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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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de la Pucelle n’avance guère.
    — On fait plus que le dire, renchérit d’Arbrissol, même monseigneur le reconnaît. Si on ne trouve pas une preuve irréfutable pour condamner cette illuminée au bûcher, le peuple en fera une sainte.
    — C’est déjà fait ! Chaque matin, je reçois des marchands qui viennent me proposer leurs produits et, tout en négociant, je les interroge sur l’état de l’opinion. Crois-moi, la Pucelle est déjà canonisée.
    — Je le sais bien, soupira Guy, monseigneur m’oblige à faire la tournée des tavernes et à payer à boire à la populace. On ne jure que par Jeanne. Un colporteur m’a même proposé une médaille gravée à son effigie.
    Un rire amer secoua Le Normand.
    — Tu sais comment les paysans appellent notre bon évêque ?
    — Je m’attends au pire.
    — Judas !
    D’Arbrissol ne pipa mot. L’officier répéta :
    — Judas. Traître comme Judas ! Tu as compris ? Ces gueux ont toutes les audaces !
    — Les chiens, murmura le chevalier, comparer Judas à…
    — Qu’est-ce que tu racontes ? C’est le contraire…
    — Bien sûr, le coupa Guy, bien sûr. Où ai-je la tête ?
    — En tout cas, si ce procès se prolonge, la ville va se soulever d’un bloc et ce ne sont pas les vieilles murailles du château qui nous protégeront. L’évêque craint un coup de main des partisans de Jeanne. Le Castel Vieux est tout vermoulu. Les murs sont crevassés, les courtines prêtes à s’effondrer. S’il était attaqué, le Castel Vieux s’effondrerait comme un château de cartes.
    — Monseigneur est au courant ? interrogea Guy en serrant son gobelet pour éviter qu’on ne voie sa main trembler.
    — Penses-tu ! Personne n’ose rien lui dire ! Il n’y a qu’un endroit de sûr dans le château, c’est la salle où la Pucelle est détenue et uniquement parce que les gardes sont nombreux. Parce que les murs…
    — Les murs ? reprit Guy d’une voix éteinte.
    — Les murs ! s’esclaffa Le Normand, ils sont tellement friables que la Pucelle passe son temps à dessiner dessus. À y graver des dessins.
    D’Arbrissol posa son gobelet d’un coup. Son émotion était trop forte. Il devait se contrôler. Déjà tout à l’heure…
    L’officier éclata de rire.
    — Qui sait ? Elle veut peut-être laisser un message à la postérité avant de partir en fumée ?
    Le patron de la taverne surgit brusquement de la cuisine. L’horloge du couvent voisin venait de sonner pour inviter les moines à la première prière de la nuit.
    — Mes beaux sires, annonça-t-il, il est temps pour moi de fermer. Les soldats du guet ne plaisantent pas avec l’heure du couvre-feu.
    Le Normand et son commensal furent les premiers à partir. En revanche une bordée de protestations monta du côté de la cheminée. Les frères maçons répugnaient à quitter la chaleur de l’auberge pour aller dormir dans le dortoir glacial de leur atelier.
    — De quoi vous plaignez-vous ? insista le patron. Vous n’avez que quelques rues à traverser pour être rentrés. La cathédrale est à deux pas.
    Geoffroy se leva, suivi par les compagnons et les apprentis. Il jeta une pièce d’or sur la table pour payer la dépense et interrogea l’aubergiste.
    — Qui était donc cet homme qui parlait avec Le Normand ? Il me semble l’avoir déjà rencontré en ville. Il a un visage qui ne s’oublie pas !
    — Le dernier entré ? On l’appelle Guy d’Arbrissol.
    Le jeune maître retint le nom pour le donner, dès le matin, à Roncelin.
    — Mais si j’ai un conseil à vous donner (le patron baissa la voix), ne vous en approchez pas, ce client-là, c’est une âme damnée !
    Geoffroy se pencha pour mieux entendre la confidence.
    — Cet homme-là… sa balafre sur le visage… C’est le diable qui lui a faite !

27
     
    Jérusalem
    Quartier sud-est. Talpiot.
    21 juin 2009
     
    À l’intersection de deux grandes artères peu éclairées qui jouxtaient la ville nouvelle, la voiture décapotable grise filait tel un squale dans une eau sombre. Le conducteur affichait un sourire énigmatique et jetait de temps à autre un coup d’œil à sa passagère dont la tête reposait en arrière, les pieds nus appuyés contre le haut de la portière. Une musique stridente, syncopée, sortait des haut-parleurs et inondait les rues qu’ils traversaient à toute allure.
    Il tourna à un feu et appuya sur le boîtier GPS posé à côté du tableau de bord. En surimpression du

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