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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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prétexte dans la journée pour venir parler quelques minutes à la jeune fille qu’il convoitait.
    Ce soir-là, le fromager ne s’attarda pas dans la cuisine à parler avec Rémi et Emma. Il désirait discuter de choses beaucoup plus importantes avec Célina.
    Dès qu’ils eurent pris place sur le canapé, l’ancien frère de Saint-Joseph aborda le sujet auquel il n’avait pas cessé de songer depuis plusieurs jours.
    — Célina, comment t’aimes ça ici dedans ? demanda-t-il à la jeune fille alors qu’elle venait d’entendre Rémi ou sa femme déplacer sa chaise berçante de manière à surveiller ses fréquentations.
    — J’ai pas à me plaindre, répondit-elle à mi-voix. Les enfants sont fins et je m’entends pas mal bien avec ta sœur.
    — As-tu le goût de retourner à Sorel, à l’orphelinat ?
    — Non, pourquoi tu me demandes ça ?
    La jeune fille ne faisait rien pour l’aider et ne semblait pas deviner où il voulait en venir.
    — Ben, on se connaît déjà depuis trois mois, dit-il, apparemment mal à l’aise.
    Elle hocha la tête.
    — J’ai une maison et une fromagerie qui marche ben.
    — C’est vrai, reconnut-elle.
    — On se fréquente depuis un bon bout de temps.
    — Depuis la mort de ta mère, laissa-t-elle tomber. Ça fait juste un mois.
    — Bon, ce que je veux te dire, c’est que j’aimerais que tu deviennes ma femme.
    — Tu trouves pas que c’est un peu vite ? s’étonna-t-elle avec un grand sourire.
    — Je le sais ben, mais je veux pas attendre que la supérieure de l’orphelinat t’envoie chercher un beau matin pour te placer ailleurs.
    — Ça me surprendrait, je vais avoir vingt et un ans au mois d’octobre, répliqua Célina.
    — Mais c’est pas certain qu’elle le fasse pas.
    — T’as raison, reconnut-elle.
    — Est-ce que t’accepterais d’être ma femme si je te le demandais ? Est-ce que tu m’aimes un peu ? fit-il, la voix tremblante, sans lui donner la chance de répondre à sa première question.
    Elle hésita un long moment sans rien dire pendant qu’il la regardait avec inquiétude.
    — Oui, je t’aime et ça me ferait pas peur de devenir ta femme, avoua-t-elle en rougissant légèrement, mais…
    Hubert ne la laissa pas finir sa phrase. Il l’embrassa fougueusement sur une joue et elle le repoussa doucement en lui montrant l’entrée du salon où Rémi était à demi endormi dans sa chaise berçante.
    — Je le sais que c’est pas mal vite, dit-il en retrouvant son calme, mais je pourrais aller en discuter avec monsieur le curé cette semaine pour lui demander conseil.
    — C’est une bonne idée, reconnut-elle avec un charmant sourire.
    — Il pourrait écrire à la supérieure de l’orphelinat et nous dire quand ce serait convenable de nous marier.
    — C’est certain. Ta pauvre mère est même pas encore enterrée et, en plus, ta sœur Bernadette est supposée se marier à la fin du mois de juin.
    — Moi, j’avais en tête qu’on se marie l’automne prochain, poursuivit-il, ce qui me donnerait le temps de finir de meubler la maison.
    — Ce serait parfait, accepta-t-elle. En attendant que monsieur le curé nous donne son avis, on ferait mieux de pas en parler. Qu’est-ce que t’en penses ?
    Hubert acquiesça et, dès le lendemain soir, il se présenta au presbytère pour connaître l’opinion du pasteur de Saint-Bernard-Abbé sur ses projets matrimoniaux. Le prêtre l’écouta attentivement, mais il ne lui cacha pas qu’il trouvait le tout un peu précipité.
    — Pour toutes sortes de raisons, je ne suis pas pour les longues fréquentations, lui déclara Félix Fleurant, mais là, je trouve ça un peu court. En si peu de temps, vous pouvez pas vous connaître assez ben pour songer à fonder une famille.
    — Je veux bien le croire, monsieur le curé, mais le mariage serait juste pour l’automne prochain.
    — Je comprends tout ça, mais on placera pas la charrue devant les bœufs. Je vais d’abord écrire à la supérieure de l’orphelinat pour qu’elle accepte de laisser ta Célina chez ta sœur jusqu’à l’automne. Si elle accepte, il sera toujours temps de penser à votre mariage.
    — Vous avez l’air de penser qu’elle pourrait refuser, s’alarma le jeune homme.
    — Si elle croit que la vertu de la jeune fille est le moindrement en danger, elle n’hésitera pas une seconde à l’envoyer chercher. De toute façon, ça te sert à rien de t’inquiéter, tu vas avoir la

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