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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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chemin.
    — Laisserai-je partir celui-ci ? demanda le sergent en désignant celui qui s’était montré complaisant.
    — Si vous voulez. De toute façon, il n’ira pas très loin.
     
    — Dois-je aller chercher les palefreniers ? demanda le sergent une fois qu’il eut nettoyé et mis au fourreau son poignard.
    — Vous savez où ils peuvent être ?
    Le capitaine contemplait le pré, où mules et chevaux se mêlaient les uns aux autres de façon amicale.
    — Non, dit le sergent en secouant la tête. Soit ils sont morts, soit on les aura payés.
    — Bien sûr, répondit le capitaine, impatient. Et nous n’avons pas de temps à perdre.
    — Je suis curieux. Je préférerais apprendre qu’ils ont été cupides plutôt qu’assez sots pour se laisser trancher la gorge. Je les ai entraînés. Oh, je ne m’attends pas à retrouver leurs cadavres, capitaine. Leurs chevaux ne sont pas là. Mais je crois que Son Excellence aimerait que nous fassions un tour dans le champ avant de partir. Rien que pour vérifier.
    — Je le crois aussi.
    — Mais pourquoi est-ce qu’ils soudoieraient des palefreniers ? demanda le jeune Enrique.
    — Parce que ces bâtards n’étaient pas de véritables palefreniers, lui expliqua le sergent. C’étaient des gardes, des hommes à nous. Armés, expérimentés. Son Excellence pensait que c’était une bonne idée que d’avoir dans une expédition comme celle-ci un ou deux hommes de plus qui ne fussent pas en uniforme. C’est un homme prudent. Et un bon tacticien. Mais malgré tout… il est difficile de prévoir la trahison.
     
    En fin de compte, cette halte dans le bosquet leur fit perdre près de trois heures – bien au-delà des plus sombres prévisions du capitaine. Dans une ambiance de célébration abondamment arrosée, le repas, le nettoyage et le rangement des ustensiles puis la remise en route prirent beaucoup de temps. Le sergent scruta le ciel, où quelques nuages passaient devant le chaud soleil de midi, et il secoua la tête.
    — Je doute que nous ayons une chance, capitaine.
    Ce dernier acquiesça.
    — Nous allons marcher jusqu’à ce que le soleil soit au-dessus des collines. Si nous ne sommes pas en vue de Barcelone, quelqu’un devra nous précéder pour chercher un logement.
    Le reste du groupe s’ébranla gaiement et connut le sort de ceux pour qui tout commence trop bien. Quand la route les eut menés dans la plaine, l’effet du vin se dissipa et, avec lui, la joie et la torpeur qu’il avait suscitées. À l’exception des cuisiniers, tous les combattants portaient quelque trace de la bataille – coupures profondes ou superficielles, bleus, égratignures –, et ce sauvage affrontement avait laissé leurs corps endoloris. Devant eux, il n’y avait qu’une route plate et interminable qui menait à Barcelone, seulement ponctuée de rivières ou de villages endormis dans la chaleur de midi.
    Le soleil tapait fort, et le rythme de la marche ralentit. Une fois encore ils firent halte là où il y avait de l’eau et de l’ombre, par pitié pour les bêtes plus que pour les humains. Les cuisiniers distribuèrent la viande froide, le pain et le fromage en provenance des cuisines du monastère. Gilabert dormait mal et parlait dans son sommeil, apparemment inconscient de la chaleur, des mouches et des soubresauts du chariot. Judith et Naomi l’éventaient à tour de rôle et faisaient couler de l’eau fraîche sur son front.
    Ils repartirent après avoir repris ce qui devenait peu à peu leur formation habituelle. La charrette transportant le jeune homme malade venait en tête afin de lui épargner la poussière soulevée par le reste du train. Raquel, son père et Yusuf chevauchaient à ses côtés ; il était également accompagné des musiciens. Le cuisinier et ses marmitons marchaient entre les chariots, un œil sur les vivres et l’autre sur le reste des serviteurs. Tous les autres changeaient de place selon leur humeur ou l’état de la route.
    Le soleil rougissait déjà et plongeait vers les collines qui se dressaient sur leur droite.
    — Elle est encore loin, la ville ? s’inquiéta le jeune marmiton.
    — Oui, lui répondit l’aide-cuisinier.
    — Nous n’y serons jamais ce soir, ajouta le confesseur des religieuses.
    La solitude et le désir de conversation l’avaient poussé à s’attacher au groupe des cuisiniers. Il avait mis pied à terre et conduisait sa mule : il lui était plus facile de la diriger ainsi

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