Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
une boutique voisine. Qu’est-ce que tu fais avec ce gamin ? Il n’est pas à toi.
    — Si, justement, répliqua le marchand. Je viens de l’acheter.
    — Ah oui ? Pendant que tu roulais tes tonneaux ?
    Distrait par cette attaque latérale, le marchand d’olives relâcha son étreinte. Yusuf n’attendit pas le terme de la discussion. Il se dégagea et se sauva dans la rue au bout de laquelle se dressait la masse imposante de la cathédrale.
    Haletant, plus de peur que de fatigue, il interrogea cette fois-ci une jeune femme qui traînait deux enfants pleurnichards.
    Elle le regarda comme s’il était fou.
    — Mais juste là, mon garçon, dit-elle. Où pourrait-il être autrement ?
    Elle donna une bourrade au plus bruyant de ses deux enfants et passa son chemin.
     
    C’était également l’heure du dîner au palais épiscopal. L’évêque ne pouvait être dérangé. Yusuf insista. Têtu, le portier ferma à demi les yeux.
    — Je porte à Son Excellence un message de la plus haute importance de la part du médecin personnel de Son Excellence. Son Excellence sera chagrinée quand elle apprendra qu’un portier qui ne connaît rien des soucis de Son Excellence l’a empêchée de recevoir ce message.
    On ne saura jamais si c’est l’aspect élaboré du discours de Yusuf ou tout simplement l’envie de dîner qui poussa le portier à faire marche arrière, mais quand Berenguer se rendit à pas lents dans la salle à manger en compagnie de Francesc Ruffach, le vicaire général de Barcelone, le jeune garçon se vit autoriser à porter son message à l’évêque.
    — Je suis enchanté de te voir, jeune Yusuf, dit ce dernier. As-tu dîné ?
    — Pas exactement, Votre Excellence.
    — Dans ce cas, tu peux te joindre à nous, n’est-ce pas, Ruffach ? Tu me donneras alors ton message. À moins qu’une crise capitale exige mon attention immédiate.
    — Oh non, Votre Excellence, dit Yusuf qui se retrouva bientôt installé à côté de l’évêque dans la vaste salle à manger.
     
    Dix-huit hommes étaient réunis dans la salle du palais épiscopal. La plupart d’entre eux – des prêtres occupant une quelconque fonction au sein de la cathédrale – se seraient trouvés là de toute façon. En plus de Yusuf et des quatre membres du clergé de Gérone – l’évêque, son secrétaire, son confesseur et le prêtre chargé des religieuses –, il y avait trois laïcs : un propriétaire terrien très affable du nom de Gonsalvo de Marca et deux habiles marchands, qui faisaient partie du Conseil des Cent, organisme chargé de gérer la ville de Barcelone.
    — Pourquoi sont-ils ici ? demanda Bernat à voix basse.
    — Selon le père Bonanat, murmura Francesc Monterranes en désignant le prêtre assis en face d’eux, les conseillers ont des affaires urgentes à discuter avec le vicaire général. Je ne sais rien de ce gentilhomme, ni même pourquoi il a abandonné ses vaches et ses pourceaux pour visiter la ville, ajouta-t-il en indiquant Gonsalvo de Marca. Seulement qu’il est riche et que son grand-oncle, mort depuis bien longtemps, était un seigneur de quelque importance.
    Ce repas fut étonnamment marqué par le mutisme. La plupart des voyageurs étaient fatigués et leur humeur, maussade. L’homme de la campagne, Don Gonsalvo, s’était lancé dans une laborieuse explication des causes de mécontentement de la paysannerie, explication qui aurait plongé dans le sommeil son partisan le plus fervent. Il vida enfin sa coupe, tenta de reprendre le fil de ses idées et n’y parvint pas. Après un moment de silence gêné, Francesc Monterranes se tourna vers l’évêque pour relancer la conversation.
    — Votre Excellence a-t-elle d’autres nouvelles du malheureux Gilabert ? Il était en pitoyable état quand nous l’avons quitté hier matin, me semble-t-il.
    Il avait parlé assez fort pour couper l’envie à Don Gonsalvo de développer son exposé.
    — Un autre malheur se serait-il abattu sur vous ? s’empressa de demander le vicaire général. En plus de cette attaque ?
    — Non, pas sur nous, expliqua Berenguer. Mais nous avons découvert un gentilhomme sur le bas-côté de la route. Il avait été agressé par des voleurs, semble-t-il, et laissé pour mort. Je ne sais rien de lui depuis hier. Va-t-il mieux aujourd’hui, Yusuf ?
    Son hôte fit signe que non avant d’expliquer calmement qu’aucune amélioration remarquable n’était intervenue dans son état.
    Il y

Weitere Kostenlose Bücher