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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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Prenez un siège.
    Le commissaire se posa lourdement sur une chaise de paille. L’érudit se massait les yeux.
    — Je vous passe les détails. C’était à la fois simple et complexe. Les chiffres 66654 donnent un intervalle régulier de lettres que l’on doit compter sur l’épitaphe de la marquise Marie de Nègre, en omettant les minuscules ou les majuscules décalées.
    Cécile glissa la photocopie de la dalle sous les yeux d’Antoine.
    — Je commence donc : la sixième lettre donne N. Je passe six lettres et j’arrive à I. Vous comprenez le principe ?
     

    — Oui, enfin je pense.
    — En appliquant ce code 66654 on arrive à cinq lettres qui, réunies, forment le mot suivant : NIGLA.
    Marcas se cala sur le dossier de la chaise, la nuque encore douloureuse.
    — Et alors ?
    — Eh bien, c’est notre amie Cécile qui a trouvé, grâce à sa brillante culture.
    La jeune femme secoua la tête.
    — Non, c’est le pur hasard. Lors de mon voyage à Jérusalem, j’ai assisté avec mon mari à une conférence sur les évangiles apocryphes. Or, nigla est un mot hébreu qui revient souvent.
    — Et ce mot signifie quoi ?
    Cécile regarda fixement son ancien amant.
    — Ça veut dire : Apocalypse !
     
    New York
    24 juin 2009
     
    Agenouillé dans la petite chapelle privée située au dernier étage du gratte-ciel, John Miller joignit les mains. Face à lui, sur l’autel, posé sur un pupitre s’étalait le Livre du Sang de Judas. Derrière, s’élevait une longue croix latine de bois noir, rongée par le temps, haute de plus de deux mètres. Une croix sans Christ.
    John Miller priait pour le salut de son âme et celui des membres de la grande famille de Judas.
    — Dieu tout-puissant. Tu m’as choisi pour porter le lourd fardeau de notre père bien-aimé, maître Judas. Mes mains sont rouges d’un sang qui me souille à jamais. Purifie mon âme, fais couler sur elle l’eau claire de ta source. Fais que ma mission s’achève enfin. Donne ta force à nos envoyés pour qu’ils achèvent ce qui a été commencé. Envoie-moi un autre signe pour fortifier ma foi.
    Il se plaqua face contre terre et resta ainsi un long quart d’heure à méditer. Puis il se releva, se signa, rangea le Livre du Sang dans le coffre-fort et retourna à son bureau.
    Un nouveau message apparut sur la boîte mail. Il reconnut l’identifiant de Tristan et Kyria.
    Nous y sommes. N’attendons que votre autorisation pour agir. Ils sont comme les agneaux du sacrifice.
    John Miller répondit rapidement :
    Mes anges noirs. Ne tardez plus. Le Seigneur vous regarde et vous juge. Soyez impitoyables.

53
     
    Paris
    Place de la Révolution
    21 janvier 1793
     
    La rumeur montait depuis le palais des Tuileries. Des dizaines de milliers de Parisiens avaient l’œil rivé sur une masse sombre qui grossissait à l’horizon. Des cavaliers en uniforme noir prenaient position tandis que des fantassins maniaient nerveusement leur fusil. Au loin, précédé d’une escorte de la garde nationale, un carrosse avançait lentement.
    Sanson, une dernière fois, tâta le tranchant du couperet. Une lame neuve qui ne servirait qu’une fois. Délicatement, il passa son pouce sur le fil du métal qui brillait à la lumière du matin. Aucune aspérité, aucune entaille. La mort serait instantanée.
    Autour de lui, ses assistants se tenaient immobiles. Tout était prêt. Sanson vérifia la corde qui devait libérer le couperet, examina le bois de la lunette, plongea même la main dans le panier de son. Il multipliait les gestes de routine pour se rassurer. Si ça tournait mal…
    — Bourreau ?
    Garat venait d’arriver. Il avait le visage pâle des insomniaques. La guillotine semblait le fasciner.
    — Ça prendra combien de temps ?
    — Le temps d’un éclair.
    Le député baissa la tête et demanda d’une voix sombre :
    — Vous êtes croyant, Sanson ?
    Surpris, le bourreau ne répondit pas.
    — Moi pas. Je ne l’ai jamais été. Aujourd’hui, moins que jamais.
    Un bruit métallique résonna sur la place. Les unités de cavalerie venaient de mettre sabre au clair. Garat se retira sans un mot de plus. Rapidement, il rejoignit d’autres députés pour assister à l’arrivée du roi. Pour la première fois de sa vie, Sanson sentit la peur courir sur sa peau. Il se retourna et regarda ses assistants. Ils étaient toujours immobiles, figés comme des serviteurs de pierre.
    Quelque chose s’anima au pied de l’échafaud.

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