Amy, ma fille

séjour « à l’hôtel ». Au moins, elle ne se faisait pas d’illusions sur la façon dont il considérait la désintox.
    Elle semblait se tenir à distance de la drogue, mais sa consommation d’alcool restait préoccupante. On l’avait vue danser dans les rues de Camden au petit matin et, d’après Wood, elle n’avait pas été ivre à ce point depuis plusieurs mois. Quand j’ai appelé Amy pour lui en parler, elle m’a crié dessus et je lui ai raccroché au nez.
    Quelques jours plus tard, elle a connu une nouvelle rechute et a passé la nuit dans son ancien appartement de Jeffrey’s Place. J’étais inquiet : c’était le point de rendez-vous de tous les dealers du coin. Elle a admis qu’elle y avait consommé de la drogue en m’assurant que ça ne se reproduirait pas.
    La semaine suivante, elle était de nouveau au mieux de sa forme. Nous avons passé un très bon moment ensemble. J’avais eu la bêtise d’accepter une injection de Botox sur le front et pendant trois jours, je n’ai pas pu bouger un sourcil. Amy m’a regardé en soupirant.
    — J’ai pas envie que tu dépenses tout ton argent en piquouses, papa !
    Elle avait beaucoup d’humour et dans ces moments-là, elle adorait m’écouter raconter des histoires sur l’East End. Pendant quelques heures, la drogue, Blake, les problèmes qui nous pourrissaient la vie disparaissaient. Ce soir-là, j’ai écrit dans mon journal : « Je crois vraiment que cette fois, on tient le bon bout. Je prie pour ne pas me tromper. »
    Le lendemain, après un coup de fil à Blake, Amy a bu pendant des heures dans plusieurs pubs de Camden. Elle s’est mise dans un tel état qu’elle ne pouvait plus arrêter de vomir et a dû se faire hospitaliser à la London Clinic. Blake a appelé tout le monde pour savoir où elle était, mais elle n’avait pas besoin qu’il vienne ruiner tous ses efforts à ce stade crucial de sa guérison.
    Le jour suivant, Blake était au tribunal pour son pourvoi en appel qui a finalement été rejeté, ce qui m’a soulagé. Ce soir-là, j’ai noté : « Il m’a appelé pour me dire qu’il quitterait Amy si cela pouvait la sauver. Bla-bla habituel. Je croyais qu’on avait atteint le seuil critique avec lui, mais à l’hôpital, Amy m’a montré une de ses lettres. Pas d’allusion au divorce. Il dit qu’ils sont comme Bonnie and Clyde, qu’ils sont faits pour être ensemble pour toujours. »
    Blake n’était pas franc avec Amy. C’était loin d’être terminé.
    Le lendemain, il m’a téléphoné : il lui fallait un prêt pour louer un appartement. J’ai accepté à condition qu’il enclenche la procédure de divorce. Il était d’accord.
    Je n’avais pas renoncé à prospecter le marché immobilier dans l’optique d’éloigner Amy de Camden Town. J’avais visité une jolie maison avec Jevan et Remi Nicole, une copine d’Amy également chanteuse, à Hadley Wood, dans l’Hertfordshire. Quand j’ai montré les photos à ma fille, elle a été emballée. Mes recherches avaient enfin porté leurs fruits.
    — Ça a l’air parfait, papa.
    Peu après, Blake a été interviewé par News of the World . Je croyais qu’il allait enfin annoncer le divorce, et d’une certaine façon, il a dépassé mes espérances.
    « J’ai entraîné Amy dans la spirale de la drogue et sans moi, il est certain qu’elle n’aurait jamais fait ça. J’ai gâché quelque chose de magnifique. J’ai commis la plus grosse erreur de ma vie en prenant de l’héroïne devant elle. C’est à cause de moi qu’elle a commencé à consommer de l’héroïne et du crack et qu’elle s’est fait du mal. Je me sens vraiment coupable. »
    Il admettait avoir transformé Amy en junkie mais ne mentionnait toujours pas le divorce. Au lieu de quoi, il a déclaré :
    « Je ferai n’importe quoi pour elle. Si elle veut divorcer, je ne m’y opposerai pas. Ce sera le jour le plus triste de ma vie. »
    Il essayait de se faire passer pour un martyr et omettait de préciser qu’Amy, elle, sortait vainqueur de son combat contre la drogue.
    Le lendemain, il m’a envoyé le texto suivant :
    « T’essaies d’acheter le divorce de ta fille. Laisse-lui son argent. Je veux un contrat. »
    Il voulait un engagement écrit, sans doute pour la location, avant d’accepter la séparation. Je lui ai répondu d’arrêter de me contacter.
    Cet article a bouleversé Amy. Andrew m’a averti qu’elle avait appelé un dealer, mais j’ai