Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
l’entraîner dans la pièce voisine.
    — Hubert nous a raconté que tu étais prêt à lui prêter plus que trois cents piastres sans lui demander une cenne d’intérêts, lui dit-elle.
    Il se contenta de hocher la tête.
    — Mais c’est une vraie fortune ! s’exclama-t-elle à mi-voix. T’as bien de l’argent pour être capable de faire ça !
    — Pas tant que ça, fit le meunier sur un ton raisonnable. Oublie pas que depuis deux ans, j’arrête pas d’hériter. J’ai hérité de mon grand-père, puis de mon père et de mon frère. J’aime autant te dire que j’aimerais mieux qu’ils soient encore tous vivants.
    — En tout cas, on te trouve bien charitable, conclut-elle avec un sourire qui trahissait une fierté certaine à la pensée que cet homme riche et généreux était maintenant son amoureux.

    Le lendemain en début de soirée, Hubert fit monter Constant dans la sleigh et tous les deux prirent la direction de la ferme de Tancrède Bélanger. Émérentienne devait guetter leur arrivée parce qu’elle leur ouvrit immédiatement la porte.
    — On arrête en passant pour connaître votre réponse, dit Aubé au vieil homme qui venait de quitter difficilement sa chaise berçante, apparemment souffrant d’une attaque de rhumatismes. On doit retourner chez Camirand et Bessette.
    Les deux visiteurs n’allèrent pas plus loin que la catalogne posée devant la porte et ne firent pas mine d’enlever leur manteau et leurs bottes.
    — Vous étiez pas supposés y aller hier ? demanda Tancrède, méfiant.
    — C’est ce qu’on voulait faire, mais l’un comme l’autre étaient partis chez de la parenté, mentit Constant avec aplomb. Puis, avez-vous eu le temps de penser à votre affaire ? ajouta-t-il.
    — Je pense qu’on pourrait s’entendre.
    — Vous seriez prêt à nous laisser votre bien pour trois cent dix piastres ?
    — Non, mais tu pourrais l’avoir pour trois cent trente-cinq. C’est un gros sacrifice que je fais là.
    — Peut-être, monsieur Bélanger, mais on n’a pas autant d’argent.
    — Vous pourriez au moins faire un bout de chemin, fit Tancrède d’une voix geignarde. Là, on dirait que vous voulez profiter d’un pauvre vieux malade.
    — Écoutez, monsieur Bélanger, déclara Constant. Laissez-moi dire deux mots à Hubert et je vais vous montrer que je peux être pas mal raisonnable, moi aussi.
    Là-dessus, Constant sortit de la maison en boitillant, entraînant derrière lui le frère de Bernadette.
    — Qu’est-ce que tu dirais si on lui offrait trois cent vingt pourvu qu’il nous laisse la table, les bancs, les chaises berçantes et le poêle ? De toute façon, chez son garçon, il aura jamais besoin de tout ça.
    — Tu penses qu’il va accepter ?
    — Ça me surprendrait pas. Il a déjà commencé à reculer, répondit-il.
    Les deux jeunes hommes demeurèrent un bon moment sur la galerie de la petite maison blanche pour donner l’impression au vendeur qu’ils avaient du mal à se mettre d’accord. Quand ils frappèrent à la porte, ce fut le maître des lieux qui vint leur ouvrir.
    — Bon, monsieur Bélanger, v’là notre dernière proposition. On peut pas aller plus haut que trois cent vingt piastres et ça pourvu que vous laissiez dans la maison les chaises berçantes, la table, les bancs et le poêle.
    — Whow ! Tu y vas pas avec le dos de la cuillère, le jeune, répliqua sèchement le gros homme. Toutes ces affaires-là m’ont coûté du bel argent.
    — Là, on vient de racler nos fonds de tiroir, reprit Constant, imperturbable. On peut pas faire mieux. Si vous êtes d’accord, on passe chez le notaire Letendre de Sainte-Monique entre Noël et le jour de l’An pour faire le contrat, ajouta-t-il sur un ton définitif. Je vous paie en bel argent comptant et tout est dit.
    — Il faut que j’y pense, fit Tancrède Bélanger d’un air roublard.
    — Vous trouvez pas qu’on a assez tourné autour du pot, monsieur Bélanger ? demanda le meunier. À mon idée, c’est à soir que ça se décide. Je vous mets pas le couteau sous la gorge, mais on est prêts à aller chez Camirand et chez Bessette en sortant de chez vous à soir.
    Durant toute la discussion, Émérentienne Bélanger avait gardé le silence, comme Hubert. Tancrède jeta un coup d’œil vers sa femme qui lui fit signe d’accepter, ce qui ne l’empêcha pas de tenter une dernière démarche dilatoire.
    — C’est ben beau tout ça, mais il y a personne ici

Weitere Kostenlose Bücher