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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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cheval. Son visage perdait toute couleur. Elle appela Ibrahim pour qu’il conduise la mule de son père, puis, assez nerveuse, elle enfonça les talons dans les flancs de sa monture. La bête ne réagit pas. Elle recommença, avec plus de force, et finit par rejoindre le blessé au petit trot.
    — Vous souffrez, lui dit-elle.
    Ce n’était pas une question.
    — Pas beaucoup, répondit-il. Je me sens bien mieux qu’avant.
    — Je suis certaine que c’est vrai. Quand nous vous avons trouvé, vous étiez pratiquement mort.
    — Bon, dit-il en s’efforçant de sourire, je l’admets. J’ai mal.
    — Dans ce cas, nous allons vous faire descendre de ce cheval pour que vous vous reposiez dans le chariot.
    Elle regarda autour d’elle et attira le regard du sergent à qui elle adressa un signe discret.
    — Voici celui qui peut nous aider.
    En un instant, il fut à sa hauteur.
    — Maîtresse Raquel, que puis-je pour vous ?
    — Mon patient a décidé de monter à cheval et il est maintenant prêt à en descendre. C’est là qu’est le problème.
    — En aucun cas, répondit le sergent. Je reviens tout de suite.
    Les deux jeunes gens allèrent quelques instants d’un pas tranquille.
    — Je ne me plains pas et je ne veux pas vous paraître insensée, dit Raquel, mais comment faites-vous pour qu’un animal avance quand vous le désirez et aille là où vous le voulez ? C’est une créature assez douce qu’il m’est donné de monter, mais…
    — C’est une mule, lui expliqua Gilabert, et elle ne coopérera que si elle vous connaît et vous apprécie. Ce sera alors la meilleure monture au monde. Il vaut mieux commencer par un cheval étranger que par une mule qui ne vous connaît pas, maîtresse Raquel. À condition que ce cheval ait été soumis à une main experte et que vous le maniiez avec détermination. Vous n’avez jamais monté auparavant ?
    — Une seule fois, admit-elle.
    — Dans ce cas, vous vous en sortez fort bien. Je souhaiterais presque…
    — Vous souhaiteriez quoi, señor ?
    Mais le chariot à bagages fit halte, et le sergent revint à pied accompagné d’un autre garde. Il empoigna les rênes de l’étalon noir et le fit tenir tranquille.
    — Señor, si vous voulez avoir la bonté de vous pencher vers moi et de poser la main sur mon épaule, nous vous rattraperons. Peux-tu t’occuper du cheval, mon garçon ? ajouta-t-il en tendant les rênes à Yusuf.
    L’affaire fut réglée. Gilabert fut couché sur sa litière et Raquel, après l’y avoir installé, retrouva sa mule et arrangea pudiquement ses jupes sur ses jambes quelque peu dénudées. Yusuf enfourcha le cheval qui reprit sa place derrière le chariot.
     
    Ils n’étaient en aucun cas les seuls voyageurs ce jour-là. Comme la route droite commençait à onduler et à se faufiler entre les collines pour retrouver la vallée, ils furent dépassés par plusieurs cavaliers. À en juger d’après leur vitesse, tous – pris individuellement ou en groupe – semblaient devoir remplir des missions autrement plus urgentes que la leur. Cette dernière paraissait d’ailleurs de moins en moins pressante. Les mules de trait avaient considérablement ralenti, et toutes les autres bêtes s’étaient mises à leur rythme.
    — Que se passe-t-il ? s’enquit le capitaine.
    — J’aimerais jeter un coup d’œil à l’antérieur de la mule de tête, dit le palefrenier en chef. C’est elle qui semble ne plus vouloir avancer.
    — Amenez-la par ici, ordonna le capitaine en indiquant une étendue de terre où un cavalier se reposait tandis que son cheval paissait. Près de ce cours d’eau.
    Tandis que les palefreniers s’affairaient auprès de la mule, ôtant un caillou pointu de son sabot et appliquant un onguent apaisant sur ses chairs irritées, Raquel trouva pour son père un rocher plat où s’asseoir, promit de revenir avec une cruche d’eau et disparut.
    — Vous avez été abandonné, à ce que je vois, dit Felip. Pouvons-nous nous joindre à vous ?
    — Certainement, répondit Isaac. J’ai idée que ma fille et sa mère trouvent toutes deux notre invalide plus fascinant que quelqu’un qu’elles ont toujours connu. Mais où se trouve votre ami musicien ?
    — Il a convaincu le cuisinier de lui céder un pichet de je ne sais quoi, et d’ailleurs le voici qui approche. C’est là l’un de ses talents – convaincre autrui de lui donner des choses. Mais je vois que nous partageons cet endroit

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