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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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droite.
    — Permettez-moi de prendre l’escabeau que nous utilisons pour les dames, fit le palefrenier.
    — Non.
    Il prit appui sur l’épaule de Yusuf, fit porter tout son poids sur sa jambe blessée afin de mettre le pied à l’étrier et se hissa en selle.
    — Les étrivières, réclama-t-il avec l’autorité de celui qui est habitué à avoir des serviteurs à sa disposition chaque fois qu’il décide de monter.
    Le palefrenier régla les courroies de cuir. Gilabert tendit sa bourse à Yusuf – un cadeau discret de la part de l’évêque pour remplacer celle qui lui avait été dérobée.
    — Une pièce à ce garçon, dit-il. Je t’en prie. Je ne puis délier la cordelette d’une seule main.
    — Êtes-vous sûr de pouvoir monter, señor ? s’inquiéta Yusuf en prenant un peu tardivement le cheval par son mors.
    — Je l’espère sincèrement. Oh, ce n’est pas d’être en selle qui me posera un problème, c’est de cesser de l’être. Je crains de ne pouvoir redescendre qu’en tombant. Je te remercie de ton aide, ajouta-t-il en s’inclinant doucement. Si tu veux bien me confier les rênes, je verrai comment je peux maîtriser cette farouche créature.
    Livide et grimaçant de douleur, il sourit à Yusuf.
    Tout au long de cette scène, Berenguer était demeuré sur les marches du palais à observer le cheval, aussi doux et aussi patient qu’un bœuf, attendre patiemment que son nouveau cavalier fût prêt à partir.
     
    Le soleil chauffait déjà quand le petit groupe venu du couvent se joignit à eux, et l’ombre dispensée par les bâtisses alentour ne cessait de diminuer. Le capitaine compta mentalement les voyageurs et adressa un mot à l’évêque, puis les chariots s’ébranlèrent.
    Andreu et Felip étaient assis sur un banc de pierre, non loin de la porte monumentale de la ville.
    — Votre Excellence verrait-elle un inconvénient à ce que nous nous joignions de nouveau à vous ? demanda Andreu.
    — La ville de Tarragone est idéale pour ceux qui, comme nous, désirent apprendre tout en gagnant leur pain avec d’innocentes distractions, ajouta Felip.
    — Vous êtes les bienvenus, dit Berenguer. Même si je m’étonne de constater que vous étiez au courant de notre passage en ce moment précis.
    — Les déplacements de Votre Excellence font l’admiration de la ville, répondit Andreu en s’inclinant.
     
    Plate et parfaitement rectiligne, la route coupait en deux la vallée formée par le Llobregat. De part et d’autre, ce n’étaient que jardins florissants, champs et vergers plaisants et verdoyants. Çà et là, de grosses maisons mais aussi de petites demeures de paysans ponctuaient la campagne. Le paysage frémissait dans la chaleur du soleil, mais pour l’instant un vent léger soufflait et des arbres offraient par intermittence leur ombre aux voyageurs.
    — Il fait chaud, dit le marmiton, mais c’est quand même plus facile que sur la route de Barcelone. On pourrait parcourir chaque jour le double de distance s’il n’y avait ceux-là, ajouta-t-il avec un mouvement de tête méprisant en direction du reste de la troupe. Et on passerait plus de temps en ville.
    — Tu y passeras suffisamment de temps, lui répondit le cuisinier en chef.
    Ce n’était pas la première fois qu’il parcourait cette route, et il ne se faisait pas d’illusions.
    — Et l’air fraîchira quand on arrivera là-bas, ajouta-t-il en désignant les formes sombres qui s’accumulaient à l’horizon. N’est-ce pas, sergent ?
    — C’est vrai, reconnut celui-ci.
    — Ces nuages ? dit le marmiton.
    — Des nuages, fit le sergent en éclatant de rire. Ces choses sont des montagnes, mon gars, comme celles qu’on a chez nous, mais en plus grand. Tarragone ne serait pas très loin si elles ne nous barraient le chemin.
     
    Effectivement, la colonne n’était pas en marche depuis deux heures que chacun sentait dans ses jambes que la douce pente de la route avait cédé la place à une élévation plus marquée. Le soleil était très haut, et l’ombre n’était plus que quantité négligeable. Raquel écarta les pans de son voile et discuta de futilités avec son père. La mule de ce dernier avait pris l’habitude d’être menée et marchait au même pas que la monture de la jeune fille : elles avançaient côte à côte comme une paire de bêtes de trait.
    Du coin de l’œil, Raquel vit Gilabert vaciller doucement, puis se rattraper à l’encolure de son

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