Amy, ma fille
réussi à l’intercepter. Elle refusait de voir les choses en face ; elle a prétendu qu’il n’avait pas pu dire ça, qu’on avait déformé ses propos et que c’était la faute du journaliste. Quand je lui ai demandé comment elle pouvait le savoir, elle m’a répondu que c’était Blake qui le lui avait dit.
J’ai été obligé de lui montrer le texto qu’il m’avait envoyé.
— Je ne veux pas te blesser, ma chérie, mais il faut que tu saches la vérité.
Elle a gardé les yeux fixés sur mon téléphone sans parvenir à y croire. Je crois que c’est à ce moment-là qu’elle s’est rendu compte de ce qui se passait. C’est là qu’elle a compris que Blake lui avait menti et qu’il n’en voulait qu’à son argent. C’était dur à avaler pour elle, et j’ai eu peur qu’elle cherche du réconfort dans la drogue.
Elle a fini par me dire :
— Je l’aime, papa. Je l’aime malgré tout.
Avant d’ajouter :
— Je suis plus forte maintenant, je vais mieux. Ce que je veux faire maintenant, c’est l’aider, lui.
Je n’ai jamais compris pourquoi Amy était si amoureuse de Blake. Il ne me semblait pas lui avoir apporté beaucoup de bonheur. Seulement la drogue et la tristesse. Peut-être qu’elle recherchait de nouvelles expériences, mais elle n’avait pas choisi la bonne personne : cet homme a exercé une très mauvaise influence sur elle. Je comprenais ma fille parce que je me reconnaissais en elle, mais cette partie d’elle-même, je n’ai jamais pu la saisir.
*
Début décembre, Amy a réintégré la London Clinic et j’ai appris que Blake avait été contrôlé positif à la drogue dans son centre de cure. On nous a informés qu’il allait retourner en prison. Mais peu après, il s’est présenté à l’hôpital en demandant à voir Amy. Quand son garde du corps m’a annoncé ça au téléphone, j’ai hurlé à Blake dans le combiné :
— Rends-toi à la police !
Il m’a promis de le faire à condition de voir Amy. J’ai accepté, tout en sachant que c’était une erreur. Et quelle erreur. À peine une heure plus tard, le garde du corps m’a rappelé : il soupçonnait Blake d’avoir donné de la drogue à Amy.
C’était inimaginable : un jour il annonçait qu’il voulait la sauver, le lendemain il la faisait replonger. Je savais que les toxicomanes pouvaient avoir des rechutes, mais ce type-là m’avait avoué qu’il aimait être toxico. Ce que j’ai pensé de lui à ce moment-là est impubliable.
J’ai foncé à l’hôpital, mais le temps que j’arrive, il avait filé. Quand j’ai demandé des explications à Amy, elle m’a dit :
— Papa, je ne suis pas complètement débile.
Et elle a tiré de sous son oreiller la drogue qu’il lui avait donnée. Je suis allé la jeter dans les toilettes. J’étais content qu’elle agisse de façon responsable, certes, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si elle avait ou non touché à cette merde. Je commençais à avoir de l’expérience…
Quand Amy a appris que Blake s’était rendu au poste de police de Shoreditch, elle était contente mais, paradoxalement, s’est montrée encore plus dévouée envers lui. Comme s’il était devenu une sorte de héros. Elle m’a promis qu’à partir de maintenant, il ne serait plus jamais question de drogue entre eux.
Le 4 décembre 2008, j’ai fêté mon cinquante-huitième anniversaire. J’ai passé une grande partie de la journée avec Amy, à l’hôpital. Elle avait envie de retourner travailler en studio, ce que je trouvais encourageant. Cependant, je restais sur mes gardes.
— Tu crois que j’ai pris de la drogue, l’autre jour, hein, papa ? m’a-t-elle demandé.
— T’en a pris ou pas ? ai-je rétorqué sèchement, fatigué de ce petit jeu.
— Je te l’ai dit : je suis pas si débile. Bien sûr que non. Je te le promets, a-t-elle ajouté en voyant que je n’étais guère convaincu. Je le jure sur la Bible.
— D’accord, ma chérie. Je te crois.
Et c’était vrai. Elle allait vraiment de mieux en mieux et je devais veiller à ce qu’elle ne rechute pas. Ma fille avait repris du poil de la bête et j’étais sûr qu’en unissant nos efforts, on y arriverait.
Trois jours plus tard, Amy a eu une altercation avec un patient. Très mécontent, le docteur Glynne m’a prévenu que si cela se reproduisait, elle devrait quitter l’établissement.
Entre-temps, le projet Hadley Wood s’était
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