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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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Puis elle se saisit d’une grosse louche en métal.
    — Éteins le feu, Ibrahim, et pose un linge sur le riz. Je m’en vais voir ce qui se passe.
    Elle s’empara d’un grand couteau de cuisine, au cas où il y aurait vraiment du danger, et s’en alla. Pas une seconde il ne lui serait venu à l’esprit d’envoyer Ibrahim à sa place.
    Naomi rencontra Yusuf à la lisière du bois. Il posa un doigt sur ses lèvres, la prit par le poignet et l’entraîna, courbée en deux, vers son maître et sa maîtresse. Près de l’arbre, Isaac écoutait attentivement, son bâton prêt à parer toute attaque. Yusuf abandonna Naomi et franchit la courte distance qui le séparait de son maître. Isaac se retourna en entendant le bruissement des pieds de Yusuf sur le sol et leva son bâton.
    — C’est moi, seigneur, murmura l’enfant. Je l’ai dit au capitaine et, en revenant, je suis tombé sur Naomi. Où est la maîtresse ?
    — Vois-tu un tronc d’arbre couché sur le sol ?
    — Oui.
    — Ils sont derrière.
    — On ne peut les voir d’ici. Nous sommes assaillis par des brigands, seigneur. Pour l’instant, ils sont encore loin de nous, et s’ils restent où ils sont, vous ne craignez rien près de cet arbre. Mais s’ils se rapprochent, vous ferez une cible très visible. Restez avec la maîtresse et le blessé, on ne pourra vous voir. Je vous en supplie, seigneur. Les brigands connaissent les bois, pas vous.
    — Qui va là ? demanda Isaac en tournant la tête.
    — C’est Andreu, dit Yusuf.
    — Maître Isaac, fit le musicien d’une voix douce, si vous m’autorisez à me servir de ce bâton, je pourrai offrir mon aide aux officiers car je n’ai pas d’arme.
    — Je vous en prie, seigneur, intervint Yusuf, donnez-le-lui. Ensuite mettez-vous à l’abri.
    En silence, Isaac confia son bâton à Andreu et laissa Yusuf l’emmener dans un endroit sûr.
     
    Au moment où Naomi s’avançait armée d’une louche et d’un couteau pour régler la querelle qui avait éclaté dans le bois, le capitaine et son sergent traversaient le pré en direction des bruits de lutte. Soudain le sergent saisit son capitaine par la manche et le fit se baisser.
    — Regardez, messire, sur votre gauche. En lisière du bois. Le soleil se reflète sur de l’acier.
    — Combien sont-ils ? demanda le capitaine, car son sergent avait la réputation d’avoir la vue perçante.
    — Six… dix… peut-être même une douzaine.
    — Ils se dirigent vers les chariots à bagages, je les vois à présent.
    — Ils vont tuer tous ceux qu’ils rencontrent.
    — Nous ferons ce que nous pourrons. Où sont les autres ?
    — Toujours à leurs postes. Comme nous n’étions pas par paires, je crains qu’ils n’aient été submergés.
    — Et les palefreniers ? murmura le capitaine. Qu’est-il arrivé à ces deux imbéciles ?
    — Je ne les ai pas vus depuis que nous avons fait halte, répondit le sergent sur le même ton.
    — Nous n’avons aucune chance sans eux.
    — Dois-je leur ordonner de venir ?
    Le capitaine fit signe que oui.
    — Je vais ramener ces vilains par ici, prévint le sergent.
    — Qu’il en soit ainsi.
    — Jaume ! Marc ! rugit le sergent en se relevant et en tendant la main à son officier supérieur.
    Il n’y eut pas de réponse des palefreniers, mais les hommes qui marchaient dans le bois se retournèrent, virent deux soldats seuls et traversèrent la prairie. Ils étaient six.
    Les officiers tirèrent leurs épées et se consultèrent du regard. Le sergent indiqua un traînard, sur la gauche, et le capitaine désigna celui qui venait en tête. À moins que leurs assaillants fussent des novices en matière de maniement d’armes, leur seul espoir – bien faible au demeurant – consistait à les prendre l’un après l’autre, très rapidement.
    Deux guerriers entraînés faisaient face à six hommes désorganisés, à l’air indiscipliné. Même ainsi, et indépendamment de l’allure peu impressionnante de leurs adversaires, les chances de les battre étaient assez minces. L’affrontement avait lieu en terrain découvert. Six ou huit brigands cachés dans les bois étaient prêts à prendre la place de ceux qui tomberaient. Les deux gardes ne pouvaient compter sur aucun renfort. Les palefreniers étaient partis ; les autres gardes étaient, de toute évidence, également attaqués – l’un d’eux avait pour ordre de ne jamais laisser seule Sor Agnete, quelles que fussent les

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