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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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lui sourit.
    — Pourquoi voulez-vous voir ce tableau ? Vous avez tant de merveilles autour de vous, dans ce musée unique au monde !
    Le petit Américain lui donna une bourrade.
    —  The book, buddy. Da Vinci code !
    Le jeune homme jeta un regard malicieux à sa compagne puis se tourna vers le couple.
    —  Sorry. Joconde is dead . Pas possible la voir. Déchirée par un coup de couteau. Knife. Have a nice day .
    Les deux Américains, désespérés, s’éloignèrent en quête d’un gardien.
    — Ça fait du bien. J’ai jamais aimé cette grosse truie de Joconde avec son sourire stupide.
    Il consulta sa montre.
    — Il est temps de partir, mon amour. Nous avons du travail.
    La jeune femme détacha son regard à contrecœur. Ses yeux brillaient.
    — J’ai tellement hâte d’arriver au but. Tu crois que nous trouverons le dessin ?
    — Si le Canadien n’avait pas raté son coup, nous aurions pu. La base doit nous donner de nouvelles instructions.
    Il la prit par le bras et ils s’éloignèrent lentement de la pièce. Elle passa devant une autre toile de Poussin et ralentit.
    —  Le Christ et la femme adultère … C’est curieux, elle a la même expression de tristesse que la jeune Indienne de la rave , à Bombay. La même souffrance dans les yeux…

10
     
    Jérusalem
    An 33
     
    Un après-midi de feu tombait sur le Golgotha. Assis sous un olivier, un groupe de légionnaires jouaient aux dés. De temps à autre, l’un d’eux jetait un œil sur les croix en plein soleil. Cloués sur le bois, trois hommes achevaient de mourir.
    — Combien de temps encore ? demanda un des soldats en comptant sa mise.
    — Avec ce soleil, on pourra les décrocher avant la nuit.
    — À voir, intervint un vétéran, parfois ils durent plus longtemps qu’on ne le croit. Le seul moyen de savoir s’ils sont morts, c’est de leur donner un coup de lance dans le flanc.
    — Comment ça ? interrogea le légionnaire qui mélangeait les dés dans un gobelet.
    — S’ils saignent encore ils sont vivants.
    Les trois dés roulèrent sur une tunique blanche souillée de sable qui servait de tapis de jeu.
    — Triple six, annonça le vétéran, c’est bien la première fois que je vois ça.
     
    Au pied de la croix centrale, un petit groupe immobile attendait sous une toile blanche déployée sur des piquets. Des hommes aux regards vides qui entouraient une vieille femme prostrée, les mains enfouies dans le sable. Le groupe semblait figé. La fatigue, la douleur les rendaient hagards. Ils écoutaient le vent qui soufflait du Sud et ne relevaient même plus la tête quand un gémissement tombait de la croix.
    Agenouillée à l’écart des autres, une femme se leva. C’était la plus jeune. La mieux vêtue aussi. Elle portait une robe sombre et un foulard enturbanné qui dissimulait avec peine sa chevelure couleur de feu. Elle prit une éponge desséchée et la trempa dans une jarre d’eau. À pas lent, elle se dirigea vers la croix, piqua l’éponge au bout d’un bâton et mouilla le front de l’homme qui gémissait.
    — De l’eau, hurla le crucifié de gauche, de l’eau par pitié.
    La femme hésita, puis se dirigea vers l’autre croix. Lentement elle fit monter l’éponge vers la bouche du supplicié.
    — Je te connais, toi, murmura l’homme, je t’ai vue. Je t’ai vue dans la vieille ville. Tu te tenais sous un porche et…
    L’éponge descendit brusquement. Le crucifié se mit à grincer des dents de colère.
    — Je t’ai vue. Tu offrais ton corps aux hommes. Tu es une prostituée.
    La femme s’éloigna en courant, mais la voix la poursuivit.
    — Je me souviens de ton nom. Tu es Marie Madeleine. Marie Madeleine, la putain !
     
    Les dés roulèrent une fois encore et s’immobilisèrent. Des jurons saluèrent le résultat.
    — Décidément, je n’ai pas de chance aujourd’hui, soupira le vétéran, perdre aux dés et attendre que ces condamnés de malheur finissent de crever.
    — Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi nous devons les surveiller, demanda un des légionnaires, ce sont des Juifs, ils relèvent de la justice du grand prêtre, non ?
    — C’est à cause de celui du centre, expliqua le vétéran, c’est un fou !
    — Un fou ?
    — Oui, il a juré qu’il ressusciterait dans trois jours.
    Un gigantesque éclat de rire secoua les gardes. Ces maudits prophètes qui parcouraient le pays ne savaient plus quoi inventer.
    — Et voilà pourquoi nous sommes là

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