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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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faire disparaître ces bouclettes.
    — Je redoutais que vous décidiez de me faire raser le crâne.
    — Ne craignez rien, dit Berenguer. Plus d’un moine néglige sa tonsure, quels que soient les innombrables décrets que je puisse édicter à ce propos. Les cheveux coupés très court, vous ressemblerez à un voyageur à qui l’on peut beaucoup pardonner.
    — Je m’abandonne à vous, Votre Excellence.
    — Bien. Mais je dois aussi insister pour que vous restiez près du père Bernat ou du père Francesc. Si quelqu’un demande à être entendu en confession, vous pourrez vous faire remplacer très aisément.
    — Oui, Votre Excellence, mais…
    L’évêque éclata de rire.
     
    À la table du souper, les conversations tournèrent beaucoup autour de la guerre, mais Berenguer raconta aussi des histoires quelque peu scabreuses à propos de ses confrères les évêques, largement aidé en cela par Bernat. Gilabert avait maintenant tout du moine, et il écoutait en silence comme le faisaient aussi les femmes.
    — Dites-moi, monseigneur, demanda Berenguer au cours d’un moment d’accalmie, qui est ce Gonsalvo de Marca ? Le hasard l’a placé plusieurs fois sur notre chemin.
    — Don Gonsalvo, dit son hôte. Un homme bien étrange, n’est-ce pas ?
    — Il est l’ami de tous, ajouta sa femme d’un ton amer. Il aime son voisin comme un frère… comme Caïn aimait Abel.
    — J’ai fait sa connaissance, comme la plupart des gens du voisinage, ajouta son mari, mais je ne puis dire que je le connais bien. Je ne le souhaite pas, d’ailleurs.
    — Nous avons seulement remarqué que c’est un raseur, dont les ancêtres et les riches propriétés ne peuvent compenser ses manières de paysan, constata Berenguer.
    — Tout cela est vrai. C’est aussi un homme avide et stupide, toujours prêt à faire appel aux tribunaux.
    — Il a parlé de procès.
    — C’est un adversaire dangereux. Il manque trop d’esprit pour mettre un terme à une action en justice avant qu’elle ne lui fasse autant de mal qu’à sa victime. N’ai-je pas raison, Alicia ?
    — Oui, répondit sa dame. Il a intenté un procès à mon cousin à propos d’une terre et a beaucoup perdu. Mais ce faisant, il a quasiment ruiné mon parent et causé une grande peine à sa famille. Je ne le lui pardonnerai jamais.
    — Il n’est pas le bienvenu dans cette demeure, reprit le châtelain.
    Il prit un temps de réflexion avant de continuer.
    — On raconte, Votre Excellence, qu’il est impliqué dans nombre d’aventures douteuses. Il a le don de convaincre les gens – pour quelque temps, tout au moins – de s’associer à lui. Physiquement et financièrement parlant. J’espère que vous n’envisagiez pas de faire affaire avec lui.
    — Certainement pas, répondit Berenguer. Je ne puis imaginer aucune circonstance où je lui confierais une chose à laquelle je tiens.
    — Je suis soulagé de vous entendre parler ainsi.
     
    Comme Isaac sortait de la grande salle du château en compagnie de sa femme et de sa fille, Berenguer lui emboîta le pas.
    — Nous sommes près des terres de Gonsalvo de Marca, Isaac, et j’espérais que notre hôte nous éclairerait à son propos.
    — Aimer la chicane et, sans aucun doute, les transactions un peu douteuses, cela n’entraîne pas nécessairement que l’on apprécie d’assassiner des moines innocents.
    — Si l’homme était bien un moine innocent… Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons.
     
    Les voyageurs s’étaient rassemblés dans la cour pour prendre congé avant que le soleil ne fût assez haut pour dissiper les brumes des vallons. Les mules de trait étaient déjà attelées. On amenait les autres bêtes quand Gilabert siffla.
    Le grand étalon noir eut un brusque mouvement de tête, échappa au garçon d’écurie qui le tenait et trotta vers le jeune homme.
    — Yusuf, tu peux prendre ma jument, dit-il en enfourchant l’étalon. Elle est très douce et plus appropriée à ta taille.
    — Pourquoi faire semblant de n’avoir jamais vu cet animal, Don Gilabert ? lui demanda Berenguer. C’est le vôtre, n’est-ce pas ?
    Ils s’étaient engagés sous le long passage voûté permettant de franchir le mur nord du château et leurs paroles ne parvenaient aux autres que sous forme d’écho.
    — Nous n’en avons jamais douté.
    — Il est effectivement à moi, s’enflamma le jeune homme. Il s’appelle Néron.
    — Dans ce cas, pourquoi jouer

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