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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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soupe.
    — Je n’ai jamais été pèlerin, j’en ignore les coutumes !
    — Tu as été compagnon. Tu sais mendier ton pain !
    Le visage d’Aymon se rembrunit. Il n’aimait pas le ton que prenait la conversation.
    — Je veux voir le maître du chantier.
    Geoffroy éclata de rire.
    — Roncelin ? Mais il est déjà sur la place du Vieux-Marché, assis à la tribune au milieu des notables de la ville. Il est crucial qu’il soit vu de tous.
    Devant l’air ahuri de son frère en maçonnerie, Geoffroy expliqua :
    — Nul ne doit nous soupçonner. Pour les autorités, Roncelin est un homme sûr. D’ailleurs à qui l’évêque s’est-il adressé quand il a eu besoin d’un travail de confiance au Castel Vieux ?
    Aymon baissa les yeux. C’est lui que Roncelin avait désigné pour aller rouvrir une coursive effondrée. Geoffroy enfonça le clou.
    — Et, à ton avis, pourquoi Roncelin t’a choisi pour cette première mission ?
    Résigné, Aymon hocha la tête. Le maître du chantier avait tout prévu. Il n’y avait plus qu’à obéir. Mais une question le gênait.
    — Au Castel Vieux, il y a la Pucelle…
    Geoffroy ne répondit pas. Un choc sourd, venu de la place, ébranla les murs de torchis de la loge. Comme de lourds fagots de bois jetés sur le sol. Il se signa.
    — Quand tu arriveras au château, elle sera déjà sur le bûcher.
     
    L’évêque n’était pas seul. En plus des gardes et de Guy d’Arbrissol, il avait choisi des témoins parmi les ecclésiastiques de la ville. L’un d’eux, le clerc Pierre Maurice, avait apporté une hostie consacrée pour Jeanne. Doctement consultés, les théologiens avaient autorisé la Pucelle à communier avant de mourir.
    — À genoux, Jeanne, ordonna l’évêque, tu vas recevoir le corps du Christ. Crois-tu en sa présence réelle en la sainte Hostie ?
    — Oui, et c’est lui seul qui peut me délivrer.
    Jeanne se mit à pleurer tandis que le clerc tendait le sacrement vers ses lèvres maculées.
    — Reçois, Jeanne, le corps de Notre-Seigneur et sois purifiée. À jamais.
    La Pucelle ouvrit la bouche et tendit une langue sèche et râpeuse pour recevoir l’hostie.
    L’effet fut immédiat.
    Elle se tordit aussitôt et porta ses mains au niveau de son nombril.
    — Mon ventre ! hurla-t-elle, mon ventre !
    L’évêque brandit sa crosse comme pour exorciser le démon, mais il interrompit son geste.
    Un filet de sang, qui s’épaississait, coulait entre les cuisses de la prisonnière.
    — Je saigne, gémit Jeanne, je saigne.
    Le clerc allait se précipiter quand l’évêque le retint avec force.
    — Non, elle est maudite.
    Et d’une voix sans réplique, il hurla aux soldats :
    — Allez, vous autres ! Emmenez-la tout de suite ! Au bûcher ! Au bûcher !
    Tous se précipitèrent. L’évêque retint d’Arbrissol.
    — Suis-nous, mais éclipse-toi discrètement pour revenir ici…
    Guy ravala un sourire de victoire. Cauchon lui montra la paille souillée.
    — … et ne laisse aucune preuve.

37
     
    Jérusalem
    Porte de Damas
    21 juin 2009
     
    Marcas se sentait ridicule à se balader en cravate anthracite et chemise blanche, en plein quartier touristique, en ce début de soirée, mais le code vestimentaire pour la tenue maçonnique était impitoyable : hommes en costume sombre, femmes en robe noire.
    Le commissaire arriva au niveau des hautes murailles de la porte de Damas. Il se repéra sur le plan, emprunta le grand escalier qui descendait, longea la muraille et arriva devant l’entrée de la grotte où un groupe de quatre touristes consultait le panneau d’informations en anglais. Le site archéologique était fermé, pourtant trois hommes en veste noire prenaient en charge les frères et les sœurs qui commençaient d’affluer. En longeant la file qui se formait, Antoine reconnut le frère Obèse qui faisait office de tuileur . À proximité, deux touristes ventripotents, habillés en bermuda kaki et sweat-shirt bariolé fulminaient à côté de leurs compagnes. Antoine tendit l’oreille.
    — Je te dis que c’est ouvert, mais ils voudront pas qu’on rentre, Marcel. On n’est pas habillés pour.
    — T’es con. C’est un site archéologique protégé. Sans doute une connerie de synagogue souterraine. Y a que les Juifs qui peuvent entrer là-dedans. Regarde, ils sont tous habillés en costard noir. Ils doivent faire une de leurs cérémonies, genre circoncision. Ils ont l’air malins, ces charlots.

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