se soigner.
*
Le 5 novembre 2008, bien plus tôt que prévu, Blake est sorti de prison. Sa libération comportait une condition : qu’il suive le programme de désintox de Life Works, un centre spécialisé situé à Woking. Sans surprise, il a demandé à Amy de régler la facture et lui a même envoyé des formulaires à signer pendant qu’elle était à la London Clinic. Étonnamment, elle s’y est opposée.
— Je ne vais pas payer, papa. Il me gonfle. Il ira où il veut, je paierai pas.
J’étais content de l’entendre parler comme ça. Le grand changement que j’avais attendu était en train de se produire. Moi qui n’avais cessé de redouter ce moment, je n’aurais pas pu espérer mieux.
Quelques jours plus tard, il a déclaré à la presse : « Quand je verrai Amy, je vais lui donner la fessée. » J’ai eu envie de le tuer en lisant ça.
À sa sortie de la London Clinic, Amy n’avait toujours pas cédé à Blake, lequel a donc décidé de s’adresser à moi, sans succès. S’il ne trouvait pas l’argent pour financer sa cure, il retournerait en prison. Hélas, Amy a fini par payer en expliquant qu’elle lui devait bien ça et pouvait lui offrir un petit
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