Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
l’installation est pas comprise. D’après mon patron, le curé Désilets a dit qu’il manquait pas d’hommes solides dans votre paroisse pour l’installer. Nous autres, on n’avait qu’à vous l’apporter en bon état. Ça fait qu’on va vous la déposer là où vous la voulez et vous donner le temps de ben l’examiner avant de repartir pour vous assurer qu’on vous l’a laissée en bon état.
    L’abbé Farly prit quelques secondes pour réfléchir au meilleur endroit où déposer la cloche. Il décida qu’on la laisse près du parvis en se disant que les installateurs auraient moins de distance à parcourir quand viendrait le temps de la hisser dans le petit clocher de la chapelle.
    Sous le regard intéressé du prêtre, de la ménagère et d’Agénor Moreau, les deux hommes firent faire demi-tour à leur charrette et vinrent l’immobiliser quelques pieds plus loin, devant le parvis.
    Ils prirent d’abord la précaution d’étaler un épais lit de toile de jute par terre. Ensuite, ils appuyèrent contre le véhicule deux madriers un peu savonnés sur une face, sur lesquels ils entreprirent de faire glisser lentement la cloche. Cette dernière avait beau ne pas être très grosse, elle n’en pesait pas moins quelques centaines de livres. La manœuvre prit quelques minutes.
    — On vous laisse l’examiner tout à votre guise, monsieur l’abbé, annonça finalement le plus âgé des deux employés de la fonderie Dupuis. Pressez-vous pas.
    L’abbé Farly, conscient de la responsabilité qui reposait sur ses épaules, fit lentement le tour de la cloche posée sur le sol à la recherche de la moindre fêlure et il ne trouva rien. Pour s’en assurer vraiment, il reprit son examen une seconde fois.
    — Tout a l’air bien correct, déclara-t-il finalement aux deux hommes.
    Le conducteur tendit alors au vicaire un bon de livraison à signer et un crayon avant de faire signe à son compagnon de monter dans la charrette.
    — Comme ça, tout est en ordre, conclut-il en arborant une mine satisfaite. On peut y aller.
    Les deux hommes saluèrent les trois personnes présentes et disparurent dans un petit nuage de poussière soulevé par leur charrette.
    — C’est bien beau tout ça, mais je vais être prise pour faire réchauffer le déjeuner, dit Bérengère Mousseau au vicaire avec mauvaise humeur avant de tourner les talons pour retourner au presbytère.
    — On paie toujours pour sa curiosité, madame Mousseau, plaisanta Conrad Farly en la suivant.
    La ménagère se borna à hausser les épaules.
    — Est-ce qu’on a une toile pour la couvrir ? demanda le prêtre au bedeau, maintenant impatient d’aller déjeuner à son tour.
    — Ça me surprendrait pas mal, monsieur l’abbé.
    — Bon, on va la laisser comme ça, dit Conrad Farly. Monsieur le curé arrive demain, il trouvera bien un moyen de la protéger.

    Le hasard voulut que Xavier Beauchemin passe devant la chapelle au milieu de l’avant-midi et aperçoive la cloche devant la parvis. Étonné, il décida de poursuivre son chemin jusque chez sa mère où il était certain de retrouver Donat à qui il voulait emprunter des bardeaux de cèdre pour réparer la couverture de son étable. Il trouva ce dernier en train de travailler dans la grange en compagnie de son jeune frère Hubert.
    — Blasphème ! je savais pas que les paroissiens de Saint-Bernard-Abbé étaient si en moyens, déclara-t-il sur un ton plaisant en apercevant les deux hommes.
    — De quoi tu parles ? lui demanda Donat en déposant la scie qu’il était en train d’aiguiser.
    — De la belle grosse cloche qui est devant la chapelle.
    — Quelle cloche ? fit son frère aîné, étonné.
    — Ben, celle qui doit aller, à mon avis, dans le clocher.
    — Mais la fabrique a jamais acheté de cloche ! protesta Donat. D’où est-ce qu’elle sort, cette cloche-là ?
    — Ben là, je pense que t’es mieux de demander au vicaire, si monsieur le curé est pas encore arrivé.
    Le visage du jeune marguillier s’assombrit brusquement.
    — Ça, ça ressemble au curé Désilets, laissa tomber son frère. Le conseil a jamais parlé d’acheter une cloche. On n’a pas une maudite cenne pour se payer une affaire comme ça.
    — À moins que le notaire se soit entendu avec lui, dit Hubert qui n’avait pas encore ouvert la bouche.
    — Eudore Valiquette aurait jamais fait ça dans notre dos.
    — Tiens ! je sens que ça va brasser pas mal à la prochaine

Weitere Kostenlose Bücher