Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
longtemps pour remplir deux pages, s’arrêtant parfois pour prendre le temps de la réflexion. Il se relut et apporta çà et là quelques précisions. Il plia avec soin le papier et regarda autour de lui, l’air désemparé. Il n’y avait pas de cire à cacheter. La chandelle était de suif, et sa graisse ferait un pitoyable sceau. Il prit donc un ruban dans son sac et noua les feuilles. Il fouilla dans sa manche pour en sortir un paquet enveloppé dans du cuir et scellé de rouge. Il entreprit de le défaire comme pour y glisser sa lettre, puis il parut se raviser. Il remit le paquet dans sa manche et fourra la lettre sous sa large ceinture. Il saisit son balluchon et se dirigea vers l’écurie pour y trouver la jument grise.
     
    Aux premières lueurs de l’aube, la femme de l’aubergiste regarda le mort allongé sur le lit, bâilla, marmotta une patenôtre, se signa et l’abandonna, persuadée que son âme était en sécurité maintenant qu’il faisait jour. Dès qu’elle fut revenue dans sa cuisine, Gonsalvo et Rodrigue entrèrent dans la chambre chichement éclairée du mort. Gonsalvo prit la musette du messager et en vida le contenu sur un banc.
    — Du linge de rechange et une capuche de laine – cela et d’autres brimborions.
    — Ces documents ne se trouvent pas avec ses objets personnels, dit sèchement Rodrigue. Ils doivent être dans sa sacoche officielle. Il l’aura gardée par-devers lui.
    Les deux hommes se regardèrent avec une certaine gêne. Puis Rodrigue s’avança, glissa les doigts sous le matelas, palpa les draps et finit par fouiller le corps lui-même. Presque aussitôt, il se redressa, une sacoche scellée de belle taille à la main. Il la tendit à Gonsalvo, puis redonna une position digne aux membres du mort. Il lissa les draps, prit son propre sac et se dirigea vers l’écurie sans un regard pour son compagnon.
    De la fenêtre qui donnait sur l’écurie, le jeune homme élégant observait tous leurs gestes.
     
    Les deux hommes parcoururent une lieue en direction de Gérone avant de faire halte au bord de la route.
    — Je dois bientôt vous quitter, Don Gonsalvo, dit Rodrigue. Voyons ce que nous avons ici.
    Gonsalvo mit pied à terre et décrocha de sa selle la sacoche du messager. Il s’assit sur une grosse pierre et poussa un profond soupir.
    — J’ai trouvé cette nuit bien épuisante, Don Rodrigue. Je ne suis pas aussi jeune que vous.
    Rodrigue s’accroupit devant lui et ouvrit le sac. Il en fouilla le contenu puis, frustré, le vida sur le sol. Il contenait des lettres et d’autres documents ; il descella chaque pièce, l’étudia à la lueur naissante du matin et la mit de côté. Gonsalvo prit la dernière et la déplia.
    — Qu’est-ce ?
    — Une sorte de liste, annonça-t-il d’une voix morne. Elles ne sont pas ici. Aucune d’elles.
    — Puissent tous les diables de l’enfer emporter ce maudit messager ! Il a dit à la servante de l’auberge précédente qu’il les portait sur lui. Il résistait bien au vin, mais les femmes étaient sa faiblesse.
    — Quelqu’un les a peut-être prises avant nous, suggéra Gonsalvo.
    — C’est fort probable. Son cheval avait disparu. Et une seule personne pouvait…
    Il s’arrêta en entendant approcher un cheval.
    — Regardez, c’est le jeune maître Fortunat, dit Gonsalvo.
    — Effectivement, fit celui-ci. Et pourquoi êtes-vous assis au bord de la route, entourés de papiers et de parchemins ?
    — Nous avons emprunté la sacoche du messager, expliqua Gonsalvo.
    — Cela ne regarde que nous, s’interposa Rodrigue, et…
    — Nous cherchons des documents qui nous étaient destinés. Il nous a paru absurde de partir en les abandonnant. Le pauvre homme est mort la nuit dernière, comme vous le savez.
    — Non, je l’ignorais. Puisse son âme reposer en paix, dit Fortunat, en se signant. Mais avez-vous trouvé vos documents ?
    — Non. Il a dû les confier à quelqu’un d’autre quand il a senti la maladie le gagner. Et sa jument grise n’est plus dans l’écurie.
    — J’étais moi-même éveillé cette nuit, raconta Fortunat. Et j’ai vu le moine partir avant l’aube. Sur un cheval à la robe claire.
    — Il était arrivé à pied. Enfin, c’est ce que l’on nous a raconté. Il les a emportées, Don Rodrigue, dit Gonsalvo en le saisissant par le bras. Et il est parti à cheval. Qu’il pourrisse en enfer ! Je lui trancherais volontiers la gorge. Que ne donnerais-je pour voir

Weitere Kostenlose Bücher