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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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un peu et entreprit d’aider son mari à sortir de là.
    Liam, le visage livide, eut besoin de son aide pour se remettre sur pied. Il le fit en jurant comme un charretier.
    — La Christ de calvaire de vache ! Elle m’a donné un coup de pied sur le bras au moment où je lui lavais le pis. L’enfant de chienne, elle a fait exprès ! ajouta-t-il en serrant son bras de son autre main. En plus, je pense que je me suis fait mal à l’épaule en tombant, calvaire ! Attends que je revienne, ma maudite, je vais te tuer, conclut-il, en proie à une colère noire.
    Camille ne dit rien. Elle entraîna son mari à l’extérieur. Dès qu’ils se retrouvèrent à la clarté du jour, la jeune femme vit tout de suite que Liam avait le bras droit fracturé. Un os pointait sous la peau.
    — T’as le bras cassé, annonça-t-elle à son mari. Il va falloir aller à Saint-Zéphirin chez le docteur Samson.
    — C’est pas vrai, sacrement ! s’insurgea-t-il.
    — Ann, va dire à Patrick d’atteler pendant que je m’occupe de ton père, et dis-lui de mettre une toile dans la voiture. Viens-t’en à la maison, je vais essayer de bander ton bras, sinon tu vas souffrir pendant le voyage, expliqua-t-elle à Liam. Tu changeras pas de chemise, ça va te faire trop mal, décida-t-elle en lui ouvrant la porte de la maison.
    Avec d’infinies précautions, elle parvint à lui bander le bras et à le déposer dans une sorte d’attelle confectionnée avec une grande serviette. Cela ne se fit pas sans que son mari, au bord de la perte de conscience, ne l’abreuve d’insultes parce qu’elle le faisait souffrir involontairement.
    — Christ ! On dirait que mon autre épaule me fait aussi mal que mon bras, se plaignit-il quand Camille, imperturbable, lui tendit un cruchon de bagosse.
    — Bois ça, lui ordonna-t-elle. Tu vas avoir moins mal pendant le voyage.
    Patrick avança le boghei jusqu’à la galerie.
    — Veux-tu que j’aille conduire p’pa à Saint-Zéphirin ? offrit-il à Camille de sa voix qui avait commencé à muer.
    — Non, tu vas finir le train avec Ann et Duncan, décida Camille. Après, ta sœur va vous faire à souper. Là, tu vas m’aider à faire monter ton père dans le boghei, il peut pas se servir de ses bras. Quand l’oncle de ton père rentrera, ajouta-t-elle en s’adressant à Ann, tu lui expliqueras ce qui est arrivé.
    Quand Liam fut installé tant bien que mal sur le siège de la voiture, Camille s’empara des rênes et incita son cheval à se mettre en marche. L’attelage sortit de la cour de la ferme et prit la direction de Saint-Zéphirin situé à une dizaine de milles de Saint-Bernard.
    Au moindre cahot, Liam jurait comme un damné, en proie à une souffrance insupportable.
    — Fais donc attention, calvaire ! s’écria-t-il en plusieurs occasions. On dirait que tu fais exprès de passer dans tous les maudits trous qu’il y a sur le chemin, juste pour que ça me fasse encore plus mal.
    Camille, stoïque, ne répondait rien et poursuivait son chemin sans pousser le cheval à aller plus rapidement.
    Finalement, le couple arriva à Saint-Zéphirin au moment où les cloches de l’église paroissiale sonnaient pour annoncer l’Angélus du soir.
    — Si on est le moindrement chanceux, on devrait trouver le docteur Samson à la maison à cette heure-là, dit Camille pour encourager le blessé dont le front était couvert de sueur et qui semblait souffrir mille morts.
    En fait, la chance était avec les Connolly puisque leur voiture arriva chez le docteur Eugène Samson au moment même où ce dernier descendait de son boghei.
    — Bon, qu’est-ce qui vous arrive encore ? demanda le praticien à l’air fatigué. Moi qui pensais pouvoir souper tranquille…
    L’homme âgé d’une quarantaine d’années était un médecin fort apprécié dans la région malgré sa sévérité bien connue. Il avait la réputation d’être aussi généreux que dévoué.
    — Un accident, docteur, lui répondit Camille.
    — On va d’abord aider ce pauvre homme à descendre de son perchoir, dit le médecin en joignant l’acte à la parole et on va aller voir ce qu’on peut faire pour le soulager.
    Liam se retrouva debout près du boghei et il fit des efforts méritoires pour retrouver un peu de dignité. Il suivit Camille et le docteur Samson à l’intérieur de la maison de ce dernier. Le praticien les fit passer immédiatement dans son bureau.
    — Qu’est-ce qui vous est arrivé ?

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