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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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défaut d’un autre. Or, mon oncle n’est plus. Les hommes qui l’ont tué ont payé leur forfait…
    — Vraiment ?
    — Mes loyaux amis, Andreu et Felip, y ont veillé.
    — Ah, s’écria Isaac, je me disais bien que, pour des étrangers, ils portaient une attention peu commune à vos intérêts.
    — Oui. Ils ont été pour moi les meilleurs des compagnons. Si nous étions restés ensemble, je suis sûr que j’aurais échappé à mes assaillants. Mais je devais être seul pour effectuer certaine mission, et vous voyez le résultat, ajouta-t-il d’un ton sec. Mes amis m’ont cherché avant de mettre leurs chevaux à l’écurie et de se joindre à vous. Nous étions en effet convenus de nous retrouver sur la route de Barcelone en cas de problème, et c’est ce que nous avons fait.
    — Ils ne pouvaient s’attendre que l’on vous découvre à demi mort dans un champ.
    — Effectivement, mais rien de ce qui m’arrive ne les surprend. À Vilafranca, j’ai reçu un mot d’eux m’informant que ces canailles avouaient avoir été soudoyées et qu’elles décrivaient leur maître du mieux qu’elles le pouvaient. Il ressemblait à un homme que j’ai peut-être déjà vu, mais dont je ne sais pas en quoi il peut m’être associé.
    — Pourriez-vous avoir un frère dont vous ignoreriez tout ?
    — Un frère ? Non, je n’ai pas de frère. J’en suis certain.
    — Comment en être aussi sûr ? Ce pourrait être le fils de la maîtresse de votre père – nombre de gentilshommes respectables ont plus de fils qu’on ne leur reconnaît habituellement.
    — Maître Isaac, vous allez me trouver naïf, je n’en doute pas, mais c’est une chose à laquelle je ne puis croire. Mes parents étaient très proches. Aussi loin que remontent mes souvenirs, ils n’étaient jamais longtemps l’un sans l’autre. Ils se sont mariés jeunes et ont entremêlé leurs existences comme des plantes grimpantes.
    — Ils n’auraient eu qu’un seul enfant ?
    — Un seul qui fût assez robuste pour devenir adulte. Tous les autres sont morts en bas âge. Ma mère était peut-être trop jeune pour porter des enfants sains – en tout cas, c’est ce que racontaient les serviteurs.
    — C’est parfois le cas, reconnut Isaac. Vous n’avez pas de cousin susceptible de revendiquer vos biens après votre mort ?
    — Non. Ma mère avait deux frères – l’oncle Fernan, qui n’avait pas de descendant, et un autre mort très jeune – ainsi qu’une sœur, qui est religieuse. Aucun des frères ou des sœurs de mon père n’a dépassé l’âge de l’enfance, à l’exception d’une demi-sœur ; son père s’était remarié avec une veuve déjà pourvue d’une fille. Elle n’a pas eu d’autres enfants.
    — Cette demi-sœur a-t-elle eu des enfants ?
    Gilabert réfléchit.
    — Pas dans les liens du mariage. Si je dois en croire les bavardages des serviteurs, elle a eu un fils bâtard, maître Isaac. Il a été élevé par une nourrice et elle-même est entrée au couvent. Mais peut-être rien de cela n’est-il vrai. Ma nourrice était une fontaine de rumeurs et d’informations, mais aussi de renseignements inexacts.
    — Il pourrait donc exister un homme persuadé que ses rapports avec la propriété sont assez étroits pour en hériter en l’absence d’autres héritiers. Quel âge aurait-il ?
    — Nous ne sommes pas du même sang, mais c’est exact, il pourrait exister. Quant à son âge, je ne saurais le dire. Je crois que sa mère était assez jeune, mais peut-être n’est-ce qu’une impression d’enfance. Si elle vit encore, elle aurait aujourd’hui plus de quarante ans. Je ne pense même pas avoir entendu son nom.
    — La rumeur ne citait-elle pas celui du père ?
    — Étonnamment, non. Les spéculations devaient aller bon train. Ma nourrice racontait qu’il s’agissait certainement d’un palefrenier ou d’un forestier de belle allure, sans le sou, on s’en doute, que les biens de cette femme étaient allés au couvent et que l’enfant mourait pratiquement de faim. Mon précepteur prétendait quant à lui que l’amant était un homme riche qui avait pourvu à l’éducation de l’enfant. Qui croire ? Mon précepteur et ma nourrice étaient tous deux de grands menteurs. Il faudrait interroger les autres serviteurs, mais chacun d’eux nous servirait certainement une version différente de l’aventure de cette pauvre femme.
    Isaac secoua la tête.
    — Que pouvez-vous

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