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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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qu’il avait décidé ? demanda-t-il dans un murmure à la jeune institutrice en prenant place sur le canapé.
    — Il n’en a pas dit un mot, répondit-elle sur le même ton, mais il va sûrement venir t’en parler.
    — J’ai pensé à ça toute la semaine, avoua-t-il.
    — Moi aussi, reconnut-elle.
    Les amoureux durent attendre plus d’une heure avant que le commerçant se décide à faire son apparition dans le salon. Hubert se leva.
    — Reste assis, lui ordonna Télesphore sur un ton bonhomme. J’en ai pas pour longtemps. Écoute, j’ai bien pensé à mon affaire cette semaine et je crois que partir une fromagerie à Saint-Bernard serait trop risqué. Je suis pas sûr pantoute qu’on finirait par rentrer dans notre argent un jour.
    Le visage de Hubert pâlit lorsqu’il entendit cette mauvaise nouvelle et sa bouche se dessécha.
    — J’espère que t’es pas trop déçu, poursuivit le père d’Angélique.
    Hubert déglutit et finit par dire d’une voix sourde :
    — Est-ce que vous allez m’en vouloir, monsieur Dionne, si j’essaie quand même d’en ouvrir une ?
    — Je sais pas si tu te rends compte, mon garçon, qu’il va te falloir pas mal plus d’argent que tes cent cinquante piastres pour acheter la terre de Bélanger et t’équiper, dit le commerçant sur un ton condescendant. Mais si tu veux essayer, t’es ben libre de le faire. Je t’en voudrai pas.
    Sur ces mots, Télesphore Dionne retourna dans la cuisine tenir compagnie à sa femme.
    — Qu’est-ce que tu vas faire ? demanda Angélique à son amoureux.
    — Je vais essayer de me débrouiller sans l’aide de ton père, répondit-il, soulagé malgré tout de savoir enfin sur quel pied danser avec son projet.
     
     

Chapitre 19
Les affaires
    En ce dernier dimanche de l’avent, le curé Fleurant annonça à ses paroissiens qu’ils avaient été tellement généreux lors de la guignolée que les marguilliers avaient pu distribuer suffisamment de vivres et de vêtements aux familles dans le besoin de la paroisse. Dans un même souffle, le pasteur les prévint que dorénavant le salut du Saint-Sacrement aurait lieu, comme il se devait, chaque dimanche soir et la chorale paroissiale allait embellir cette courte cérémonie de beaux chants comme le Tantum Ergo .
    Par ailleurs, son sermon dans les deux langues fut consacré aux joies familiales que réservait la période des fêtes et il incita fortement les gens de Saint-Bernard-Abbé à en profiter pour pardonner les petites offenses qui leur auraient été faites durant l’année. Lorsque le prêtre regagna l’autel pour poursuivre la célébration de la messe, beaucoup de gens se regardèrent. Habitués à entendre le curé Désilets parler des flammes de l’enfer et des dangers de la danse et des abus d’alcool durant cette période de l’année, ils ne s’attendaient guère à ce changement de ton.
    — Il est bien à mon goût, notre nouveau curé, murmura Bernadette à sa mère.
    — Moi, je le trouve pas assez sévère, chuchota Marie.
    — Voyons, m’man ! Vous aimez ça vous faire parler de l’enfer à tout bout de champ ?
    — Ça fait réfléchir, se contenta de répondre sa mère.
    Après la messe, Hubert alla saluer Angélique et ses parents avant de rejoindre sa famille rassemblée près de la sleigh des Beauchemin. Quand il vit Constant Aubé, il l’attira à l’écart un instant pour lui demander s’il pouvait passer le voir après le dîner, ce que le meunier accepta.
    Au début de l’après-midi, Constant vit le vieux berlot des Beauchemin s’arrêter près de sa maison et il invita le jeune frère de Bernadette à entrer.
    — Puis, as-tu fini par savoir ce que Télesphore Dionne a décidé de faire ? lui demanda-t-il en l’invitant à suspendre son manteau à un crochet. Je suppose qu’il a arrêté de branler dans le manche…
    — Oui, reconnut Hubert, et sa réponse, c’est non. Même juste cent cinquante piastres, il trouve que c’est encore trop et il pense plus qu’une fromagerie à Saint-Bernard-Abbé serait payante, ajouta-t-il en cachant mal sa déception.
    — Bon, à cette heure, tu sais exactement à quoi t’en tenir, conclut le meunier en lui désignant l’une des chaises berçantes de la cuisine.
    — Batince ! Je suis pas plus avancé. En tout cas, je voulais te remercier pour ton offre de me prêter de l’argent, mais ça a tout l’air que j’en aurai pas besoin pantoute, ajouta-t-il,

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