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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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demanda le visiteur.
    — Non, elle est couchée, lui répondit sa sœur.
    — Est-ce qu’elle est malade ? s’inquiéta-t-il.
    — Non, mais elle en arrache, se contenta de lui répondre sa mère.
    Il n’était vraiment pas coutume de parler avec les hommes des problèmes des femmes portant un enfant. En fait, depuis quatre jours, Eugénie, le teint blafard, avait dû s’aliter, même si elle en était encore à un bon mois de son terme.
    — Et toi, qu’est-ce que t’as à traîner dans notre rang en pleine semaine ? lui demanda Bernadette, moqueuse.
    — Je suis allé porter mon blé chez Aubé. Emma vient de me dire que Rémi va faire la même chose demain. Qu’est-ce qui retarde Donat ?
    — Rien, répondit Marie. Ton frère a perdu une demi-journée pour aller faire ferrer notre cheval chez Bourgeois. Il devrait être capable d’aller faire moudre, lui aussi, dans une journée ou deux. De toute façon, je pense pas que Constant Aubé manque de besogne ces temps-ci, ajouta-t-elle.
    — C’est pas l’impression qu’il donne, m’man. Il m’a dit qu’il a commencé à faire des bottines en cuir.
    — Des bottines ? fit Bernadette, tout de suite intéressée.
    — Oui, il m’a dit tout à l’heure qu’il vient d’en finir une paire pour la belle Laurence Comtois. Il paraît que c’est la dernière mode. Pour moi, la fille de Comtois est en train de le gagner, notre meunier, ajouta-t-il en surveillant la réaction de sa sœur du coin de l’œil.
    — Pourquoi pas ? laissa tomber Marie. J’ai toujours dit que ce garçon-là allait faire un bon mari. Il est travaillant, débrouillard et il a surtout le cœur sur la main.
    Le visage de Bernadette avait légèrement blêmi et elle dut faire un effort pour ne rien dire.
    — En tout cas, j’ai décidé de faire une surprise à ma femme, ajouta-t-il, incapable de garder pour lui le secret plus longtemps. J’ai demandé à Aubé de lui faire une paire de bottines.
    — Tu trouves pas que c’est du gaspillage si ses souliers sont encore bons ? fit sa mère.
    — Non, m’man. Ma femme s’échine du matin au soir pour prendre soin de moi et de Constance, elle mérite de recevoir un petit cadeau de temps en temps.
    — C’est toi qui le sais, laissa tomber sa mère, la voix un peu acide.
    — Bon, je pense que j’ai assez joué à la commère pour aujourd’hui, reprit Xavier en embrassant sa mère et sa sœur sur une joue avant de remonter dans son boghei. Je vais juste aller voir comment Camille et Liam se débrouillent avant de rentrer.
    Dès qu’il eut quitté la ferme, Bernadette ne put s’empêcher de faire remarquer à sa mère :
    — On dira ce qu’on voudra, mais mon frère a l’air de bien l’aimer, sa Catherine.
    — Oui, et il a une sœur qui aurait dû s’ouvrir les yeux quand c’était le temps, répliqua Marie d’une voix légèrement acerbe. Elle se serait peut-être rendu compte que son amoureux l’aimait pas mal, lui aussi.
    Bernadette ne dit rien. Les deux femmes se remirent au travail. La jeune institutrice avait évidemment compris que sa mère faisait allusion au fait qu’elle aurait dû y réfléchir à deux fois avant de renvoyer Constant Aubé le printemps précédent. Le meunier lui avait prouvé à de multiples occasions durant l’année de leurs fréquentations qu’il tenait à elle plus qu’à tout.
    — Maudite tête folle ! murmura-t-elle à son endroit.
    Pour la première fois, elle reconnaissait ouvertement qu’elle avait posé un geste irréfléchi et elle s’en voulut. De nouveau, elle se mit à chercher un moyen de ramener à elle celui qui fréquentait maintenant Laurence Comtois.
    Xavier Beauchemin poursuivit son chemin vers le village, sans oublier de s’arrêter chez les Connolly pour saluer sa sœur et son beau-frère.
    Il trouva l’oncle de Liam confortablement installé sur la galerie, en train de lire son journal qu’Hormidas Meilleur venait de lui laisser. Le retraité lui apprit que toute la famille était dans le champ en train de finir de faucher le blé. Xavier traversa la cour, contourna les bâtiments et aperçut Liam et sa famille au loin. Sans hésiter, il se dirigea vers eux.
    Dès que le jeune homme arriva sur les lieux, Liam cessa de faucher pour se porter à sa rencontre. Camille qui fauchait à ses côtés s’arrêta elle aussi et fit signe à ses enfants de faire une pause.
    — Je suis juste passé pour voir comment tu te débrouilles avec ton

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