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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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créatures misérables et cupides qui vendraient leur frère pour quelques pièces. Non, personne ne doit rien savoir, pas même les serviteurs.
    — C’est le sabbat, fit remarquer Judith.
    — Et nous avons tant de choses à nous dire, Judith et moi… ajouta sa sœur.
    — Ma mie, insista Isaac, nous sommes en danger. Tout comme vous l’êtes, chère sœur, ainsi que vos enfants et toute votre maisonnée. Nous devons nous préparer à partir.
     
    Raquel et Judith rangèrent leurs affaires et dirent discrètement au revoir à Joshua et Dinah. Naomi et Ibrahim s’en étaient déjà allés avec les coffres de vêtements – afin de les livrer, prétextaient-ils, à maître Isaac, puisqu’il vivait désormais au palais.
    Les serviteurs de l’évêque partirent aussi, deux par deux ; puis un chariot arriva à la porte de la ville, bientôt suivi d’un autre.
    À l’heure où Tarragone s’arrachait à sa léthargie d’après-dîner, l’évêque et son entourage étaient déjà en route pour le château d’Altafulla.
     
    — Nous ne sommes plus beaucoup, dit Raquel. Que s’est-il passé ?
    — Sor Agnete ne reviendra pas, lui expliqua le sergent. Les autres religieuses partiront la semaine prochaine avec l’évêque de Vic. Son Excellence a demandé à deux gardes de rester avec elles pour assurer leur sécurité lors de leur dernière étape.
    — Mais où sont nos musiciens ?
    — Ah, qui sait ? Ils gagnent leur vie là où ils le peuvent et ont sans aucun doute décidé de rester en ville tant qu’il y a du monde.
    — Ils me manqueront.
    Elle hésita.
    — Bien entendu, Don Gilabert n’est plus avec nous.
    — Nous les regretterons tous, maîtresse Raquel. Surtout les musiciens. Ils formaient une joyeuse paire.
    Un cavalier monté sur un cheval fougueux arriva derrière eux et interrompit leurs bavardages. Il se mit au pas en arrivant à la hauteur du sergent et lui présenta une sacoche.
    — Messire, je vous en prie, je cherche l’évêque de Gérone. C’est bien là son escorte, n’est-ce pas ?
    — Effectivement. Et voici l’évêque en personne.
     
    Berenguer était en grande conversation avec son médecin quand le messager l’aborda.
    — Votre Excellence, dit le nouveau venu. Je vous apporte une missive de l’archevêque, avec ses compliments.
    — De l’archevêque ? s’étonna Berenguer. Ouvrez-la, Bernat.
    — L’enveloppe que vous adresse Don Sancho renferme une autre lettre, Votre Excellence, l’avertit son secrétaire. Don Sancho écrit qu’elle arrive tout juste de Gérone.
    — Dans ce cas, vous n’avez pas besoin d’attendre une réponse, dit Berenguer au messager. Veuillez transmettre mes remerciements à Son Excellence.
    Quand l’homme, dûment récompensé, fut reparti, Bernat brisa le sceau et éclata de rire.
    — Qu’y a-t-il donc de si amusant ? lui lança Berenguer d’un ton glacial.
    — Oh, pardonnez-moi, Votre Excellence. Elle émane de Don Arnau et contient une troisième lettre. Sur l’enveloppe, Don Arnau écrit que tout va bien et que ce nouveau courrier est arrivé mercredi.
    Bernat rompit le nouveau sceau.
    — Celle-ci vient d’Empuries, Votre Excellence. De votre ami.
    — Il ne tarde pas à répondre. Lisez, Bernat.
    — Comme vous voudrez, Votre Excellence. Voici ce qu’il écrit. « Je regrette de vous informer qu’aucune de mes connaissances, qu’elles appartiennent aux saints ordres ou pas, ne porte le nom de Norbert de C., à l’exception toutefois d’un cousin âgé et dégénéré de la famille Cardona, lequel ne correspond en rien à votre description. Ainsi que vous l’avez souhaité, j’ai demandé à Rodrigue de Lancia s’il connaissait un moine du nom de Norbert. Il a d’abord déclaré ne se rappeler personne qui portât un tel nom. Puis il s’est souvenu qu’un gentilhomme aussi grossier que désagréable, un certain Gonsalvo de Marca, qu’il avait eu la mauvaise fortune de rencontrer, avait chaleureusement accueilli un moine ivrogne du nom de Norbert dans une auberge où tous étaient descendus. Il n’a rien ajouté à propos de ce Norbert. Soit il ne savait rien de lui, soit il ne désirait pas partager ses renseignements. Pour ma part, Don Berenguer, j’aimerais savoir… » Il s’intéresse à la situation actuelle de Votre Excellence.
    — Je lui répondrai plus tard. Mon ami répand les rumeurs aussi bien qu’une commère de village, Isaac, mais ce qu’il dit est d’un grand

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