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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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que s’intéresser au comportement étrange des adultes ne pouvait que causer des ennuis. Mais détaler signifiait aussi revenir sans eau : des ennuis d’une autre sorte l’attendraient alors à la maison.
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda la fillette.
    — Venez-moi en aide, fit une voix faible mais grave, et assurément masculine.
    C’était exactement le cri de détresse que lançaient les créatures fantastiques des contes de sa tante. Elle était tiraillée entre terreur et curiosité. Prudente, elle déposa sa cruche – afin de mieux courir s’il le fallait – et écarta les herbes pour découvrir celui qui avait ainsi parlé.
    C’était un homme. Il gisait à terre. Sa tête et sa poitrine étaient couvertes de sang. C’était un moine, elle l’avait compris, comme le père Bernat qui était un jour venu voir sa mère pour l’entretenir d’une chose importante et lui avait donné une petite pièce en partant.
    — Quelqu’un vous a fait du mal ? demanda-t-elle.
    Il ouvrit les yeux. Elle n’aurait pu dire s’il la regardait ou pas, et elle en avait encore plus peur. Il souleva le bras et lui prit la main.
    — Tiens, donne ceci à…
    Un spasme puis une quinte de toux l’ébranlèrent.
    Elle vit que son autre main tenait quelque chose plaqué contre sa poitrine ensanglantée.
    — À qui dois-je le donner ? demanda l’enfant.
    — À qui ?
    Ses yeux ternes ne parvenaient pas à se fixer sur elle.
    — À… à l’évêque, dit-il dans un souffle. En… en main propre. Jure… que tu lui donneras…
    Un peu de sang jaillit de sa bouche et il ferma les yeux.
    — Jure, et laisse-moi mourir ici comme je le mérite, ajouta-t-il avec une vigueur soudaine.
    Elle se détourna et courut, sans toutefois omettre de reprendre sa cruche.
     
    Elle ne s’enfuyait pas vraiment, car elle se rendait bien compte qu’elle ne pouvait lui venir en aide seule. Mais les adultes compétents qu’elle pensait approcher semblaient tous avoir disparu de chez eux : mère, père, grand-père et voisins. Elle finit par dénicher son oncle Marc, qui dormait encore après une nuit particulièrement rude. Il quitta à regret son lit, envoya sa femme chercher sa sœur – la mère de la fillette – et suivit l’enfant jusqu’au pré.
    Il était trop tard. Le jeune oncle contempla le moine mort et secoua la tête. Sans aucun doute, il était déjà trop tard quand sa nièce était partie chercher du secours. Il se pencha pour fermer les yeux du mort et n’accorda que peu d’attention à l’arrivée de la mère de la petite.
    Elle serrait son nouveau-né contre son sein et paraissait partagée entre la peur et la satisfaction.
    — Je t’avais bien dit de ne pas approcher les étrangers, fit-elle, hors d’haleine.
    — Mais, maman, c’est un prêtre…
    — Les prêtres peuvent aussi être des étrangers, non ? déclara-t-elle de façon assez énigmatique. En tout cas, tu as fait de ton mieux. Qui est-ce ?
    — Je ne sais pas, répondit la fillette. Il ne m’a pas confié son nom. Il avait seulement quelque chose de très important qu’il fallait remettre à l’évêque. Il m’a obligée à jurer.
    Elle désigna la main crispée sur une lettre.
    La mère fit passer le bébé sur sa hanche, arracha le papier aux doigts morts et l’examina.
    — Ce n’est que de l’écrit, fit-elle, déçue. Et c’est tout taché de sang. Je croyais qu’il y aurait peut-être de l’argent.
    Marc lui prit la lettre.
    — C’est peu probable, sœurette. Celui qui l’a tué lui a aussi arraché sa bourse. Je vais porter ça à l’évêque dès ce matin.
    — Il est parti en voyage.
    — Eh bien, je le porterai à son remplaçant. Il n’a rien dit d’autre ? demanda-t-il à sa nièce. Ils vont m’interroger.
    — Je n’en sais rien.
    Elle était peu encline à tout leur raconter.
    — Je crois bien que c’est tout, reprit-elle. Je le comprenais, mais il ne parlait pas comme il faut.
    — Non mais, qui es-tu pour juger de la parole des saints hommes ? s’exclama sa mère.
    Elle se soulagea en pinçant l’oreille de sa fille.
    — Et en plus tu n’es même pas allée chercher l’eau. Comment je vais cuire le dîner, moi ?
    — Va au puits, conseilla Marc. C’est plus près d’ici.
    — Elle n’arrive pas à tirer l’eau du puits, dit la mère. Le seau est trop lourd pour elle.
    — Alors vas-y toi-même, feignante ! lui lança-t-il.
    La fillette revint en larmes à la

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