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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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reconstituer d’après ce descriptif. D’ailleurs, si ça vous tente, la boutique à l’entrée la vend, gravée sur parchemin, pour deux euros. Là encore, les anomalies sont légion.
    Un éclair stria la fenêtre, suivi d’un grondement menaçant.
    Marcas et Cécile se rapprochèrent, ils n’avaient pas besoin de loupe, les caractères étaient assez gros, visibles à l’œil nu et les erreurs plus que visibles. Des lettres minuscules surgissaient çà et là, les retours à la ligne étaient reportés en dépit de toute logique. Les coupes de mots ne collaient pas, comme si la dalle avait été l’œuvre d’un enfant de dix ans ou d’un tailleur analphabète.
     

    Stèle de la tombe de la marquise Marie de Nègre d’Ables.
    Cimetière de Rennes-le-Château.
     
    —  Requies catin pace au lieu de Requiescat in pace , remarqua Marcas et catin qui signifie grotte. Voilà du grain à moudre.
    — Des chercheurs ont travaillé des années entières pour décrypter cette dalle, en vain. Personne n’avait le code… Jusqu’à présent. Retournons chez moi, j’ai un exemplaire imprimé. Je vais pouvoir me servir des chiffres du bas-relief et du dessin. Je…
    La voix du marquis tremblait.
    — … Tant d’années passées à fouiller cette histoire sans rien trouver, et maintenant j’ai peur d’arriver au but.
    Un nouveau coup de tonnerre ponctua les paroles du vieil érudit.
    — Venez : nous n’avons pas de temps à perdre.
     
    Antoine s’agitait dans son sommeil. Il marchait dans la travée centrale de l’église et aperçut, devant l’autel, la silhouette d’un prêtre, le dos tourné, en train de saluer le Christ sur la croix. À la première rangée de bancs, une vieille dame priait, le visage penché, les mains jointes. Une légère supplique s’échappait de sa bouche. Au fur et à mesure de sa progression, Antoine découvrait les tableaux du Chemin de croix, reproduisant les étapes du Calvaire. Cela lui rappelait la via dolorosa qu’il avait empruntée à Jérusalem. L’église entière suintait quelque chose de triste, de profondément désespéré, comme si les murs gardaient depuis des siècles les requêtes des fidèles. Il n’était plus qu’à trois mètres de l’autel mais quelque chose clochait. Le prêtre n’était pas dans sa robe blanche d’officiant mais portait sa soutane de jais. Antoine entendit les sanglots de la paroissienne qui montaient dans la nef. Elle avait la tête recouverte d’une voilette noire. Le curé marmonnait des paroles en latin que Marcas n’arrivait pas à comprendre. Il s’avança vers la vieille femme et lui posa la main sur l’épaule. Elle se dégagea d’un geste sec comme s’il l’avait souillée. Il recula, surpris, mal à l’aise. Tout à coup elle tourna la tête vers lui.
    Antoine poussa un cri de stupeur.
    Hannah Lévy le regardait de ses orbites vides. Un filet de sang coulait de sa bouche tordue. Elle lui agrippa le poignet de sa main décharnée.
    — Je suis en Arcadie, je suis en Arcadie.
    Elle riait en agitant sa tête d’aveugle. Ses cheveux de neige volaient dans l’air.
    Il retira son bras avec dégoût et vit le curé se retourner et le contempler, les yeux aussi noirs que sa soutane. Bérenger Saunière pointa son doigt vers lui.
    — Qu’as-tu fait, mon frère ? Qu’as-tu fait ?
    Antoine hurla et se redressa brutalement dans le lit. Il tenta de calmer sa respiration, son cœur battait à tout rompre. Il regarda autour de lui : il était dans la petite chambre que le marquis lui avait prêtée pour se reposer. Sa montre indiquait 22 heures Sa sieste avait dégénéré en cauchemar.
    Dehors, la pluie battait à grands coups contre les vitres et les murs de la vieille maison de pierre. On frappa à la porte. La voix inquiète de Cécile traversa l’huisserie.
    — Antoine, tout va bien ? Je t’ai entendu hurler.
    — Un mauvais rêve. Ce n’est rien.
    — Alors descends. C’est important.
    — Le marquis a trouvé quelque chose ?
    — Il pense avoir réussi à décrypter la dalle.
    Il entendit les pas de la jeune femme s’éloigner dans le couloir. Les yeux rougis, le dos courbaturé, il enfila son pantalon, un pull, et sortit de sa chambre. Le bruit sourd de la pluie qui tombait sur le toit résonnait dans toute la maison. Il descendit l’escalier et les aperçut, penchés sur la table du bureau. De Perenna releva la tête.
    — Ah, mon ami, j’ai bien cru que j’allais devenir fou.

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