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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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le quitter, sache que Sa Majesté comprend comme tout un chacun l’affection et la loyauté. Elle te trouvera peut-être ridicule, mais elle ne sera pas offensée. De même, son épouse, la reine, ne sera pas davantage froissée, et elle a plus d’emprise sur ses pensées que n’importe lequel de ses conseillers.
    — Merci, Votre Excellence.
    — Je vois que Ruffach se dirige droit sur moi, dit Berenguer. Peux-tu attendre un instant ? Après avoir discuté de certaines affaires avec le vicaire général, je saurai quel message retourner à mon bon maître Isaac.
    — Certainement, Votre Excellence. J’attendrai votre retour près de la porte.
     
    À pas feutrés, comme toujours, Yusuf revint vers la grande salle à manger. Il trouva à s’installer dans l’embrasure d’une haute fenêtre dont les pièces de verre qui la constituaient étaient si adroitement façonnées qu’elles empêchaient le vent d’entrer et permettaient à la lumière de passer. Il voyait le jardin aussi nettement que s’il n’y avait rien devant ses yeux. Yusuf était impressionné. Même maître Mordecai – assez riche pour avoir des gobelets et des carafes à vin en verre – n’avait qu’une fenêtre vitrée. Ici, la salle en était pleine.
    Deux hommes s’attardaient à table et lui tournaient le dos, tout à leur conversation. Comme il s’ennuyait, le garçon décida de s’intéresser un peu à eux. Les serviteurs débarrassaient la longue table et emportaient les reliefs du somptueux repas. Alors qu’ils achevaient leur tâche et s’éloignaient, les voix des hommes se firent plus nettes et plus difficiles à ignorer. Il écouta donc, saisit quelques mots et regarda pour voir de qui il s’agissait. Ce n’étaient pas des prêtres. L’un d’eux était Gonsalvo, car nul autre à ce dîner ne portait de tunique ainsi coupée ; l’autre était plus jeune et paraissait vêtu à la dernière mode. Il n’avait pas mangé au palais, pourtant Yusuf avait l’impression de l’avoir déjà vu.
    C’est alors que le mot « Gilabert » le fit sursauter. Il écouta pour de bon.
    — C’est tout ce que je sais de son état, dit Gonsalvo.
    La réponse fut trop faible pour que Yusuf l’entendît.
    — Et qu’est-il advenu de l’argent que j’ai versé à Norbert ? reprit Gonsalvo.
    Son compagnon se leva.
    — Je ne sais rien de cela, dit-il. J’en suis désolé.
    Il sourit, posa une main consolatrice sur l’épaule de Gonsalvo et se pencha pour murmurer à son oreille.
    Gonsalvo secoua la tête. Tandis que le jeune homme se retirait, son regard sembla se porter droit sur Yusuf, mais ses yeux étaient aussi vides que ceux d’une statue. Il se leva à son tour, attendit quelques instants, puis sortit d’un pas rapide.
     
    — Son Excellence m’a chargé de vous dire qu’elle ne s’est jamais sentie mieux. Sa Majesté a consenti à la recevoir demain et lui a demandé de me faire venir.
    C’était de toute évidence une question, et Isaac y répondit.
    — Bien entendu, tu peux y aller. Tu dois y aller, puisque Sa Majesté le souhaite. Quoi d’autre ?
    — Elle n’a pas besoin de vous en tant que médecin, mais elle aimerait avoir quelque conversation avec vous si vous pouvez la retrouver demain matin.
    — Alors nous irons. Tu as trouvé le palais épiscopal sans difficulté ?
    — Oui, seigneur, fit Yusuf d’une petite voix.
    — Que s’est-il passé ? demanda Isaac dont l’oreille remarquait la moindre hésitation.
    — J’ai été attrapé par un marchand d’olives. Il m’a pris pour un esclave musulman, ajouta-t-il avec beaucoup d’amertume. Bien que je sois de meilleure naissance que lui.
    — Je pense que pendant notre séjour ici il vaudrait mieux que tu ne sortes pas seul de la maison de Mordecai.
    — J’ai vécu en sécurité pendant si longtemps que je croyais être trop vieux pour tomber aux mains d’avides marchands, répondit-il. J’ai honte.
    — Oublie ta honte, Yusuf, mais méfie-toi d’un excès de confiance. Nous ne sommes pas vraiment en sécurité ici où l’on ne nous connaît pas.

CHAPITRE II
    Le sabbat
     
    Le long et cérémonieux repas de sabbat semblait ne devoir jamais s’achever. Raquel se sentait fatiguée et seule, prise dans le feu nourri des conversations. Sa mère et la jeune épouse de Mordecai étaient entièrement absorbées par les enfants du couple, deux garçons et une fille, qui riaient et se bousculaient, puis se montraient pleins de

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