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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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fibule est agrafée à droite. Vous comprenez ?
    Marcas avait déjà la main sur la poignée de la porte. Il s’arrêta net :
    — Franchement, non !
    Lena le regarda fixement.
    — Cette femme est enceinte !

16
     
    Banlieue parisienne
    20 juin 2009
     
    Une odeur de putréfaction envahissait ses narines. Il essaya de se libérer de ses liens mais ses mains restaient entravées. La lumière de l’ampoule qui pendait du plafond dévoilait une cave remplie de cageots de légumes et de fruits pourris. Les effluves de décomposition organique lui tournaient la tête. Il tenta de se relever, mais se cogna contre le rebord de la planche d’un établi en métal. La douleur de son œil mort était insupportable comme si on lui avait injecté un jet d’acide brûlant qui lui rongeait progressivement l’intérieur du crâne. Pourtant, sa conscience restait intacte. Il pouvait entendre des sons au-dessus de lui. Des voix, de la musique et même des rires. Des rires : c’était totalement incongru ; ses kidnappeurs faisaient la fête après leur massacre…
    Hubert Landry tremblait de peur à l’idée que ces tarés reviennent le torturer. Surtout la femme. Plusieurs fois dans sa vie, il s’était retrouvé dans des situations dangereuses mais jamais comme maintenant. Le dessin de Poussin. Les Bergers d’Arcadie . Voilà pourquoi ils avaient assassiné les flics. Ils étaient donc envoyés par son commanditaire. Il essaya de réfléchir avec le peu d’énergie qui lui restait. De se souvenir. Chaque détail pourrait l’aider à comprendre. Et peut-être à lui sauver la vie. Tout avait commencé dans ses locaux de Montréal, un matin, à l’ouverture. Trois ans plus tôt.
     
    La mallette en cuir était posée sur son bureau, à moitié ouverte. L’homme, à l’accent américain prononcé, fumait une cigarette, guettant sa réaction. Il était arrivé avec une recommandation d’un de ses gros clients, un sésame suffisant.
    De grosses liasses en coupures de cinq cents dollars étaient soigneusement rangées.
    — 200 000 dollars, mon cher monsieur Landry. Je veux ce dessin et vous allez le trouver. Vous recevrez le double, sous forme de transfert sur un compte de votre choix quand vous me le rapporterez.
    Le quinquagénaire en costume de ville gris, taillé sur mesure, les ongles soigneusement manucurés, avait posé à côté de la mallette une reproduction d’un dessin. Les Bergers d’Arcadie . Nicolas Poussin. Landry se souvenait vaguement de la peinture originale, conservée dans un musée européen, la Pinacothèque de Munich ou le Louvre… il n’était pas certain. Il lut une inscription gravée sur la représentation du tombeau.
    —  Et in Arcadia ego . Je suis en Arcadie… C’est l’esquisse du tableau définitif ? demanda Landry d’un air détaché.
    — Non. Une variante, pourrait-on dire. Poussin a exécuté plusieurs versions des Bergers d’Arcadie.
    — Et je suis censé le trouver où ?
    L’homme le regarda d’un air amusé.
    — C’est vous le spécialiste.
    — Vous permettez ?
    Landry avait allumé son ordinateur. L’argent liquide trahissait une volonté de discrétion qu’il ne connaissait que trop bien chez certains de ses clients. L’œuvre était d’origine douteuse. Naturellement. Il entra dans une base de données à accès restreint et tapa un nom de code, acheté très cher auprès d’un historien qui travaillait pour les musées nationaux. Il accéda rapidement à ce qu’il cherchait. Le recensement actualisé des œuvres de la période du XVII e siècle, avec le classement alphabétique des peintres. Il tapa le nom de Poussin. Une longue liste défila devant lui. Il arrêta le curseur sur Bergers d’Arcadie et sélectionna celui où était indiquée la mention « dessin ».
    La même esquisse que celle qu’il avait sur le bureau s’afficha sous ses yeux.
    — Classé comme une œuvre spoliée. Je ne suis pas certain de vouloir me charger de cette commande, cher monsieur.
    — Pourquoi ?
    — C’est une pièce considérée comme volée pendant la guerre. Il est donc interdit de l’acquérir, sous peine de lourdes sanctions.
    — Et alors ? D’après la réputation que je vous connais, cela n’a jamais constitué un obstacle pour vous.
    Landry paraissait mal à l’aise.
    — Je n’aime pas les œuvres confisquées par les nazis. À la fin des années 1990, sous la pression des associations juives, des commissions internationales

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