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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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ces papiers. Un seul coup d’œil…
    — Oui, combien donneriez-vous ? demanda Fortunat qui le considérait avec un intérêt certain.
    — Combien ? fit Gonsalvo, pris par surprise. Eh bien… cinq maravédis pour connaître le résultat de l’affaire qui m’intéresse.
    — Je vous prie de m’excuser, messieurs, intervint Rodrigue avec froideur, mais j’ai déjà gaspillé assez de temps et d’argent pour une seule lettre du pape. Mes hommes m’attendent à la croisée des chemins. Je vous dis adieu. Et vous souhaite un bon retour dans vos foyers.
    Il monta en selle et s’éloigna.
    — Je dois retourner à l’auberge, dit Gonsalvo, pour secouer les brutes qui travaillent pour moi.
    — Vous ne vous intéressez donc plus à votre document ? lui demanda le jeune homme.
    — Comment le récupérerais-je ? Je ne puis espérer que le moine tombe raide mort comme le fit le messager.
    — Non, mais si je le rattrape, nul doute que je pourrai le persuader avec un peu d’or de me laisser entrevoir ce qu’il transporte. Il paraissait aimer le vin et les bonnes choses de la vie. Après tout, ce qui est scellé peut être descellé, puis scellé à nouveau. Comme vous le savez fort bien.
    Il regarda le contenu de la sacoche qu’éparpillait le vent du matin.
    — Mais vous devez prendre une prompte décision, car il s’éloigne de plus en plus. Où puis-je vous trouver pour vous faire part du résultat de mes recherches ?
    — À Barcelone. Je séjournerai quelque temps dans cette ville. Restez un instant, nous allons discuter de cela.

CHAPITRE V
    Le premier jour
     
    Mardi 22 avril
     
    Les mules avaient été attelées aux chariots en attendant le départ, et l’on voyait bavarder un des gardes, le chef cuisinier, son aide et un marmiton – Son Excellence n’aurait pu se passer d’un dîner digne de ce nom pour une question de personnel. En qualité de superviseur, le palefrenier regardait son adjoint, également du voyage, donner des ordres aux deux gaillards maladroits qui remplissaient les charrettes. Le premier chariot était bourré de bagages ; ustensiles de cuisine, sacs pleins de provisions et autres babioles avaient été accrochés aux planches qui en formaient les parois. Le second était plus léger, et son plancher avait été recouvert d’une épaisse couche de paille sur laquelle on avait jeté une couverture grossière ainsi que quelques coussins afin de procurer un peu de confort à ceux qui auraient mal aux pieds ou seraient las d’être en selle.
    Les serviteurs de la maison de l’évêque formaient un groupe disparate mais joyeux en tête du cortège. Au nord de la place, un petit groupe d’employés du couvent s’était réuni. Vers l’est, non loin de la porte du Call, le quartier juif d’où ils venaient de sortir, on pouvait voir la famille et les serviteurs du médecin. Son épouse, Judith, se tenait immobile tel un roc, l’air désapprobateur comme si on l’emmenait de force à Tarragone alors que c’était elle qui avait insisté pour venir. Naomi, leur cuisinière, et Ibrahim, l’homme à tout faire, avaient l’air sombre : ils venaient juste de comprendre, au vu de tout ce monde, qu’ils chemineraient avec le reste des serviteurs.
    Nathan et Miriam, les jumeaux âgés de sept ans, se tenaient près de la porte, à demi cachés derrière une grosse femme d’aspect fort maternel. Judith avait décidé – bien à contrecœur – de les laisser chez son amie Dolsa, l’épouse du gantier. La révolte flambait dans les yeux de Miriam, et Nathan semblait terriblement déçu de voir leur mère et leur sœur sur le point de partir à la découverte des fabuleuses délices de Tarragone.
    Raquel se tenait près de sa mère et ressemblait à un paquet de couleur brune, tout enveloppée de voiles pour la protéger des regards indiscrets. La veille au soir, Daniel, le neveu de Dolsa et d’Ephraïm le gantier – le jeune homme le plus charmant qu’elle connût –, était venu leur souhaiter un bon voyage. En plein échange de politesses, il lui avait brusquement et sans détour demandé de ne pas consentir à un mariage à Tarragone. Surprise, elle lui avait répliqué que son mariage ne le regardait en rien. Il avait rougi, s’était incliné et s’en était allé sans un mot. Elle avait ensuite passé la majeure partie de la nuit éveillée, à pester contre l’audace de ce jeune homme mais aussi contre son propre manque de courtoisie ;

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