Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
l’automne suivant à la petite école située en face du magasin général.
    — Vous oubliez qu’Angélique fait la classe surtout aux Irlandais et les gens du rang Saint-Jean seront pas de bonne humeur si on oblige leurs enfants à marcher jusqu’au rang Saint-Paul pour aller à l’école, avait-il répondu.
    Évariste Bourgeois, l’autre commissaire, l’avait approuvé. Il ne pouvait être question de déplacer une vingtaine d’enfants pour faire plaisir à la jeune institutrice… et la chose avait été entendue, même si elle avait dû déplaire souverainement aux Dionne qui cachèrent mal leur dépit.
    À la fin de la première semaine du mois de mai, le curé Fleurant intercepta Bernadette au moment où elle quittait la chapelle après avoir participé à la récitation traditionnelle du chapelet qui avait réuni dans les lieux une bonne centaine de paroissiens.
    — Mademoiselle Beauchemin, si vous avez une chance, pourriez-vous prévenir votre frère Hubert et Célina Chapdelaine que j’aimerais les rencontrer demain avant-midi ?
    Bernadette lui promit de leur transmettre le message le soir même. Quelques minutes plus tard, elle demanda à Constant d’arrêter son boghei chez Emma, certaine d’y trouver son frère et son amoureuse.
    — Je sais pas quel scandale vous avez fait tous les deux, les aborda-t-elle au moment où ils quittaient la balançoire avec Flore et Joseph pour venir au-devant d’elle, mais monsieur le curé veut vous voir absolument demain matin, leur annonça-t-elle, sérieuse. Je vous dis qu’il avait pas l’air de bonne humeur.
    Constant ramena sa fiancée chez elle. Lorsqu’elle descendit de voiture, il ne put s’empêcher de lui demander pourquoi elle avait raconté que le prêtre avait l’air mécontent du comportement de Célina et de Hubert.
    — Ça leur fera pas de tort de se faire un peu de sang de cochon, lui répondit-elle, espiègle.
    Le lendemain avant-midi, Hubert et Célina, peu rassurés, allèrent frapper à la porte du presbytère en tenant Flore par la main. Bérengère Mousseau vint leur répondre.
    — Seigneur, vous êtes de bonne heure, vous autres, dit-elle aux jeunes gens en les faisant passer dans la salle d’attente. Monsieur le curé vient à peine de sortir de table.
    — C’est lui qui nous a demandé de passer, expliqua Hubert.
    Peu après, le gros prêtre les invita à pénétrer dans son bureau et à s’asseoir. Il sembla apprécier qu’ils aient songé à se faire accompagner par la fillette de cinq ans pour éviter les commérages.
    — Bon, j’ai enfin reçu la réponse de la supérieure de l’orphelinat, leur annonça-t-il sur un ton joyeux. Il paraît qu’elle a été retardée parce qu’elle a passé deux semaines à la maison mère.
    Célina et Hubert n’ouvrirent pas la bouche, impatients de connaître la décision de la religieuse.
    — Elle accepte que vous vous fréquentiez pour le bon motif. Comme Célina aura déjà vingt et un ans l’automne prochain, elle me laisse juge de la situation.
    Le visage réjoui des deux jeunes gens apprit au curé de Saint-Bernard-Abbé qu’aucune nouvelle n’aurait pu leur faire plus plaisir. Il se leva et les raccompagna à la porte.
    — Est-ce que je me trompe, mais il me semble que je vous vois pas trop souvent à la récitation du chapelet depuis le début du mois ?
    Les joues de Célina rosirent et elle balbutia :
    — C’est pas par manque de piété, monsieur le curé. Je reste chez les Lafond pour les aider et ils ont trois enfants. Il faut que je m’en occupe. Mais soyez certain que je récite mon chapelet chaque soir.
    — Je n’en doute pas, la rassura le prêtre sur un ton bon enfant en ouvrant la porte.
    À leur sortie du presbytère, l’air ne parut jamais aussi pur et aussi agréable à respirer aux deux jeunes gens.

    Deux jours plus tard, Agénor Moreau reçut pour mission de son curé d’aller prévenir les membres du conseil de fabrique qu’il aimerait les rencontrer le soir même, au presbytère.
    — Qu’est-ce qui lui prend ? demanda Donat, mécontent d’avoir à s’endimancher après une longue journée de labourage. C’est ben la première fois qu’il convoque lui-même une réunion.
    Un peu avant huit heures, il retrouva Hormidas Meilleur, Thomas Hyland et Samuel Ellis à la porte du presbytère. Personne ne semblait connaître la raison de la convocation.
    — Dites donc, fit Hormidas Meilleur, il manque juste notre

Weitere Kostenlose Bücher