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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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faisaient, régulièrement des paris entre eux. Invitations au fast-food pour le père, contre corvée de cuisine pour le fils, qui se réduisait d’ailleurs à des pâtes au jambon ou à un steak mal cuit. Cette fois, Pierre venait de perdre à leur jeu favori : les noms d’acteurs de séries télé. Il avait séché sur celui de l’interprète de Californication , David Duchovny, ex-agent Mulder des X  Files , ce qui avait permis à son père de se débarrasser du tracas du repas.
    — Ça, c’est pas cool ! Putain, Duchovny, quel nom pourri !
    — Tout juste. Au fourneau.
    Il regarda avec tendresse son fils s’éloigner vers la cuisine en traînant les pieds. Sa présence lui faisait du bien. Heureusement qu’il l’avait, c’était sa seule famille. Fils unique, ses parents morts, Antoine avait toujours rêvé d’une grande tribu et jalousait ces patriarches que l’on voyait trôner dans les films, entourés d’une progéniture aussi vaste qu’encombrante.
    Il emporta sa valise dans sa chambre et la posa sur le lit. La voix de Sharon avait baissé d’un coup au passage de son fils vers la cuisine. Il hésita à aller remonter le son, rien que pour affirmer son autorité, mais renonça par pure fainéantise. Il remplit rapidement sa valise d’affaires d’été, sans oublier son costume en lin écru puis s’installa à son bureau.
    L’affaire n’avait pas traîné depuis la libération de Della Rocca. Les services français et leurs homologues israéliens avaient pris contact et Marcas avait eu le feu vert pour partir là-bas. Sans compter le jackpot : la France lui avait remis le dessin de Poussin pour le restituer à sa propriétaire légitime. Il devait le retirer le jour même auprès du laboratoire privé auquel le ministère de la Culture l’avait confié pour authentification.
    Il avait rendez-vous à l’ambassade d’Israël dans moins de deux heures pour rencontrer l’attaché culturel et récupérer son visa. Un vol était prévu le lendemain matin, au départ de Roissy. Si tout se passait bien, dans vingt-quatre heures, il serait dans la cité des trois livres sacrés.
    Très sourcilleux de leurs prérogatives, les Israéliens avaient cependant précisé que le Français n’aurait qu’un statut d’observateur. Le trafiquant russe serait arrêté et jugé sur place, selon la législation locale, beaucoup plus dure que celle en vigueur en France. Marcas ne s’en était pas formalisé. Sa hiérarchie savait qu’il était à l’origine de l’identification du cerveau, et il n’avait aucune envie de risquer sa peau dans un pays qu’il ne connaissait pas.
    Son portable vibra. Il décrocha en posant la sacoche sur la table du bureau.
    — Oui, j’écoute ?
    Une voix grave et onctueuse lui répondit.
    — Frère Antoine, alors il paraît que tu t’es distingué ?
    Le commissaire percuta aussitôt. Le frère Obèse était de retour. Au ministère de l’Intérieur, on surnommait ainsi ce commissaire en détachement permanent auprès du cabinet du ministre, maçon à l’embonpoint remarqué et dont les talents de go between étaient devenus quasi légendaires. On le voyait ainsi surgir comme par enchantement et proposer ses bons offices. Membre d’une obédience traditionaliste reconnue pour son entregent, redouté autant que courtisé, le frère Obèse ne prenait pas son téléphone pour rien.
    — Je vois que les nouvelles vont vite, répondit Marcas, méfiant.
    — Une œuvre d’art perdue depuis un demi-siècle, que veux-tu, ça fait jaser ! Sans compter la belle histoire qui va avec…
    — La belle histoire…, reprit Antoine, comment ça ?
    — Allons, ne te fais pas plus naïf que tu n’es ! Tu t’imagines bien ce que ça peut représenter, une telle histoire ! Un antiquaire renommé du Carré du Louvre qui se fait serrer avec une œuvre appartenant à une famille juive spoliée. Un rebondissement avec la découverte d’un réseau de trafiquants opérant en Israël, et notre cher Marcas qui s’envole là-bas. Toujours dans les bons coups, le frangin…
    — J’ai payé de ma personne.
    — Je sais. Le coup de l’infiltration, pas mal du tout.
    — On ne peut rien te cacher.
    Une odeur de viande grillée parvint à ses narines.
    — Pour le coup, j’ai appris cette histoire en passant au cabinet ce matin : j’ai vu une copie de ton ordre de mission. Je me suis dit : tiens, je vais passer un coup de fil à mon frère Marcas. Et en plus, il

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