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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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notaire.
    — Le père Moreau m’a dit qu’il était passé l’avertir à matin, déclara Hyland, mais il paraît qu’il était pas à la maison. Son voisin a dit qu’il l’avait pas vu depuis une semaine.
    — Je suppose que, même s’il est pas là, la réunion va se faire quand même, intervint Ellis.
    Après une courte attente, ils virent le prêtre sortir de la chapelle, son bréviaire à la main, et se diriger vers eux.
    — Entrez, messieurs, les invita-t-il. Je vous retiendrai pas longtemps.
    Félix Fleurant leur laissa à peine le temps de s’asseoir dans la petite salle de réunion avant de reprendre la parole.
    — J’aurais pu attendre que monsieur le notaire convoque la réunion habituelle, mais je vous aurais privés de toute une nouvelle, annonça-t-il aux marguilliers tout en remarquant l’absence d’Eudore Valiquette.
    Les marguilliers s’adressèrent des regards interrogateurs, incapables de deviner de quoi parlait leur curé.
    — J’ai reçu une lettre de monseigneur, hier, poursuivit-il. Imaginez-vous qu’il a décidé de faire un beau cadeau à Saint-Bernard.
    — Un cadeau ? répéta Samuel Ellis avec l’air de ne pas y croire.
    — Tenez-vous bien, reprit le prêtre avec enthousiasme. Monseigneur a décidé de nous faire don de la cloche que monsieur le curé Désilets avait achetée sans la permission du conseil. Si j’ai bien compris, la fonderie Louis Dupuis l’a offerte à monseigneur qui a trouvé que ce serait une bonne idée de nous la donner.
    — Sans que ça nous coûte rien ? demanda Donat Beauchemin, incrédule.
    — Si je me fie à la lettre que le secrétaire de monseigneur m’a envoyée, on n’aura même pas à payer l’installation, précisa Félix Fleurant. La cloche devrait arriver samedi et Dupuis nous l’envoie avec une équipe d’hommes qui vont l’installer dans le clocher la journée même.
    —  Shitt  ! J’ai de la misère à croire que dimanche matin on va entendre les cloches annoncer les messes pour la première fois depuis que Saint-Bernard existe, déclara Samuel Ellis, ravi.
    — Et ça, sans avoir à payer une cenne, conclut Thomas Hyland, toujours chargé des finances paroissiales.
    — On devrait le dire à tout le monde de Saint-Bernard, fit Hormidas en déplaçant son chapeau melon verdi sur la table. Je suis sûr qu’ils vont être intéressés à venir voir installer cette cloche-là.
    — Pourquoi pas, répliqua le curé de la paroisse. Mais, d’après moi, le plus important est que chaque marguillier signe la lettre de remerciements que je veux envoyer à monseigneur. Elle est déjà écrite. Je vais la chercher dans mon bureau.
    Quelques instants plus tard, tous les marguilliers présents avaient signé avec application la missive. Le curé, Hormidas et Hyland avaient écrit leur nom alors que Samuel et Donat s’étaient contentés d’apposer un « X » au bas de la feuille. Félix Fleurant compléta le document de sa belle écriture ronde en inscrivant le nom des deux analphabètes sous leur « X » pour valider le tout.
    Évidemment, la nouvelle du don fit rapidement le tour de la paroisse et près d’une cinquantaine de curieux se massèrent sur le parvis de l’église le jour où arriva la fameuse cloche qui avait entraîné le départ du curé Désilets.
    La demi-douzaine d’employés de la fonderie Dupuis venus à Saint-Bernard-Abbé se mit à l’œuvre dès son arrivée devant la chapelle et, à la fin de l’après-midi, la cloche pesant près de quatre cents livres était en place dans le petit clocher de la chapelle. À la plus grande joie du curé Fleurant, Agénor Moreau put sonner l’Angélus pour la première fois depuis la fondation de la paroisse. Le son cristallin de la nouvelle cloche se répercuta fièrement sur la campagne environnante, appelant les paroissiens à cesser tout travail pour rendre grâce à la Vierge. La plupart s’agenouillèrent et tournèrent la tête vers le village.
    Les derniers paroissiens demeurés sur les lieux pour regarder les travailleurs à l’œuvre se dispersèrent et rentrèrent chez eux. Ensuite, à la suggestion du prêtre, Bérengère Mousseau, qui avait préparé un véritable repas de fête pour les ouvriers, les invita à entrer dans le presbytère pour se restaurer.
    En entendant la cloche sonner pour la première fois, Bernadette, émue, ne put s’empêcher de dire à Eugénie :
    — C’est m’man qui aurait été fière d’entendre

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