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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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ainsi ?
    Gilabert attendit de se retrouver à l’air libre et de s’engager sur la pente qui conduisait à la route.
    — C’est uniquement, Votre Excellence, parce que je ne m’expliquais pas — je ne me l’explique toujours pas, d’ailleurs – sa présence au sein de votre colonne. J’ai été attaqué non loin de Gérone – jeté à terre, blessé, ligoté et emmené. J’ai vu mes agresseurs. Ils m’ont parlé. J’ai passé en leur compagnie des heures dont je me souviendrai longtemps. L’un d’eux m’a expliqué en riant que, quoi qu’il advienne, ils conserveraient au moins mon excellent cheval.
    Il hésita un instant avant de poursuivre.
    — À un moment donné de nos discussions, mon corps a cherché refuge dans l’oubli. Quand j’ai recouvré mes sens, j’étais dans ce champ, à huit lieues de la ville, arraché à la mort par un évêque bienveillant et un habile médecin. J’ai cru à un miracle jusqu’à ce que je découvre que mes sauveteurs détenaient mon cheval.
    — Et vous en avez conclu que vous aviez été attaqué par mes hommes ?
    — Peut-être suis-je trop enclin au soupçon, Votre Excellence, mais j’étais partagé entre l’envie de chercher refuge auprès des moines de Sant Pol et celle de demeurer parmi les vôtres pour connaître enfin la vérité. D’où les histoires fantaisistes à propos de mon passé.
    — Me prenez-vous toujours pour un coquin, Don Gilabert ?
    — J’ai décidé il y a quelque temps déjà que vous faisiez un assassin peu convaincant, Votre Excellence. Mais je ne m’explique toujours pas comment vous avez trouvé mon cheval.
    — Je n’ai rien fait. C’est lui qui nous a trouvés. Dès que le chariot qui vous emmenait s’est ébranlé, il est arrivé au grand galop derrière nous. Nous nous sommes renseignés, sans trouver quelqu’un qui admette l’avoir perdu. Le capitaine et moi-même avons supposé que c’était le vôtre et nous l’avons gardé : il avait dû échapper à vos agresseurs et vous avait suivi.
    — C’est aussi simple que cela ? s’étonna Don Gilabert. Jusqu’où allons-nous aujourd’hui ?
    — Jusqu’à Vilafranca, si tout va bien.
     
    Les ombres étaient déjà bien longues quand les murailles de pierre de Vilafranca leur apparurent, frémissantes dans la chaleur de la plaine. Ils approchaient de la porte du palais royal quand un page se précipita vers Gilabert.
    — Êtes-vous le père Gil ?
    — Oui, mon garçon.
    — J’ai une lettre pour vous. Le porteur regrette de ne pouvoir être présent.
    Gilabert examina l’écriture de l’adresse.
    — Et qui était-ce ?
    — Un autre moine gris, mon père, mais il ne m’a pas confié son nom.
    — Nul doute qu’il le révélera à l’intérieur. Merci.
    Gilabert mit pied à terre avant de briser le sceau et de déplier la lettre. Il la lut d’un bout à l’autre, la dissimula sous sa tunique puis monta dans la galerie, l’air extrêmement perplexe.
    Raquel confia sa mule à un garçon d’écurie sans quitter un instant des yeux Gilabert que cette missive semblait beaucoup préoccuper. Il lui était impossible d’ignorer la présence du jeune homme – de même qu’on ne peut oublier un abcès dans la bouche que la langue effleure constamment au risque de l’aggraver.

CHAPITRE II
    Les montagnes
     
    Une fois encore, les montagnes se dressaient devant eux, sombres et escarpées, mais désormais trop familières pour qu’on y prête attention. Les mules avançaient d’un pas sûr sans se préoccuper des ordres de leurs cavaliers. Quand elles abordèrent la piste menant au château de Castellvi, Raquel manifesta son étonnement.
    — Nous y sommes déjà. Je ne me rendais pas compte que c’était si près.
    — Comment va mon brave petit malade ? s’enquit Isaac dès qu’ils eurent pénétré dans la cour du castel.
    — Vous allez le voir par vous-même, répondit la dame du châtelain. Oh, je vous demande pardon, maître Isaac. Je ne voulais pas…
    — À ma propre façon, madame, je vois. Le choix des mots ne doit pas vous préoccuper, dit-il doucement.
    — Dans ce cas, venez avec moi, maître Isaac, vous et votre fille. Je vous en prie.
    Le bébé jouait avec un petit animal sculpté dans le bois ; quand il vit sa mère, il se releva et se mit à trottiner, maladroit certes, mais intrépide.
    — Ce sont ses pas que j’entends ? demanda le médecin de l’air le plus étonné possible après une longue

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