Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
l’intérieur du palais. Il secoua la tête. C’était une façon trop compliquée et trop coûteuse de prévenir des serviteurs du retour de leur maître. Ce jeune homme à la voix menaçante – car il avait des accents juvéniles – avait empoisonné l’air printanier.
    — Maître Isaac, nous nous excusons pour ce retard, fit la voix familière du secrétaire de l’évêque. J’espère que le temps ne s’est pas écoulé trop lentement.
    — Pas du tout, père Bernat. Cela a même été fort intéressant. Ce verger abrite des oiseaux qui chantent de bien étranges chansons.
     
    Berenguer suivit un valet dans l’escalier qui menait aux appartements privés de Sa Majesté. Don Pedro, comte de Barcelone et roi d’Aragon, avait passé la matinée en compagnie de son secrétaire et de son trésorier, Bernat d’Olzinelles. Les hommes travaillaient à une table couverte de documents, et seuls deux gardes veillaient sur eux. Berenguer scruta rapidement le visage du monarque pour tenter d’estimer le degré d’agacement que Don Pedro éprouvait à son égard.
    — Votre Majesté, dit-il en s’inclinant. Je vous suis très reconnaissant de m’avoir accordé cette audience.
    — Nous sommes toujours enchanté de vous voir, Don Berenguer.
    Un discret geste de la main de la part de Don Pedro enjoignit à l’évêque de s’asseoir. Quelqu’un entra dans la pièce pour déposer devant lui du vin et de l’eau ainsi que des coupelles contenant des amandes et des olives épicées.
    — Vous êtes à Barcelone pour nous porter une lettre, Don Berenguer ? s’étonna le roi. Voilà une curieuse mission pour un évêque.
    — Je l’admets, Votre Majesté. Mais cette lettre est entrée en ma possession dans des circonstances si singulières que je n’ai pu décider si elle était ou non de grande conséquence. Comme voir Votre Majesté est toujours pour moi une source de réconfort et de plaisir, j’ai profité de cette excuse pour vous l’apporter moi-même.
    — Quelles étaient donc ces singulières circonstances ?
    — Cette lettre a été découverte par une petite fille sur le corps d’un franciscain assassiné. Un frère que personne ne connaît. Ce qui, dans mon diocèse, est assez singulier.
    — Nous aimerions voir cette missive.
    — Certainement, Votre Majesté.
    Le secrétaire de Don Pedro s’avança, prit la lettre des mains de l’évêque et la déposa devant le roi.
    Don Pedro la retourna.
    — Elle parle avec beaucoup d’éloquence de son histoire récente.
    — Assurément, Votre Majesté.
    — Lisez-la-nous, dit-il à son secrétaire avant de fermer les yeux et de s’adosser à son siège.
    — L’auteur a un beau style rhétorique, dit Berenguer quand le secrétaire eut terminé sa lecture. Mais cette lettre ne m’a rien appris.
    — Quelle est cette décision que vous avez si longtemps attendue, Don Berenguer ? demanda le roi, les yeux toujours clos comme pour se couper du monde.
    — J’ignore de quoi il peut s’agir, Votre Majesté.
    — Et Rodrigue de Lancia ?
    — C’est un parent de Huguet de Lancia Talatarn, Votre Majesté, expliqua le secrétaire. Il était en Avignon pour observer l’évolution de la plainte déposée par Ancône devant le pape. Une affaire de bateaux.
    — De piraterie, oui. Et la décision s’est également perdue.
    — Aucun frère du nom de Norbert n’était associé à cette affaire, murmura le secrétaire.
    — Et vous ne connaissez pas ce Norbert ? s’enquit Olzinelles, le trésorier.
    — Je ne le crois pas, répondit Berenguer. De même que j’ignore tout de ce qu’il a fait, même s’il semble qu’il ait tué un homme.
    — Il a le sang bien vif pour un religieux, Don Berenguer, fit remarquer le trésorier. Il est dommage qu’il ne précise pas en quoi le document de Sa Majesté pourrait affecter ses préparatifs de guerre.
    — Mais nous connaissons la décision, n’est-ce pas ?
    — Pas sous sa forme définitive, Votre Majesté, dit Olzinelles. Où sont les documents dont il parle ? Pas avec l’enfant, j’espère.
    — Avec ceux qui ont versé son sang, dit Berenguer. Du moins on peut le supposer.
    Don Pedro rouvrit les yeux et toisa Berenguer.
    — Nous reparlerons plus tard de cette lettre. Il nous faut assister à une réunion du conseil, mon noble ami, ajouta-t-il. Nous avons besoin de votre opinion sur un sujet mis en discussion.
    — Je suis toujours à la disposition de Votre

Weitere Kostenlose Bücher