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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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aucune chance d’être sauvé. Son destin était scellé.
    — Nous procédons aux vérifications ? interrogea Garat, il faut que je me rende à la prison du Temple.
    Sanson hocha la tête en signe d’acquiescement. Exécuteur public sous le roi, il était devenu le bourreau de la République. Une fonction que sa famille occupait de père en fils, depuis des générations. Il connaissait son métier et jamais sa main n’avait tremblé. Il avait décapité des nobles déchus, pendu des financiers véreux, supplicié des fils de famille débauchés, brûlé des empoisonneurs publics et, aujourd’hui, il allait faire tomber la tête d’un roi. De son roi.
    — Combien d’aides avez-vous ?
    — Deux, répondit le bourreau en se dirigeant vers l’échafaud.
    — Des hommes de confiance ?
    Sanson retint son souffle avant de répondre.
    — Comme moi-même, mais vous ne verrez pas leur visage. Ils portent une cagoule.
    — C’est la tradition ?
    — Depuis toujours. Pour éviter d’éventuelles représailles.
    — Et vous ?
    — Moi, j’officie tête nue.
    — Et jamais…
    — … je n’ai eu peur d’une quelconque vengeance, c’est ça ?
    Garat esquissa un sourire. Ils étaient au pied de l’escalier. L’échafaud sentait la suie.
    — C’est bien ma question.
    — Ce n’est pas moi qui tue, citoyen, je ne suis que la main de l’État.
    — Une main impitoyable, cependant !
    — La main de la justice des hommes.
    Garat se tut. Devant eux, dans le jour naissant, une forme compacte se dressait, sombre et menaçante.
    La guillotine.
     
    Prison du Temple
     
    — Monsieur l’aumônier, le roi souhaite vous voir. Egdeworth, qui venait de célébrer la messe dans la chapelle, hocha la tête. Il prit son missel, joignit les mains et suivit le gardien.
    La tour du Temple n’avait guère subi de modifications depuis le Moyen Âge. C’était un dédale d’escaliers à vis, de portes étroites, de salles voûtées. À chaque étage, un soldat en armes contrôlait les autorisations de l’Assemblée et fouillait les visiteurs. Un rituel humiliant que le prêtre supportait pourtant avec stoïcisme. Il lui suffisait de penser au roi qui attendait la mort dans sa cellule pour retrouver force et vigueur. Depuis sa condamnation, Louis XVI avait trouvé une volonté et une dignité qui lui avaient manqué tout son règne durant. Son âme de monarque s’était subitement révélée dans la tragédie.
    Dans l’antichambre, les soldats se levèrent. L’un d’eux alla ouvrir la porte de la cellule et Egdeworth entra.
    Le roi était de dos, agenouillé sur son prie-Dieu. D’un geste, il fit signe à l’abbé de s’installer près de lui.
    — Viendrez-vous avec moi, ce matin, monsieur l’aumônier ?
    — Oui, sire.
    — Ainsi j’aurai donc un prêtre auprès de moi jusqu’au dernier moment.
    — Sire, je me tiendrai à vos côtés jusqu’au pied de l’échafaud. Ensuite…
    — Ensuite ?
    — Vous serez seul.
    Louis XVI se leva lentement.
    — Seul, c’est bien ça ?
    Edgeworth se leva à son tour.
    — Sire, il faut que je vous…
    Le roi l’interrompit du regard.
    — Monsieur l’aumônier, hier, quand vous m’avez entendu en confession, vous m’avez dit des paroles bien singulières.
    — Quelles paroles, sire ?
    — « N’avez-vous rien oublié ? » : ce sont vos propres mots, n’est-ce pas ?
    — Oui, sire.
    Louis se tourna vers son confesseur.
    — Avez-vous voulu suggérer que ma confession pourrait être incomplète ?
    Edgeworth tressaillit. Le moment était venu.
    — Sire, j’ai entendu la confession de l’homme, du chrétien, mais j’ignore si j’ai reçu celle du roi.
    Le visage de Louis XVI demeura impassible.
    — Un roi n’a de comptes à rendre qu’à Dieu, n’est-ce pas ?
    — Un roi se doit d’abord à la vérité, sire.
    — La vérité… répéta Louis, la vérité… Vous oubliez qu’à l’ultime moment, je n’aurai personne pour m’écouter.
    Un bruit de pas se fit entendre dans l’antichambre, puis des voix. On frappa à la porte.
    Louis XVI se redressa, le regard sans expression. Edgeworth tomba à genoux.
    — Sire, je vous en supplie, au dernier moment… Prononcez un seul mot : Jeanne…
    — Jeanne, reprit le roi, l’air absent.
    De nouveau on frappa à la porte.
    — … Et une voix vous répondra : Jeanne la Pucelle. Alors, vous saurez que vous pourrez soulager votre conscience.
    La poignée de la

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