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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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pourris !
    Évidemment, l’absence de célébration de la victoire de Macdonald chez les Beauchemin surprit un peu les voisins du rang Saint-Jean, mais sûrement pas les membres de la famille. Xavier et Rémi compatirent avec Donat quand il leur apprit la promesse que ne tiendrait pas Lemire. Il leur demanda surtout de ne pas en parler devant Liam qui risquait de tout révéler à son oncle, maintenant un Rouge déclaré.
    Au plus grand étonnement des libéraux de la paroisse, la victoire des Bleus ne donna lieu à aucun charivari à Saint-Bernard-Abbé, ce qui suscita quelques commentaires des anciens, regrettant qu’une aussi belle tradition soit en train de se perdre. Certains s’expliquèrent ce manque d’enthousiasme par le fait que les élections étaient finies depuis plus d’un mois dans la province ; de leur côté, beaucoup de Bleus sarcastiques disaient qu’il était tellement facile de battre les Rouges qu’il n’y avait aucun plaisir à venir les écraser avec un charivari.
    De toute manière, dès la semaine suivante, un sujet beaucoup plus important que les résultats des dernières élections monopolisa l’attention des habitants de Saint-Bernard-Abbé.
     
     

Chapitre 16
La cloche
    En ce vendredi matin frisquet, l’abbé Farly rentra rapidement au presbytère après avoir célébré la messe de sept heures, laissant Agénor Moreau, le bedeau, ranger ses vêtements sacerdotaux. Le vieil homme quitta ensuite la sacristie dans l’intention de traverser la route pour aller déjeuner à la maison. Il eut alors la surprise de voir s’immobiliser dans la stationnement de la chapelle une grosse charrette chargée d’un objet plutôt volumineux couvert d’une toile goudronnée.
    — Cherchez-vous quelque chose ? demanda le bedeau aux deux hommes assis à l’avant de la charrette.
    — Ben, si on est rendus à la chapelle de Saint-Bernard-Abbé, je pense qu’on est à la bonne place, répondit celui qui conduisait l’attelage.
    — Et qu’est-ce que vous charriez là ?
    — Une cloche, se borna à dire le compagnon du conducteur.
    — Une vraie cloche ?
    — Ouais, une cloche, pour votre clocher. Il paraît que vous en avez pas dans votre clocher, fit le conducteur en descendant de voiture en même temps que son aide.
    — Et d’où elle sort, cette cloche-là ? demanda Agénor, curieux.
    — De la fonderie Louis Dupuis de Trois-Rivières.
    — Sacrifice, vous venez de loin avec votre grosse charge.
    — À qui le dites-vous, le père. On est partis hier soir et nos deux chevaux en peuvent plus, même si on s’est arrêtés pas mal souvent en chemin. Il faut dire que vous avez des baptêmes de côtes dans votre coin.
    — Bon, je pense que le mieux que j’ai à faire est d’aller avertir le vicaire que vous venez d’arriver, poursuivit le bedeau.
    — Ce serait mieux monsieur le curé, suggéra le compagnon du conducteur.
    — Il est encore à Trois-Rivières dans sa famille, si j’ai ben compris, expliqua Agénor Moreau. Il va vous falloir vous contenter de l’abbé Farly.
    Pendant que le bedeau se dirigeait à pas comptés vers le presbytère voisin, les deux hommes entreprirent de détacher la cloche et de retirer la toile goudronnée qui la couvrait.
    — On va attendre de savoir où il faut la déposer avant de la descendre, déclara le conducteur à son compagnon en s’assoyant au bout de la charrette, les jambes pendantes.
    Quelques instants plus tard, la porte de la façade du presbytère s’ouvrit sur l’abbé Conrad Farly, suivi de près par Agénor Moreau et Bérengère Mousseau, la ménagère. Tous les trois s’approchèrent rapidement de la cloche qu’ils examinèrent en s’exclamant sur sa beauté.
    — Elle est pas bien grosse, déclara le vicaire, mais je suis certain qu’elle a un beau son et qu’une fois installée dans le clocher, elle va sonner assez fort pour être entendue dans toute la paroisse.
    — C’est votre curé qui est venu la choisir à la fonderie cette semaine, lui apprit le conducteur. Il avait l’air ben fier de son coup.
    — Je pense qu’il y a de quoi, répliqua l’abbé, toutes dents dehors.
    — Bon, c’est ben beau tout ça, monsieur l’abbé, mais nous autres, on a voyagé toute la nuit et on n’a pas encore dormi. Si vous pouviez nous dire où on peut vous la laisser, ça ferait ben notre affaire.
    — Vous l’installez pas dans le clocher tout de suite ? s’étonna Conrad Farly.
    — Non,

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