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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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avons tout de même subi des coups et des blessures.
    — De telles attaques sont-elles répandues sur cette portion de route ? interrogea Bernat.
    — Elles ne sont pas communes, dit le châtelain, mais cela arrive. Le voyageur prudent a toujours de la compagnie et se tient sur ses gardes. Certains habitants de la montagne sont assez sauvages et très pauvres de surcroît.
    — Et certains s’engraissent en fondant sur les passagers insouciants, dit sa dame avec une véhémence soudaine. Comme des vautours.
    Chacun la regarda avec étonnement car elle n’avait pas ouvert la bouche jusqu’ici.
     
    Quand la table eut été débarrassée, la grande salle fut transformée en dortoir. Dans un coin tranquille, Isaac, aidé de Raquel, défaisait les bandages de la jambe de Gilabert.
    — C’est presque guéri, papa.
    — Bien, fit Isaac. Bande-le une fois encore, mais pas si serré.
    — Êtes-vous le médecin ? dit une voix douce. Maître Isaac ?
    — C’est moi, répondit-il.
    — Ma maîtresse vous supplie de venir la voir, maître Isaac.
    — Pour quelle raison ?
    — Elle vous le dira.
    — Viens, Raquel.
    Ils suivirent la servante dans un petit escalier en colimaçon et arrivèrent dans une chambre où un feu brûlait gaiement dans la cheminée. Isaac s’arrêta sur le pas de la porte et tendit l’oreille. La servante le prit par la main et le fit entrer.
    — Maître Isaac, dit une voix, la même qui avait paru si amère à la table du souper, je suis Emilia, l’épouse du châtelain. Et je vous implore d’examiner mon fils. Il est malade depuis quatre jours, et je désespère de le voir guérir. Aucun remède parmi les quelques-uns que je détiens ne semble devoir l’aider. Mais j’ai entendu le jeune homme parler de vous et de vos miracles…
    — Je suis médecin, dame Emilia, précisa Isaac. Je fais de mon mieux pour venir en aide. Rien de plus. Non, je ne fais pas de miracles, mais simplement de mon mieux. Quel âge a-t-il ?
    — Il est né à la même époque, l’année dernière.
    — A-t-il été malade alors ?
    — Non, il a bien poussé et a appris à marcher ainsi qu’à courir sur quelques pas. Il a sa quatrième dent et sait dire maman…
    Sur ce, elle éclata en sanglots, et Isaac la confia aux bons soins de la petite servante.
    L’enfant était dans son berceau. Il ne cessait de gémir et de se tordre.
    — Il est très pâle, papa, dit Raquel. Ses yeux sont caves et vitreux.
    — As-tu le petit tonnelet ?
    — Non, papa, je vais aller le chercher.
    — Envoie plutôt la servante quérir Yusuf. Il l’apportera. J’ai besoin de toi ici. Y a-t-il une bouilloire d’eau sur le feu ?
    — Oui, maître, dit la servante avant de partir chercher Yusuf et le tonnelet.
    Isaac palpa le corps du bébé, doucement mais avec beaucoup de minutie, du cou jusqu’aux pieds. Il sentit les petites dents pointues, plaça son oreille sur sa poitrine et écouta attentivement, puis il lui massa doucement le ventre.
    — Dites-moi, dame Emilia, a-t-il une nourrice ?
    — Oui, maître Isaac, mais il refuse le sein. Au début, il rejetait le lait qu’il prenait, mais maintenant il ne veut même plus essayer. La nourrice semble malade d’inquiétude et de manque de sommeil. Il était inutile de la garder ici, et je l’ai envoyée se reposer dans le lit de ma servante.
    — J’aimerais lui parler, dame Emilia. C’est important.
    À peine revenue, la servante dut aller chercher la nourrice, puis se rendre aux cuisines afin d’en rapporter du bouillon.
    — Dame Emilia, dit Isaac quand Yusuf fut là avec le tonnelet, votre propre sagesse vous a déjà dit que votre fils était très malade. Il souffre beaucoup, et son corps réclame sommeil, eau et aliments. La douleur l’empêche de boire ou de manger, et le grand danger qu’il court actuellement est de mourir de faim et de soif. Mais si nous apaisons la douleur, il dormira : c’est alors que la faim et la soif le tueront certainement. Voyez-vous comme son visage est gris et ses yeux creux ? Sa peau est d’un contact très étrange. Il a d’abord besoin d’eau, puis de nourriture.
    — Je vois cela, dit la mère, mais vous-même, comment…
    — Je le sens, et ma fille le voit. Nous allons lui donner une infime quantité d’une substance destinée à atténuer la douleur afin que les crampes de son estomac n’empêchent pas la digestion, puis ma fille et vous le veillerez toute la nuit. Vous le tiendrez

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