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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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rentrer de chez Camille dont les relevailles étaient terminées.
    — Si t’aimes mieux que ce soit Angélique Dionne qui fasse les deux discours, je peux ben le lui demander, répliqua Donat.
    — Non, laisse faire, déclara-t-elle, mais je veux faire le mot de bienvenue à notre nouveau curé. Je suis pas assez hypocrite pour remercier le curé Désilets, je l’ai jamais aimé.
    — Bedette ! s’exclama sa mère en arborant un air horrifié. Tu parles d’un saint homme.
    — Peut-être, m’man, mais il a toujours été bête comme ses deux pieds.
    La jeune institutrice avait accepté d’adresser un mot de bienvenue au nouveau curé de Saint-Bernard-Abbé non par goût, mais parce qu’elle ne voulait pas laisser toute la place à la belle Angélique Dionne, l’amie de cœur de son frère Hubert. Elle estimait qu’elle entendait un peu trop souvent chanter ses mérites d’institutrice depuis le début de l’année scolaire.

    Deux jours plus tard, les paroissiens se massèrent dans la chapelle à l’heure de la grand-messe. Quand la cérémonie commença, il faisait si chaud que le bedeau décida de laisser s’éteindre le gros poêle qui trônait au fond de la chapelle.
    À la surprise générale, ce fut le curé Fleurant qui entra dans le chœur en compagnie de ses servants de messe. Josaphat Désilets, vêtu de sa soutane sur laquelle il avait passé un surplis blanc, vint s’asseoir dans le chœur. Le nouveau pasteur de Saint-Bernard-Abbé célébra la messe, mais laissa son prédécesseur prononcer le sermon et annoncer lui-même son départ qui devait avoir lieu quelques heures plus tard. Le curé Désilets le fit d’une voix dépourvue de toute émotion et conclut en souhaitant bonne chance à son remplaçant.
    À la fin de la cérémonie, le prêtre quitta le chœur en même temps que le célébrant qui, après avoir retiré ses habits sacerdotaux, dut beaucoup insister pour que son confrère accepte de retourner dans la chapelle où les paroissiens les attendaient pour une petite fête.
    L’air emprunté, le curé Désilets suivit le nouveau pasteur de Saint-Bernard-Abbé. À leur entrée, les gens se levèrent pour applaudir les deux prêtres alors qu’Angélique Dionne et Bernadette Beauchemin s’avançaient vers la sainte table où, un peu intimidées, elles prononcèrent à tour de rôle le petit laïus qu’elles avaient préparé. Ensuite, Eudore Valiquette souhaita la meilleure des chances au curé Désilets et le remercia pour tout ce qu’il avait fait pour la paroisse, sans trop s’attarder toutefois sur ses réalisations.
    Des dames de la paroisse servirent des morceaux de gâteau et un bon nombre de paroissiens tinrent à venir saluer personnellement leur ancien curé avant son départ, ce qui sembla adoucir les traits du prêtre et le rendre moins amer.
     
     

Chapitre 18
Un cœur en or
    Le lundi suivant, à la fin de l’après-midi, Donat revenait du magasin général lorsqu’il aperçut le petit Malouin qui transportait une brassée de bûches vers la maison de Constant Aubé. Poussé par la curiosité, le fils de Baptiste Beauchemin fit entrer sa sleigh dans la cour du meunier, ce qui eut pour effet d’inciter l’homme engagé à déposer ses bûches sur la galerie et à s’approcher du véhicule.
    — Constant est toujours pas revenu de Québec ? lui demanda Donat.
    — Oui, en fait il est revenu hier après-midi, répondit le jeune homme, mais il est malade comme un chien. Il s’est couché en arrivant et il s’est pas levé de la journée.
    — Qu’est-ce qu’il a ?
    — Il a l’air d’avoir une fluxion de poitrine. D’après moi, il a dû attraper froid en revenant de Québec. En tout cas, je peux vous dire qu’il en mène pas large.
    — Avec quoi il se soigne ?
    — Je sais pas trop. Je connais rien là-dedans, moi, reconnut le jeune employé. Je chauffe la maison et je soigne les animaux.
    — Bon, je le dérangerai pas, fit Donat, mais dis-lui que je vais revenir le voir à soir.
    De retour à la maison, le jeune cultivateur détela son cheval et alla aider Hubert à faire le train. À son retour à la maison à l’heure du souper, il apprit aux femmes de la maison que leur voisin était de retour de Québec depuis la veille, mais qu’il était malade.
    — Qui prend soin de lui ? lui demanda sa mère.
    — Personne, m’man. Théodore Malouin est un bien bon diable, mais il a l’air d’avoir les deux pieds dans la même

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