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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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de la colline, sur sa droite, et se dirigeaient vers les trois sœurs.

CHAPITRE VIII
    Le bosquet ombragé
     
    Une douzaine d’hommes ou plus – en fin de compte, personne ne fut jamais sûr de leur nombre – étaient descendus en silence des collines alentour, s’étaient faufilés dans le bois et avaient contourné les rochers avant de se diriger vers les voyageurs disséminés et somnolents. Le capitaine se tenait sur une petite butte d’où il pouvait voir les animaux paître et leurs gardiens endormis tout en bavardant avec son sergent.
    Isaac fut le premier à remarquer que quelque chose n’allait pas. Mollement appuyé contre un gros arbre à l’écorce douce, il était assis près de son patient blessé et réfléchissait. La plupart des membres du groupe avaient l’air agité et malheureux, à l’exception de Judith qui allait revoir sa sœur et était aussi gaie qu’un enfant qui vient de recevoir un nouveau jouet. De Yusuf, aussi, pour qui monter ce cheval semblait un plaisir incomparable. Mais, même ainsi, le jeune garçon paraissait nerveux et inquiet tandis qu’il faisait route vers le sud. Isaac ne savait que peu de choses du long chemin qu’il avait parcouru depuis Valence et des années passées après que son père eut été tué pendant la rébellion. Nul doute qu’il était agité par des souvenirs douloureux et effrayants.
    Penser à tout cela ne l’empêchait en rien d’être conscient des bruits innombrables qui l’entouraient. La voix grave des gardes qui chuchotaient, le tintement des marmites, Yusuf à ses pieds, Judith et Raquel à son côté, et la respiration paisible de ceux qui dorment. De temps en temps il percevait les voix aiguës des religieuses. Mais nullement les animaux, que l’on avait dû mettre à paître à quelque distance de là, rien non plus des garçons d’écurie qui, quand ils n’étaient pas au travail, jouaient et criaient comme n’importe quel enfant. Harassés, eux aussi devaient s’être endormis. Et puis, soudain, les quelques oiseaux qui piaillaient et se disputaient dans le bosquet firent silence. Des branches sèches craquèrent sous un pied, à plusieurs reprises et en plusieurs endroits. Des feuilles sèches bruirent plus intensément que sous l’effet de la brise qui soulevait ses cheveux.
    Il se pencha et posa la main sur l’épaule de Yusuf.
    — Tu es réveillé ? murmura Isaac.
    Un instant d’hésitation.
    — Oui, seigneur.
    — Ne fais pas de bruit. Je crois qu’il y a dans le bois quelqu’un qui vient vers nous. Dis-le au capitaine. Où est mon bâton ?
    — Près de votre main gauche, seigneur, répondit Yusuf avant de disparaître.
     
    Avant que Yusuf pût trouver le capitaine, la voix de ténor un peu nasillarde du confesseur des religieuses se fit entendre dans le bosquet.
    — Laissez cette femme ! hurla-t-il.
    Et ce fut le chaos général.
    — Judith ! Raquel ! Emmenez Gilabert et cachez-vous ! lança Isaac.
    — Maman, vous voyez ce gros tronc d’arbre abattu sur le sol ? Nous serons à l’abri derrière, dit Raquel en se relevant.
    Elle se pencha pour attraper une extrémité de la litière improvisée pour le blessé.
    — Aidez-moi à le soulever.
    — Isaac, vous devez venir avec nous, exigea Judith qui n’avait pas bougé. Je ne vous laisserai pas ici.
    — Ridicule. Je demeurerai derrière cet arbre. Maintenant, ma femme, allez-vous-en, je vous l’ordonne !
    Il se leva et, bâton à la main, fit en sorte que l’arbre se trouve entre lui-même et le bruit de l’attaque.
    Judith se leva à son tour, mais ne chercha pas à soulever la litière.
    — Isaac, vous ne pouvez rester ici.
    — Emportez notre malade dans un lieu sûr et ne le quittez pas. Je ne puis voir pour le faire moi-même. Allez, sur-le-champ !
    Judith et Raquel emmenèrent la litière dans un buisson. Elles déposèrent Gilabert derrière le tronc couché et se tapirent à côté de lui.
    Et brusquement le bois, la clairière, tout fut envahi par des hommes qui couraient.
     
    Naomi entendit des bruits étranges alors qu’elle remuait le riz dans un pot. Elle écouta, ajouta du safran et remua de nouveau. Les bruits ne cessaient pas. Elle s’immobilisa, le front plissé, et s’adressa à Ibrahim.
    — Je ne sais pas trop ce qui se passe par là, mais si ça continue trop longtemps, le dîner va être gâché.
    Elle prit un grain de riz dans la cuiller qu’elle tenait à la main et le mâcha d’un air songeur.

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