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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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parle de la grande fête qu’ils vont faire à Montréal pour le cinquantième anniversaire de prêtrise de monseigneur Bourget, le 28 octobre. D’après moi, ça va être toute une fête. Tout ce qui est important en ville va être invité.
    — Pour moi, vous allez ben être invité, monsieur Connolly, fit Ernest Gélinas, le voisin de Rémi Lafond. Avec tous les contrats que vous avez passés avec l’évêché, ils peuvent pas faire autrement.
    — Ça me surprendrait pas pantoute, reconnut Paddy en bombant le torse.
    — À moins qu’ils aient appris que vous avez voté pour les Rouges, lui fit remarquer Donat, sérieux.
    — Comment ils sauraient ça ? demanda l’Irlandais, l’air soudain inquiet.
    — On sait jamais… Une lettre anonyme d’un Bleu malfaisant envoyée à l’évêché ou encore un mot de notre curé…
    La menace à peine voilée de l’organisateur Bleu de la paroisse incita le retraité à moins pavoiser soudainement.
    — Pas d’autres nouvelles intéressantes ? insista Télesphore en quittant l’arrière de son comptoir pour venir s’asseoir près du commentateur de nouvelles.
    — Il paraît que le gouvernement de Chauveau à Québec a décidé que cette année il dépenserait pas une cenne pour l’entretien des chemins parce qu’il manque d’argent. Je vous dis qu’on va avoir des maudits beaux chemins cette année…
    — Il reste juste à savoir combien d’argent le fédéral va mettre sur nos chemins, intervint Donat, songeant à son futur poste d’inspecteur des chemins de la paroisse promis par Anthime Lemire en remerciement de son aide pour faire élire Dorion.
    — Qu’est-ce que le fédéral vient faire là-dedans ? lui demanda Paddy en reprenant de sa superbe. Il a jamais donné une cenne pour l’entretien des chemins de la province. Ça regarde juste le gouvernement provincial, cette affaire-là.
    — Voyons donc, torrieu ! protesta Donat, stupéfait. C’est pas possible, ça !
    — Je suis prêt à te gager une piastre tout de suite qu’il y a jamais eu une cenne du fédéral pour les chemins de la province. Tout l’argent va pour les chemins de fer, comme ils disent.
    — Vous êtes ben sûr de ça, monsieur Connolly ? fit le jeune cultivateur, estomaqué. Moi, j’ai entendu dire par des hommes de Dorion que le gouvernement allait donner des jobs d’inspecteur des routes après les élections, avança-t-il prudemment.
    — C’était vrai l’année passée, cette affaire-là, répondit Paddy avec aplomb. Macdonald en a parlé, si je me souviens ben. Mais Chauveau y a mis le holà quand il s’est aperçu que le fédéral voulait mettre son grand nez dans une affaire qui regardait juste la province.
    — Bon, ben on dirait ben que j’ai été mal renseigné, avoua Donat en cachant assez mal son dépit pour que certains devinent qu’on lui avait peut-être promis quelque chose.
    Là-dessus, Donat et son jeune frère saluèrent les quelques personnes présentes et quittèrent le magasin.
    — Maudit torrieu ! jura avec cœur le fils aîné de Baptiste Beauchemin en montant dans le boghei. Si le gros Lemire m’a monté un bateau, il va en entendre parler, je te le garantis.
    — Je suppose que tu parles de la job d’inspecteur ? fit son frère.
    — Oui, mais je vais en avoir le cœur net, et pas plus tard qu’aujourd’hui.
    — Viens pas me dire que tu vas aller courir à Victoriaville pour voir Lemire ?
    — Ben non, c’est ben trop loin, mais je vais aller voir Cournoyer à Sainte-Monique pour savoir si Lemire lui aurait pas promis la même besogne dans sa paroisse… Si c’est ça…
    Une heure plus tard, Donat Beauchemin prit la route du village voisin pour aller rencontrer l’organisateur conservateur de Sainte-Monique afin de tirer les choses au clair. Quand ce dernier lui eut appris qu’on lui avait fait tacitement la même promesse, la colère du jeune homme fut à la mesure de sa déception. Il ne cessa de jurer durant tout le trajet de retour et il se promit d’attendre de pied ferme Anthime Lemire quand il le reverrait paraître à sa ferme.
    — Lui, je vais te le sortir de ma cour à grands coups de pied dans le cul, le maudit menteur ! ne cessa-t-il de répéter à haute voix. C’est clair qu’il ne m’embarquera plus dans une autre campagne électorale. C’est m’man qui avait raison finalement. On peut pas faire confiance aux organisateurs politiques. C’est toute une gang de

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